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Cicéron

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LE VERBE

le verbe et ses assistants

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accord des adjectifs et des déterminants numéraux

accord des participes passés.

LA PHRASE

mémento grammatical

mémoire musicale

Oscar Wilde

Cicéron

Cicéron.

dernière modification: 26 août 2012.

 

 

 Sommaire:

  1. Sa vie
    1. De la naissance au consulat.
    2. Du consulat jusqu'à l'exil/ La conjuration de Catilina et ses conséquences.
    3. De l'exil à la mort.
    4. Conclusion.
  2. Son oeuvre.
    1. Correspondance.
    2. Oeuvres oratoires.
    3. Traités de rhétorique.
    4. Traités philosophiques.
  3. Textes à connaître.
    1. le châtiment du parricide.
    2. Cicéron découvre le tombeau d'Archimède.
    3. Vols de Verrès: les coupes de Pamphile.
    4. Supplices imposés par Verrès.
    5. Première Catilinaire.
    6. Lettre d'exil à sa femme.
    7. mort de Tullia.
    8. Quatrième Philippique.
    9. l'éloquence.
    10. L'amitié.

 

 sources

 

1.Sa vie.

 

Aperçu en quelques dates...

  • né en 106 dans une famille de rang équestre d'Arpinum.
  • il étudie la philosophie (dont font partie les sciences) , voyage en Grèce où il découvre l'école rhodienne qui, sans renoncer à l'éclat ni à l'abondance, donne à la parole une tenue plus classique.
  • -70 : il s'attaque à Verrès, préteur corrompu de Sicile.
  • -63: consul, il écrase la conjuration de Catilina.
  • -58: exilé sous le triumvirat de Pompée-Crassus-César pour avoir fait exécuter sans jugement les complices de Catilina.
  • -57: il est rappelé à Rome.
  • -45: il perd sa fille très chère, Tullia.
  • -44: assassinat de César. Cicéron attaque Antoine qui vise à la succession du dictateur et favorise sans clairvoyance le jeune Octave: quand ces deux ambitieux s'unissent avec Lépide, Cicéron est proscrit. Rejoint dans sa fuite, il se laisse égorger avec courage (7 décembre -43)

 

DE LA NAISSANCE AU CONSULAT (-106; -63)

De son vrai nom Marcus Tullius (Cicéron est un surnom dû à une petite verrue sur le visage qui ressemblait à un pois chiche, “cicero” en latin), il naît en 106 à Arpinum, dans le Latium, d'une famille équestre. Quatre ans après lui, naissait son frère Quintus. L'époque est troublée et Rome connaît des difficultés aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. La guerre sociale voit les villes de l'Italie centrale et méridionale tenter de faire sécession contre Rome, et celle-ci ne vient à bout de la guerre qu'en accordant massivement le droit de cité aux Italiques. À l'intérieur, le parti conservateur, appuyé par l'aristocratie sénatoriale, et le peuple sont en conflit permanent. Bientôt les différentes crises favorisent la domination des généraux appuyés sur leurs armées : Marius et Sylla se heurtent dans une cruelle guere civile. Après la mort de Marius (82) Sylla est nommé dictateur.

Cicéron vit donc depuis son enfance au milieu des troubles et de la guerre civile et c'est dans cette atmosphère qu'il fait des études très larges (philosophie, sciences, droit, rhétorique); il complète sa formation en écoutant au forum les grands orateurs du moment, Antoine et Crassus, puis en se rendant en Grèce auprès du rhéteur Molon. En Grèce, il fait la connaissance de celui qui deviendra son grand ami, Titus Pomponius Atticus (Cicéron, ad Atticum)

Le jeune avocat ne manque pas de courage : en 80 dans le Pro Roscio Amerino, il attaque une créature de Sylla (Cicéron, Pro Roscio Amerino). Assez vite il acquiert, comme avocat, renom et clientèle. Il accède donc facilement à la traditionnelle carrière des honneurs (cursus honorum): questeur en 76 (charge qu'il exerce à Lilybée, en Sicile, où il découvre le tombeau d'Archimède (Cicéron, Tusculanes)), il est édile en 7O, et préteur en 67.

