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Page créée en 2017.

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MAJ 28  octobre 2020

 

 

 

  •  L'énigme de la chambre 622, Joël DICKER, 2020.

Magistrale rhapsodie baroque à partir de rien. Un écrivain s'étonne d'une numérotation des chambres dans l'hôtel où il séjourne. L'enquête plonge le lecteur dans une histoire captivante et déroutante. Bien souvent les hypothèses que nous formulons sont balayées et des éléments nouveaux nous conduisent à de nouvelles impasses. D'impasses en impasses, nous finissons par comprendre quelque chose à cette rhapsodie baroque : les temporalités ne se succèdent pas chronologiquement mais se superposent subtilement pour donner à comprendre comme pour nous égarer, sans qu'on soit jamais complètement perdu car la narration prend soin de toujours remémorer les éléments essentiels. Bien des masques tombent, le théâtre n'est jamais très loin, l'amour et l'affection sont au cœur des relations entre les personnages. Si au début, je me disais "les ficelles sont grosses mais c'est captivant", les 2e, 3e et 4e parties sont remarquables d'ingéniosité, d'artifice et de construction. Un bon gros bouquin de près de 600 pages, qu'on oubliera sans doute, mais qui sait tenir en haleine au moins le temps de sa lecture.

 

  • On s'en lave les mains : tout connaître des nouvelles règles de l'hygiène, Dr Frédéric Saldmann, 2007. 

Lire se livre peut rendre parano s'il n'est lu avec un certain recul. Il est néanmoins intéressant de voir que publié en 2007, il était assez clairvoyant sur les risques de pandémie. Je ne retiendrai de ce livre que 12 commandements: 

  1. se laver les mains, y compris les espaces interdigitaux et à proximité des ongles.
  2. sécher bien ses mains: papier à usage unique ou distributeur textile unique.
  3. éviter de serrer des mains.
  4. se laver les mains avant de se curer les dents.
  5. laver les draps et oreillers tous les 15 jours à 60°.
  6. Laver le réfrigérateur tous les 15 jours à l'eau javélisée ou vinaigrée.
  7. laver les éponges après usage et les remplacer régulièrement.
  8. nettoyer la poubelle chaque semaine à l'eau de Javel.
  9. Ouvrir les fenêtres régulièrement.
  10. Mettre des gants  quand on jardine.
  11. Fermer le couvercle des toilettes avant de tirer la chasse d'eau.
  12. Changer de brosse à dents tous les mois.

 

  • L'Art de perdre, Alice Zeniter, 2017.

 

Un très bon roman, que j'ai découvert en consultant la bibliothèque idéale d'une lectrice des Temps modernes, librairie d'Orléans dont je suis client.

Trois parties, un roman captivant, une histoire familiale et une question: comment faire parler le silence, mais sans se tromper ? Trois parties, trois époques : l'Algérie de Papa, une famille unie, la guerre fratricide, l'indépendance, l'exil. La France froide, celle du camp de transit pour les harkis, puis l'usine et le logement français. Paris est une fête : Naïma confrontée au mutisme de son père, fantasme l'Algérie autant qu'elle la redoute. Pour le travail, elle va accepter un voyage en Algérie, du côté de Tizi Ouzou, jusque dans le village familial. Rencontres, morceaux d'Algérie, écriture d'un récit, réalisation d'un rêve. Pour chacune des trois parties, Alice Zeniter trouve les mots. Non seulement le roman se dévore ou se butine tant il est captivant et bien écrit, mais en plus, elle explore les silences: ceux de l'Histoire, ceux des secrets de famille, ceux d'un couple. Elle met des mots sur des silences qui cherchent à taire des maux et c'est très beau. J'ai été particulièrement touché par la relation entre Clarisse et Hamid, Clarisse qui voudrait tant connaître le passé de celui qu'elle aime et qui s'y refuse. 

La deuxième partie m'a fait découvrir une partie de l'Histoire que je méconnais. La troisième, après un moment un peu plus faible, trouve, me semble-t-il, la justesse d'un retour au pays fantasmé, dans sa complexité. Le titre fait référence à un poème d'Elizabeth Bishop cité dans les 20 dernières pages du roman. Un livre à lire, un livre à offrir. 

