Le fils de l'imprimeur.
Clément Rosset, dans l'un de ses livres, rapporte cette anecdote à propos du fils de l'imprimeur: C'est l'histoire d'un imprimeur qui décède. Son fils hérite de tout, de l'atelier, des machines. Sur le bureau de son père, il découvre une enveloppe sur laquelle est écrit : "Ne pas ouvrir." Il décide de respecter la volonté du défunt et conserve l'enveloppe, en se demandant ce qu'il y a dedans. Les années passent, le fils vieillit, il est lui-même proche de la mort et n'y résiste plus, il l'ouvre. Dedans, il trouve un paquet d'étiquettes sur lesquelles est imprimé : "Ne pas ouvrir."
(Entretien entre Marie Darieussecq et Charles Pépin)
Après avoir délaissé quelques années Simorgh, me voici de nouveau, avec un texte du mois chargé de sens. Quoi de mieux qu'une fable pour dire, dire bien, avec subtilité, tant de choses?
Le chien à qui on a coupé les oreilles.
Qu’ai-je fait pour me voir ainsi
Mutilé par mon propre maître ?
Le bel état où me voici !
Devant les autres Chiens oserai-je paraître ?
Ô rois des animaux, ou plutôt leurs tyrans,
Qui vous ferait choses pareilles ?
Ainsi criait Mouflar jeune Dogue ; et les gens
Peu touchez de ses cris douloureux & perçants,
Venaient de lui couper sans pitié les oreilles.
Mouflar y croyait perdre : il vit avec le temps
Qu’il y gagnait beaucoup ; car étant de nature
À piller ses pareils, mainte mésaventure
L’aurait fait retourner chez lui
Avec cette partie en cent lieux altérée ;
Chien hargneux a toujours l’oreille déchirée.
Le moins qu’on peut laisser de prise aux dents d’autrui
C’est le mieux. Quand on n’a qu’un endroit à défendre,
On le munit de peur d’esclandre :
Témoin maître Mouflar armé d’un gorgerin ;
Du reste ayant d’oreille autant que sur ma main,
Un Loup n’eût su par où le prendre.
(LA FONTAINE, Fables, livre X, 8)
Où jouer du violon ?
Le 12 janvier 2007, Joshua Bell, à l'initiative du journal The Washington Post, est allé jouer dans les couloirs du métro à Washington. Deux jours avant, à Boston, il avait joué à guichet fermé dans un théâtre où le prix des places avoisinait les 100 dollars. Ce jour-là, dans l'indifférence quasi générale, le concertiste a récupéré au bout de trois quarts d'heure la somme de 32 dollars, et encore, parce qu'un spectateur fortuit l'avait reconnu et glissé 20 dollars dans la sébile du violoniste. Sinon, Joshua Bell aurait joué pour la somme de 12 dollars.
L'excellence est-elle invisible quand nous n'y sommes pas préparés ?
(Extrait de l'article "Violon" du Dictionnaire amoureux de l'inutile, François et Valentin Morel) 2020)