En 70 il attaque et accable, dans les quatre discours qui constituent les Verrines, le gouverneur de Sicile, Verrès, qui opprimait et pillait sa province (cet homme avait un nom prédestiné : en latin le verbe verrere signifie “balayer”!) (Cicéron, Divinatio in Q. Caecilium). Cicéron avait mené une enquête très approfondie en Sicile et récolté d'innombrables témoignages contre Verrès; on dit même qu'il avait payé le voyage à Rome à plusieurs Siciliens afin de leur permettre de venir témoigner. En attaquant Verrès (défendu par le grand orateur Hortensius) Cicéron prenait violemment parti contre la noblesse qui soutenait Verrès; en effet, Sylla et le parti aristocratique avait rendu le pouvoir judiciaire, jadis aux mains des chevaliers, aux sénateurs. Or les tribunaux contrôlaient, à leur sortie de charge, les magistrats qui administraient l'Etat et les provinces. Ces discours constituent un éloquent tableau de la condition des colonisés (Cicéron, de suppliciis): Cicéron y passe en revue tous les moyens employés par les magistrats sénatoriaux non seulement pour s'enrichir (Cicéron, de signis) mais pour détourner le pouvoir légal à leur profit (Cicéron, de signis).Cicéron pose donc l'éternel problème de la nécessité, pour un homme politique,de s'astreindre aux mêmes règles de morale et d'honnêteté que l'homme privé.(Cicéron, ad Quintum)

À Rome, les troubles continuent et le parti populaire (populares), entraîné par des extrêmistes, comme Catilina, semble vouloir remettre en cause la constitution traditionnelle. De plus, à l'extérieur, une guerre avec le roi du Pont, Mithridate, s'éternise. Cicéron soutient d'abord, avec les chevaliers, la candidature, au commandement de l'armée d'Asie, de Pompée, général sage et dont les sentiments républicains sont sûrs. Puis il essaye d'enrayer le mouvement social qui se dessine en tentant de réaliser l'union entre les chevaliers et les sénateurs. C'est sur ce programme qu'il est élu consul en 63. Un des concurrents malheureux s'appelle Lucius Sergius Catilina....(Quintus Cicéron, Commentariolum petitionis)

 

 

DU CONSULAT JUSQU'A L'EXIL ( -63; -58)

La conjuration de Catilina et ses conséquences:

Catilina, évincé lors des élections pour le consulat de l'année 63, rêve de s'emparer du pouvoir par la violence.(Cicéron, Pro Murena) Ce noble avait toutes les séductions (Salluste, Conjuration de Catilina) et entraînait derrière lui tous les jeunes gens ruinés, comme lui, par leurs folles dépenses, tous ceux qui, perdus de vices et de crimes, n'avaient plus rien à perdre et tout à gagner à une révolution violente.(Salluste, Conjuration de Catilina) Il recrute même une armée en Étrurie (Cicéron, Première Catilinaire), où il excite avec frénésie ses partisans . (Salluste, Conjuration de Catilina) Mais le consul Cicéron est tenu au courant de toutes ces menées : lui aussi, il a ses espions ! (Cicéron, Première Catilinaire)Toute l'année 63 est très agitée et Cicéron n'a pas, malgré les révélations qu'on lui fait, les moyens de faire arrêter Catilina. Cependant ces menées l'inquiètent sur sa propre personne et il ne sort plus que revêtu d'une cuirasse bien visible sous sa toge.( Plutarque, Vie de Cicéron) Cicéron obtient enfin du Sénat les pleins pouvoirs et, dans les deux derniers mois de son consulat (novembre-décembre 63) il frappe un grand coup; il “bluffe” même (puisqu'il ne possède encore aucune preuve tangible) et il lance la première de ses Catilinaires (quatre au total) au Sénat, intimide Catilina,( Cicéron, Première Catilinaire) présent à la séance, qui part rejoindre son armée en Étrurie, avouant ainsi sa culpabilité.( Salluste, Conjuration de Catilina) Un deuxième discours (au peuple) ameute l'opinion publique.( Cicéron, Deuxième Catilinaire) Les conjurés tentent alors de s'aboucher avec des députés des Allobroges présents à Rome. Ceux-ci informent Cicéron qui, grâce à eux, tient désormais en mains un document (lettre signée) accablant.( Salluste, Conjuration de Catilina)