 

"Ali regarde son fils à qui la langue ancestrale se refuse, devant qui elle se dérobe, son fils qui parle la langue des anciens oppresseurs au moment où il prétend comprendre les opprimés mieux que lui. Cela le ferait peut-être sourire s'il n'était pas aussi directement remis en cause -pourquoi est-ce que son orgueil a encore la taille de l'Algérie ? se demande-t-il en sentant la colère lui empourprer le visage."

"Le silence n'est pas un espace neutre, c'est un écran sur lequel chacun est libre de projeter ses fantasmes. Parce qu'il se tait, il existe désormais en une multitude de versions qui ne correspondent pas entre elles et surtout qui ne correspondent pas à la sienne mais qui font leur chemin dans les pensées des autres."

 

"Je ne peux pas vivre avec toi si tu vis tout seul."

 

  • Un toit, Bernard Utz, 2020.

Joseph construit une cabane. Il a perdu Célestine, sa femme, et décide de se plonger dans la lecture de livres qu'elle avait cornés en repérant des passages qui la touchaient. Lui n'a plus d'emploi depuis qu'il a démissionné. Il découvre le plaisir de lire et va entretenir un dialogue avec plusieurs personnages qu'il va rencontrer dans les livres: lui-même enfant mais également Célestine qu'il retrouve et à qui il va pouvoir raconter qu'elle est morte et qu'elle lui manque. Si le début m'a semblé très bien écrit et captivant, l'idée intéressante, il y a un je ne sais quoi qui fait que j'ai fini ce bref roman pour le finir plus que par intérêt. Dommage.

  • L'Arche part à 8 heures, Ulrich HU, 2007,2008.

Trois pingouins sur la banquise. Arrive un papillon et s'ensuit une discussion sur Dieu et l'un des dix commandements. Arrive une colombe grassouillette qui vient annoncer le Déluge et donner deux places pour l'Arche de Noé. Les deux pingouins vont mettre le plus petit dans la valise et embarquer. C'est drôle, c'est frais, ça fait réfléchir aussi un peu. 

 

  • Antigone, Henry Bauchau, 1997.

Antigone sous la forme d'un roman? Ambivalence de l'attraction. Ambivalence de mon opinion à la lecture: parfois trop bavard, j'ai eu du mal à accrocher, au début notamment. Un intérêt du livre néanmoins est de nourrir les interstices du mythe, de donner de l'épaisseur aux relations entre frères, entre sœurs, entre frères et sœurs. Où l'on retrouve d'ailleurs l'ambivalence des sentiments. Quelques très belles pages, notamment dans le dernier tiers du roman.

  • Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Bernard Werber, 2018.

Une encyclopédie ne se résume pas. Ce texte fragmentaire et varié n'a pas la prétention de faire le tour des connaissances. Il se butine néanmoins comme un bon livre et donne matière à apprendre comme à méditer sur des sujets très variés.

J'en ai apprécié bien des articles parmi les 544 qu'elle compte. Je n'en citerai que quelques-uns à titre d'exemples qui sont autant d'invitations à la lecture :

  • 142 857
  • hiérarchies chez les rats.
  • Je ne sais pas ce qui est bon et ce qui est mauvais.
  • le cerveau de gauche et les délires du droit.
  • sexualité des punaises de lit.
  • pouvoir de la pensée.
  • Les trois passoires.
  • Conseil
  • Stratégie de manipulation.
  • l'instant où il faut planter
  • diverses recettes dont celles du soufflé au fromage, du gâteau au chocolat, de l'île flottante.
  • sexualité des baudroies.
  • histoire de porcs.
  • influence des autres : l'expérience du professeur Asch.
  • Stratégie d'Alynski.
  • Entre nous.
  • charade de Victor Hugo.
  • l'inverse.
  • égalité.
  • être ensemble.
  • feuille de papier.
  • shiatsu.

 

  • Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar, 1951.