Cicéron fait arrêter immédiatement les conjurés présents à Rome, réunit le Sénat qui approuve l'arrestation et récompense les dénonciateurs du complot, et informe le peuple (3ème catilinaire). Le 5 décembre, il obtient du Sénat, au cours d'une séance dramatique (4ème catilinaire), la condamnation à mort des conjurés.( Salluste, Conjuration de Catilina) Le soir même ceux-ci sont exécutés dans le Tullianum, un des cachots de la prison Mamertine (près du Capitole). (Salluste, Conjuration de Catilina)A la lumière des torches, les chevaliers en armes entourent le consul en l'acclamant et lui font cortège. (Plutarque, Vie de Cicéron) Le mois suivant (5 janvier 62) l'armée gouvernementale triomphe de l'armée de Catilina - que beaucoup de ses partisans ont d'ailleurs abandonné - à Pistoia (en Étrurie) où Catilina lui-même trouve la mort.

Cicéron avait ainsi sauvé l'Etat et la République; le titre de Pater patriae (père de la patrie) lui fut décerné et le souvenir de ce succès sur la conjuration de Catilina fut pour Cicéron un motif de gloire personnelle qu'il rappelait volontiers.

Quatre ans plus tard, néanmoins, en 58, sous la pression du parti populaire, entraîné par Clodius, Cicéron, abandonné par le parti conservateur et le triumvirat formé par Pompée, César et Crassus, fut exilé (pendant un an) pour avoir fait exécuter sans jugement les complices de Catilina.

 

 

DE L'EXIL A LA MORT  (-58; -43)

Cicéron s'était aliéné les démocrates, notamment le tribun Clodius, en écrasant la conjuration de Catilina. De plus, par un excès de vanité imprudent (il écrit sur son consulat des Mémoires et projette un long poème sur le même sujet ! (Cicéron, ad Atticum)) il perd le soutien de Pompée, vainqueur de Mithridate, allié désormais, dans le premier triumvirat, à César et à Crassus. Sous la pression de Clodius, Cicéron est exilé en Thessalie (en 58) pour avoir fait exécuter sans jugement les complices de Catilina, et sa maison à Rome est détruite.( Cicéron, ad Familiares) L'année suivante, le tribun Milon le fait rappeler; son retour est triomphal, (Cicéron, ad Atticum) sa maison reconstruite aux frais de l'Etat, mais son autorité politique est très affaiblie. Dans sa semi-retraite, il prononce un certain nombre de plaidoyers, dont un des plus célèbres est le Pro Milone (en 52; Milon était accusé du meurtre de Clodius) et compose un grand ouvrage de réflexion sur la formation de l'orateur et l'art oratoire (le De oratore, en 55 (Cicéron, ad Familiares)) ainsi que des ouvrages politiques : le de Republica (en 54) et le de Legibus (en 52). En 51, il est envoyé comme proconsul en Cilicie (Cicéron, ad Atticum) (en Asie Mineure). À son retour (janvier 49), il retrouve Rome en proie à la guerre civile entre César et Pompée. Cicéron traverse alors une période de doute et d'irrésolution (Cicéron, ad Atticum) ; il soutient Pompée et le parti gouvernemental contre César qui s'est mis dans l'illégalité en franchissant le Rubicon, mais sa lucidité discerne trop bien les défauts et les faiblesses de Pompée et de son armée (Cicéron, ad Atticum). Il suit néanmoins Pompée, qui a quitté le sol italien, mais refuse de participer à la bataille de Pharsale (le 9 août 48) qui voit la défaite de Pompée (Cicéron, ad Familiares). Cicéron revient en Italie où César lui pardonne et lui permet de rentrer à Rome, mais, cette fois, il ne joue plus aucun rôle politique et se consacre entièrement à son oeuvre littéraire : ouvrages de rhétorique ( le Brutus et l'Orator), nombreuses oeuvres philosophiques, notamment les Tusculanes, sous forme de dialogue à la manière de Platon et qui tirent leur nom de la propriété de Cicéron à Tusculum, où se déroulent les entretiens. Sa vie personnelle est troublée : il divorce de son épouse Terentia (en 46) et a la douleur de perdre sa fille Tullia (en 45) (Cicéron, ad Familiares).

La mort de César (en mars 44) le remplit de joie : Cicéron croit pouvoir jouer à nouveau un rôle dans la république retrouvée. Mais Antoine revendique la succession de César et impose sa loi. Cicéron prononce alors contre Antoine quatorze Philippiques (Cicéron, ad Familiares) (qui tirent leur nom des discours du même nom prononcés par le grand orateur grec Démosthène contre Philippe de Macédoine), extrêmement violentes, en soutenant activement contre lui le jeune Octave (le futur empereur Auguste) (Cicéron, ad Brutum). Mais bientôt celui-ci fait alliance avec Antoine et Lépide pour constituer le deuxième triumvirat et l'une des conditions de cette alliance est l'élimination de Cicéron. Celui-ci est proscrit; rejoint dans sa propriété de Formies par les soldats d'Antoine, il se laisse égorger avec courage, le 7 décembre 43 (Plutarque, Vie de CicéronTite-Live, Histoire romaine) ; quelques jours plus tard, son frère Quintus et son fils furent également massacrés. Antoine fit exposer à la tribune aux harangues (les Rostres) la tête de l'orateur ainsi que ses mains, qui avaient écrit les Philippiques.

 

CONCLUSION

 

Cicéron fut sans doute un très grand avocat et ses plaidoyers sont, pour la plupart, des modèles du genre. Toutefois, ce n'est peut-être pas son éloquence d'avocat qui nous touche le plus aujourd'hui; nous préférons plutôt découvrir un homme qui n'a cessé de réfléchir pour comprendre les événements qu'il vivait. Comme homme politique, s'il a effectivement sauvé l'État romain en écrasant la conjuration de Catilina, il a surtout désespérément tenté de sauver les valeurs républicaines et la liberté en pratiquant la “concordia” entre les différentes classes de citoyens et en s'opposant à la dictature de César ou d'Antoine. Il s'est interrogé sur la meilleure forme de gouvernement mais aussi sur la formation du citoyen, formation intellectuelle aussi bien que morale. Il s'est interrogé enfin sur la philosophie individuelle et c'est à travers sa pensée humaniste que Cicéron est venu jusqu'à nous. Érasme, au début du XVIème siècle, a pu affirmer : “ Il n'est pas vraiment cicéronien celui qui ne parle pas de manière appropriée, qui ne comprend pas à fond ce dont il parle, qui ne ressent pas dans son âme ce que concernent ses paroles.”

 

2.Son oeuvre.

  • Correspondance.

Sont conservés:

      • 16 livres de lettres à Atticus, son ami intime, auquel il ne cache rien et écrit avec une vivacité splontanée et pleine de grâce, comme il causerait.
      • 16 livres "à ses amis et parents" (ad familiares) qui contiennent un assez grand nombre de réponses de ses correspondants.
      • 3 livres à son frère Quintus, qu'il conseille avec toute l'autorité d'un aîné.
      • 26 lettres à Brutus, dont l'authenticité a été contestée.
  • Oeuvres oratoires.