Beau texte, limpide et émouvant, notamment Saeculum Aureum, qui évoque l'amour entre Hadrien et sa jeune idôle, Antinoüs. "Une intimité s'ébaucha." "Je l'ai vu s'inquiéter d'avoir bientôt 19 ans." Force de l'autrice que le lecteur arrive à oublier, de la fiction qui semble réalité, de l'histoire qui semble l'Histoire.

Douleur d'Hadrien à la mort du "jeune lévrier" Antinoüs. 

"Autour de moi, je sentais qu'on commençait à s'offusquer d'une douleur si longue: la violence en scandalisait d'ailleurs plus que la cause. Si je m'étais laissé aller aux mêmes plaintes à la mort d'un frère ou d'un fils, on m'eût également reproché de pleurer comme une femme. La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière abandonné, où gisent sans honneurs des morts qu'ils ont cessé de chérir. Toute douleur prolongée insulte à leur oubli."

 

 

  • Pensées à moi-même, Marc-Aurèle.

Plongée dans un texte antique fait de fragments quasi intemporels, parfaitement actuels, écrits dans une langue limpide.

 

  • Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon, Jean-Paul Dubois, 2019.

Un livre qui m'a été conseillé, dont le titre me rebutait dont je n'ai pas aimé la première moitié (130 pages quand même): c'est seulement à partir du passage qui précède la phrase éponyme prononcée par le père du narrateur, pasteur qui a fait faillite après avoir perdu la foi et cédé à la tentation des paris hippiques que j'ai commencé à en aimer la lecture. Le codétenu du narrateur est peut-être le seul personnage un peu original et intéressant. La vie de la copropriété où exerçait le narrateur avant son incarcération est en partie bien rendue mais il me semble que l'auteur cède à quelques facilités (le personnage du président de syndic forcément sans cœur parce qu'il veille à contrôler les coûts). J'aurais aimé un peu plus de finesse et de complexité. Mais bon, il ne faut pas trop attendre d'un Goncourt.

 

  • Rhapsodie des oubliés, Sofia AOUINE, 2019.

Un livre qui donne à entendre une voix et une langue, celle d'Abad, garçon de 13 ans qui vit à Barbès et donne à voir son quartier de près. Le début est désopilant.  J'en ai aimé la vitalité et l'humour. 

  • Le Voleur d'ombres, Marc Levy, 2010.

C'est la première fois que je lis cet auteur à succès qui écrit depuis 20 ans environ. J'avais entendu une bonne critique de ce roman et j'ai été embarqué et ému par cette belle histoire.  Dès l'enfance, le protagoniste s'aperçoit qu'il peut dialoguer avec les ombres de celles et ceux qu'il côtoie, ennemis (Marquès) comme amis (Luc, Sophie) ou amour (Cléa), accéder ainsi à leur part de malheur, à leurs rêves tus. Plus tard, interne en médecine, le voleur d'ombres aura encore cette capacité à écouter et à percevoir ce qui échappe à d'autres. La fable se lit très bien, et il m'a semblé que cela tenait à la justesse des relations avec les autres personnages: le père parti, la mère qui vieillit et cache des secrets, le vieux copain boulanger qui rêve -ou non- de devenir lui aussi médecin. Cléa, la jeune sourde-muette rencontrée un été sur la plage, la fille au cerf-volant. De personnages en personnages, de Marquès à Luc, de la mère à Sophie, de Cléa à Cléa, l'histoire avance. Belle histoire, à hauteur d'homme.

 

  • Le porteur de cartable, Akli Tadjer, 2006.