Grand avocat, il se charge quand il y a plusieurs défenseurs des généralités pathétiques qui doivent arracher aux juges l'acquittement. Il s'agit de procès criminels touchant d'ordinaire à la vie politique

  • soit par le thème d'accusation: concussion (Verrines, -70), haute trahison (Pro Sulla, -62), manoeuvres électorales (Pro Murena, -63)
  • soit par les intentions des accusateurs ou des tenants du prévenu, à propos duquel s'affrontaient les partis (Pro Sestio, -56; Pro Milone, -52)

Les discours proprement politiques forment quatre groupes principaux:

  1. En faveur de Pompée (De imperio Cn.Pompei, -66)
  2. Discours "consulaires", contre la loi agraire de Rullus et contre Catilina (quatre discours au sénat et au peuple) rédigés seulement en -60.
  3. Discours du "retour d'exil" pour remercier le peuple, le Sénat, et rentrer en possession de ses biens.
  4. Les 14 Philippiques [ ainsi appelées en souvenir des discours énergiques que Démosthène prononça de -351 à -341 contre les entreprises du roi Philippe de Macédoine], discours réels ou fictifs, mais rédigés en façon de pamphlets (du 2 septembre -44 au 21 avril -43), pour être répandus dans toute l'Italie et soulever les esprits contre l'indignité morale et les projets sans scrupules d'Antoine.
  • Traités de rhétorique.

En -55, très diminué déjà comme homme politique, mais voulant conserver sa grandeur littéraire, il publie un De Oratore en 3 livres, où, faisant dialoguer (en -91) Antoine et Crassus avec deux jeunes gens, Cotta et Sulpicius, il expose de son point de vue quelle doit être la formation de l'orateur, fondée sur des dons naturels et des connaissances étendues (philosophie, histoire, jurisprudence). Réduit au silence par la dictature de César et en réaction aux promotteurs de l'éloquence néo-attique, Cicéron écrit notamment le Brutus.

  • Traités philosophiques.
  • De Republica (-54): 6 livres (le songe de Scipion)
  • De Legibus (-52): 3 livres conservés. Cicéron définit le gouvernement idéal comme un tempérament entre la monarchie, l'aristocratie et la démocratie, retrouvé dans la Rome du 2ème siècle, pose la justice à la base de la vie sociale, appelle tous les bons esprits au service de l'Etat, en leur promettant une immortalité métaphysique dans les cieux.
  • De Finibus bonorum et malorum (-45) : 5 livres: après avoir fait exposer la théorie du souverain bien par un épicurien, un stoïcien et un académicien, il propose une solution moyenne.
  • Tusculunae Disputationes (-45): 5 livres: établit l'immortalité de l'âme et fonde le bonheur sur la vertu.
  • De Officiis (-44, -43): d'inspiration stoïcienne, montre les conflits entre l'utile et l'honnête, sacrifie l'intérêt personnel à la loi naturelle de la société.
  • De Deorum natura (-45, -44) : oeuvre de comparaison et de critique réciproque des systèmes.

 

Cicéron crée une prose philosophique latine encore imparfaite mais qui a au moins le mérite d'exister.

 

3.Textes à connaître.

 

 

 

 

  • Cicéron découvre le tombeau d'Archimède:

    Quand j'étais questeur, j'ai découvert son tombeau (=celui d'Archimède) que les Syracusains ignoraient; ils affirmaient même qu'il n'existait point. Je l'ai découvert entouré et recouvert entièrement de ronces et de buissons. Je connaissais quelques petits vers dont j'avais appris qu'ils étaient inscrits sur sa tombe. Ceux-ci faisaient connaître qu'en haut du monument il y avait une sphère avec un cylindre. Or, en parcourant des yeux toutes les tombes, qui sont très nombreuses à la sortie d'Agrigente, j'aperçus une petite colonne qui émergeait à peine des buissons, sur laquelle se trouvaient les figures d'une sphère et d'un cylindre. Aussitôt je dis aux notables syracusains qui se trouvaient à mes côtés qu'à mon avis c'était là précisément la tombe que je cherchais. Plusieurs hommes, venus avec des faux, débroussaillèrent l'endroit. Une fois le lieu dégagé, nous nous approchâmes du soubassement qui nous faisait face. L'épigramme apparut avec la fin des vers rongée presqu'à moitié. C'est ainsi que la plus illustre cité de la Grande Grèce, jadis même la plus savante, aurait ignoré le tombeau de son concitoyen le plus intelligent si un homme d'Arpinum ne le leur avait pas révélé.

    Cicéron,Tusculanes, V, XXIII, 64 (traduction E. Girard)

 

 

 

 

  • vols de Verrès: les coupes de Pamphile: [Au terme d'un premier procès, Verrès comprit que sa cause était perdue; il préféra s'exiler à Marseille. Cicéron publia l'ensemble de son réquisitoire en cinq discours fictifs ou "livres", qui constituent la seconde action contre Verrès]

    Verrès, par abus de pouvoir, lui avait enlevé une aiguière d'un remarquable travail, d'une grande valeur [...] qu'il tenait de son père et de ses ancêtres. “J'étais assis tout abattu chez moi”, me dit-il; “accourt un esclave du temple de Vénus; il m'ordonne d'apporter sur-le-champ au prèteur des coupes ornées de figures en relief. [...] J'arrive; le prèteur reposait; les frères de Cibyre (des rabatteurs de Verrès)se promenaient en faction. À peine m'eurent-ils aperçu : “Où sont ces coupes, Pamphile ?” s'écrient-ils. Tout abattu, je les leur montre; ils les prisent. Je commence à me plaindre, disant qu'il ne me restera aucun objet de quelque valeur si on va jusqu'à m'enlever les coupes. Alors ceux-ci, me voyant bouleversé : “Que veux-tu nous donner pour qu'on ne te les prenne pas ?” Pour faire court, c'est mille sesterces (=environ 15.000 francs) qu'ils me demandèrent.”

    Cicéron, de signis, XIV, 32

 

  • supplices imposés par Verrès: “On tailladait à coups de verges un citoyen romain, juges, en plein forum de Messine et, pendant ce temps, dans la souffrance et sous le claquement des coups, le malheureux ne poussait ni gémissement ni autre cri que ces mots : “ Je suis citoyen romain”. En rappelant sa qualité de citoyen, il croyait fermement qu'il écarterait tous les coups et détournerait Verrès de le crucifier. Non seulement il ne réussit pas à écarter par ses prières la violence des verges mais, comme il implorait plus souvent le nom de la cité, c'est la croix, oui, dis-je, la croix qu'on préparait à ce misérable infortuné qui n'avait jamais vu un tel fléau. O nom bien-aimé de la liberté, ô droit précieux entre tous de notre cité ! (...) Mais pourquoi parler davantage de Gavius ? (...) Ce n'est pas à cet homme que tu as marqué de la haine mais à la cause commune de la liberté.”                                                           Cicéron, de suppliciis, LXII, 162, 169.

 

 

  • Première Catilinaire (Quousque tandem..): [prononcé au sénat le 8 novembre -63, en présence de Catilina, alors même que sa conjuration est découverte cf aussi Coin Caratini I César  I, 27]

    “Jusques à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? Combien de temps encore ta fureur esquivera-t-elle nos coups ? Jusqu'où s'emportera ton audace sans frein? [...] Tes projets sont percés à jour : ne le sens-tu pas ? Ta conspiration, connue de tous, est déjà maîtrisée : ne le vois-tu pas ? Ce que tu as fait la nuit dernière et aussi la nuit précédente, où tu as été, qui tu as convoqué, ce que tu as résolu, crois-tu qu'un seul d'entre nous l'ignore ? O temps, ô moeurs ! Tout cela, le Sénat le sait, le consul le voit; et cet homme vit encore ! Il vit ? ah ! que dis-je ? Il vient au Sénat, il participe à la délibération publique, il marque et désigne de l'oeil ceux d'entre nous qu'on assassinera.”