Bien écrit, beau et émouvant, ce roman est une histoire d'amitié entre Omar le petit Parisien et Raphaël le petit Algérien : ils ont tous les deux l'Algérie en partage, l'un parce qu'il la fantasme quand elle sera bientôt indépendante (l'action se passe entre mars et juillet 1962), l'autre parce qu'il souhaiterait y retourner. Les deux enfants sont en CM2 et ne vont pas du tout s'apprécier au départ. Omar est le porteur de cartable: il travaille pour le FLN et en est fier jusqu'au désenchantement final (le chef local du FLN profite de l'emprisonnement du père d'Omar pour tenter d'approcher sa mère avant de revenir sur ses promesses et de "retirer sa confiance" à Omar, juste avant l'indépendance. Raphaël quant à lui dépérit : sa mère devient littéralement folle depuis qu'elle a dû quitter l'Algérie. Internée à la Santé, elle va être enlevée par son fils dans un bouleversant final: pour lui éviter un asile du Nord de la France, Raphaël demande de l'aide à Omar et ils projettent de la ramener en Algérie pour la sauver.  Le roman nous plonge avec humour dans une époque, à la fois dans la grande Histoire et les histoires fictives singulières. C'est cette singularité que j'ai trouvée très belle et cette histoire d'amitié très juste, très bien trouvée. Vraiment une bonne lecture.

 

  • Là où le soleil disparaît: autobiographie, Corneille, 2016.

Autobiographie que j'ai trouvée particulièrement humble et émouvante. Avant d'ouvrir le livre, je savais que Corneille avait perdu les siens lors du génocide de 1994 au Rwanda. Ces pages sont bouleversantes assurément mais il y a plus encore dans ce récit: il y a d'abord ces dialogues posthumes souvent très drôles entre Corneille et ses parents; il y a aussi cette tiédeur des émotions ressenties quand on pourrait imaginer un enthousiasme immense quand il connaît le succès musical fulgurant et éphémère. Il y a aussi cette force qu'il a de continuer d'aller de l'avant quand ce qu'il a vécu pourtant pourrait le freiner et l'en empêcher. Il y a aussi une humilité et une capacité à assumer des choix singuliers, personnels, parfois risqués. 

  • Piranhas, Roberto Saviano, 2018.

Plongée napolitaine au cœur d'une paranza, bande d'adolescents fascinés par les films sur la mafia et tout l'imaginaire associé, bande qui devient peu à peu criminelle. Passage de l'enfance à l'âge adulte, même si parfois au fond, ce sont des enfants qui meurent ou tombent. Un roman qui se lit bien, de bout en bout.

 

  • Autoportrait, Edouard Levé, 2013.

Original autoportrait fait d'une succession d'observations du quotidien et de soi-même qui donnent à voir le narrateur, sinon l'écrivain. Accumulation de phrases simples, avec parfois des effets de série thématique, un peu sur le principe des associations d'idées. De fait, le livre se butine car il résiste un peu (il ne raconte pas une histoire) mais donne beaucoup de plaisir tant par le choix de l'écriture que par la justesse des observations. Il me donne même l'envie d'écrire, à la manière d'Edouard Levé, ce que je vais faire un peu dans mon carnet d'écriture car cette écriture m'inspire.

Il y aurait beaucoup de phrases à citer (j'en ai d'ailleurs retenu une dans mes citations du mois), parfois simplement une expression. Je pense par exemple à : "...il voulait me prendre en otage avec son hospitalité..." (il est question d'un monsieur de 70 ans dont on apprend que c'est un ancien...SS). 

 

  • Un certain Paul Darrigand, Philippe Besson, 2019.

Un écrivain écrit-il toujours la même histoire d'une autre manière ? C'est l'impression que nous pouvons avoir régulièrement. C'est flagrant avec Philippe Besson. Et pourtant. Pourtant j'ai bien aimé Un certain Paul Darrigand, même intérêt, même émoi, même suspens! Histoire d'un je qui tombe amoureux et malade. Histoire d'amour inscrite dans l'histoire de la fin des années 1980, en arrière plan, forcément. Le narrateur est choisi par le désir d'un homme marié et beau, lui pourtant célibataire, mal bâti et homosexuel. Il subit cet amour clandestin qui l'excite autant qu'il lui fait mal. L'autre, un certain Paul Darrigand, semble avoir le beurre et l'argent du beurre, la femme et l'amant, quelques tourments et tiraillements liés à ces égarements, à ces incertitudes, à cette ambivalence. Paul Darrigand dira avoir été séduit par l'intelligence de Philippe, non par sa beauté. Le livre se lit bien, comme un livre rendu captivant par la péripétie, la maladie, que je redécouvre au fil des pages: taux de plaquettes considérablement bas. Diagnostics plutôt que pronostics. Cette question apparemment saugrenue de l'amie proche: est-ce que tu ne serais pas tombé malade pour le retenir? Réponse apparemment déroutante de l'amant qui laisse au malade la responsabilité de trancher le dilemme: partir à Paris ou rester à Bordeaux, partir tenter une chance inespérée, ou rester près de son amant clandestin? Réponse d'amour: vis ta vie, pars à Paris. Je veux le meilleur pour toi. Ce bel échange aura un écho cynique, des années après: je j'ai laissé le choix et tu ne m'as pas retenu près de toi! Cruauté du reproche. Infériorité en amour. Acceptation de tout. Supériorité en amour. Tout pouvoir se permettre, et se le permettre parfois. 