    Cicéron, Première Catilinaire, I, 1-2

 

 

  • lettre d'exil à sa femme:

    Il n'est pas une heure de ma vie qui ne soit misérable; et puis, quand je vous écris ou que je lis vos lettres, j'entre dans des crises de larmes à n'y plus pouvoir tenir. Ah ! que n'ai-je moins aimé la vie ! Je n'aurais rien connu de ses maux ou peu de chose.[...] Ah ! Je veux te voir, ma chère âme, le plus tôt possible et achever de mourir dans tes bras.[...] Je pars de Brindes le 29 avril. [...] Ah ! Quel désastre ! Quelle douleur ! Puis-je à présent te demander de me rejoindre, pauvre femme malade, à bout de forces et de courage ? Ne pas te le demander ? Rester privé de ta présence ? [...] Une chose est certaine, sache-le bien : c'est que si je t'ai auprès de moi, je ne me croirai pas tout à fait perdu. Mais qu'adviendra-t-il de ma chère petite Tullia ? [...] Et mon cher Cicéron, que fera-t-il ?

    Cicéron, ad Familiares, XIV, 4, 1-3 passim

 

 

  • mort de Tullia: [la fille de Cicéron meurt à 33 ans (-45). Accablé de douleur, son père se réfugie d'abord dans la maison d'Atticus à Rome puis il va chercher la solitude et le silence dans une propriété qu'il possède à Astura, au bord de la mer, à 60 km de Rome. De là il écrit à Atticus tous les jours, et parfois plusieurs fois par jour.]

    Quant à moi, dépourvu de toutes les distinctions que tu me rappelles toi-même et que j'avais obtenues au prix de tant de peines, il me restait cette unique consolation et elle m'a été ravie. [...] J'estimais - et c'était vrai - que j'avais gaspillé tous les fruits de mon activité et de ma réussite. Mais [...] j'avais un endroit où me réfugier, où trouver le repos, quelqu'un auprès de qui me décharger, dans la douceur d'un entretien, de tous mes soucis, de tous mes chagrins. Mais maintenant, cette blessure si profonde a rouvert même les anciennes blessures qui semblaient guéries.[...] Aussi ne suis-je ni chez moi, ni au Forum, car mon foyer ne peut me consoler de la douleur que j'éprouve devant le sort de l'État, ni celui-ci me consoler de mon deuil personnel.

    Cicéron, ad Familiares, IV, 6, 2

 

 

 

 

 

  • quatrième Philippique: [ Engagé dans une lutte politique décisive contre Antoine, Cicéron prononce, à partir du 2 septembre -44, une série de discours qu'il proposa d'appeler Philippiques, par référence aux discours de Démosthène contre Philippe de Macédoine. La quatrième Philippique fut tenue devant une assemblée populaire le soir du 20 décembre -44. L'orateur fait état des avis du sénat qui, en félicitant les ennemis d'Antoine, l'a jugé ennemi public. Puis il présente Antoine comme un monstre qu'il faut abattre.]

 

Il ne vous reste plus, Romains, qu'à persévérer dans les sentiments que vous montrez aujourd'hui.

 Je ferai donc ce que, leur armée rangée en bataille, font ordinairement les généraux : quoiqu'ils voient leurs soldats très disposés à bien combattre, ils ne croient pas moins devoir les exhorter. Moi aussi, quelque ardents, quelque animés que vous soyez à recouvrer votre liberté, je veux vous exhorter. Non, Romains, vous n'avez pas à combattre un ennemi avec lequel des conditions de paix soient possibles. Ce n'est déjà plus, comme auparavant, votre asservissement qu'il désire; mais, dans sa fureur, c'est de votre sang, qu'il a soif. Aucun passe-temps pour lui ne semble plus doux que le sang, que le carnage, que de repaître ses yeux du massacre des citoyens. Vous n'avez pas affaire, Romains, à un homme méchant et, scélérat, mais à un monstre farouche et cruel. Puisqu'il est tombé dans le piége, il faut l'accabler : car, s'il en sort, il n'est aucun supplice que sa cruauté voudra se refuser; mais nous le tenons, nous le pressons, nous le serrons avec les troupes que déjà nous avons, et bientôt avec celles que, dans peu de jours, les nouveaux consuls vont mettre sur pied. Continuez, Romains, à signaler pour votre cause l'ardeur que vous avez déjà montrée. Jamais plus grand n'a été votre accord dans aucune occasion ; jamais si fortement vous n'avez été unis avec le sénat. Faut-il s'en étonner? Il ne s'agit pas de savoir à quelle condition nous vivrons, mais si nous vivrons, ou si nous devons périr dans les supplices et dans l'opprobre.

(Quatrième Philippique, §11-12)

 

  • L'éloquence: [l'éloquence est le plus difficile de tous les arts car elle suppose des connaissances et des aptitudes quasi universelles. Extrait du préambule]

L'éloquence exige en effet que l'on embrasse une foule de connaissances, sans quoi il ne reste plus qu'un vain et ridicule verbiage. Il faut, pour donner sa forme au discours, , choisir soigneusement les mots et en étudier l'arrangement; il faut connaître toutes les passions que la nature a mises dans le coeur de l'homme, puisque tout le but du discours consiste à émouvoir ou à calmer les esprits des auditeurs. Il faut joindre ensuite à ces qualités la grâce, l'enjouement, la culture,  digne d'un homme libre, mais aussi la rapidité et la concision dans la réplique ou dans l'attaque, ainsi que le sens de l'élégance et de l'urbanité (...) Pour ce qui est de l'action, ai-je besoin d'en parler longuement? Elle comprend le mouvement du corps, le geste, l'expression du visage, les inflexions variées de la voix (...) Que dirai-je de la mémoire, ce trésor de toutes les connaissances? si elle ne conserve pas fidèlement les inventions de la pensée et les paroles qui les expriment, nous comprenons bien que toutes les autres facultés de l'orateur , si éclatantes soient-elles, sont perdues. Cessons donc de nous étonner qu'il y ait si peu d'hommes éloquents, puisque l'éloquence se compose d'une réunion de qualités dont chacune exige les plus pénibles efforts. Exhortons plutôt nos enfants, et ceux dont la gloire et les succès nous sont chers, à bien se pénétrer de la grandeur de cet art; engageons-les à ne pas se contenter de préceptes, de maîtres ou d'exercices banals, mais à se persuader qu'il leur faut d'autres moyens pour atteindre le but auquel ils aspirent.

De oratore, I, 16-19, traduction Hubert ZEHNACKER.

 

 

  • L'amitié: [Septembre-octobre -44. Laelius définit la nature de l'amitié: elle est conforme à la nature de l'homme, elle découle de la vertu, elle conduit au bonheur.]

Telle est en effet ma conviction : nous autres hommes sommes faits pour vivre en société mais le lien social est d'autant plus étroit que nous sommes plus rapprochés les uns des autres. C'est ainsi que les concitoyens passent avant les étrangers, les proches avant ceux qui ne sont pas de notre famille : entre ceux de notre famille et nous-mêmes la nature a établi des liens d'affinité mais qui ne sont pas toujours solides. C'est en quoi l'amitié l'emporte sur la parenté: il peut arriver qu'entre parents la bienveillance mutuelle vienne à manquer, entre amis c'est impossible. Sans cette bienveillance, en effet, il n'y a plus rien qu'on puisse appeler amitié, tandis que la parenté subsiste. On peut se faire une idée de ce que vaut l'amitié en la comparant à la société, voulue par la nature, qui ne connaît pas de limites puisqu'elle s'étend au genre humain : cette société se réduit, dans l'amitié, dans des proportions telles et à des bornes si étroites qu'une tendre affection ne peut jamais lier entre elles que deux personnes ou un très petit nombre.

De Amicitia, V, 19, traduction Charles Appuhn.

 

Sources:

  • Littérature latine, Jean BAYET, 1947.
  • Littérature latine, Hubert ZEHNACKER, Jean-Claude FREDOUILLE, 1993, 2001.
  • Anthologie de la littérature latine, Hubert ZEHNACKER, Jean-Claude FREDOUILLE, 1998.
  • Guide de poche des auteurs grecs et latins, Pierre-Emmanuel DAUZAT (pour les auteurs latins), 1998.
  • http://www.antiquite.ac-versailles.fr/cicero  (pour la biographie, et certains choix de textes)