La force de l'histoire individuelle, évidemment plus forte que la grande Histoire mondiale et collective. Au moment où Philippe apprend sa maladie à Paul, au moment de cet échange essentiel: 

 

"On boit nos bières, on ne se parle plus. A la radio, un journaliste annonce que la Chine vient d'imposer la loi martiale au Tibet après trois jours d'émeutes. On s'en fout."

 

Récit d'une subjectivité, qui démarre avec une photo et la force du souvenir, s'achève avec un livre, une dédicace et deux subjectivités qui disent un même amour: 

-est-ce que tu m'en as voulu? 

-non.

-moi oui, je m'en suis voulu.

 

Ambivalence du titre:

un certain Paul Darrigand annonce l'infirmière au malade hospitalisé, gage d'une certaine banalité pour préserver la clandestinité.

Paul Darrigand a eu la certitude de la nécessité de cette rencontre d'abord seulement possible.

Incertain Paul Darrigand, toujours hésitant entre le moi social bien confortable et l'émoi sentimental nécessairement éphémère pour durer et se reproduire.

 

  • La vérité sort de la bouche du cheval, Meryem ALAOUI, 2018.

 

 

Récit captivant, langue crue de Jmiaa, prostituée de Casablanca. Grande liberté de parole. Un livre qui se lit bien.

 

  • L'enfant fou de l'arbre creux, Boualem Sansal, 2000.

L'action se passe dans le sud algérien, dans le bagne de Lambèse et met en scène deux personnages incarcérés et condamnés à mort : un Algérien, Farid, et un Français, Pierre. Le démarrage est remarquable, efficace et bien écrit. Le second a quitté sa Bourgogne pour une Algérie idéalisée; le  premier a participé aux atrocités commises par les islamistes ou par ceux qui les ont cyniquement utilisés. Si le démarrage est remarquable, la construction de la suite rend parfois ardue la lecture d'un roman qui vaut d'être lu jusqu'au bout néanmoins. 

 

  • Jours de crimes, Stéphane Durand-Souffland et Pascale Robert-Diard, 2018.

Récits savoureux d'une à 5 pages environ écrits par deux chroniqueurs judiciaires qui donnent à voir avec humour et émotion le quotidien des cours d'assises. Émouvant, parfois jubilatoire, instructif, ce livre donne aussi à réfléchir.

 

  • Cris écrits, Jean-Michel Ribes, 2018.

Série d'aphorismes plus ou moins réussis. Quelques trouvailles, qu'on retrouvera notamment dans la page des citations.

 

  • Ma grande, Claire Castillon, 2018.

Le narrateur a tué sa femme, véritable tyran qui avait pris le contrôle total de son mari depuis des années. C'est écrit un peu à la manière d'un journal intime qui retrace un calvaire quotidien et montre les mécanismes de l'acceptation de celui-ci. Un livre qui se lit bien, léger malgré la gravité de la fiction.

 

  • De purs hommes, Mohamed Mbougar Sarr, 2018.

Tout part d'une vidéo viral, au Sénégal. On y voit comment le cadavre d'un homme est déterré, puis traîné hors d'un cimetière par une foule. Dès qu'il la visionne, naît chez Ndéné Gueye, jeune professeur de lettres déçu par l'enseignement et fatigué de l'hypocrisie morale de sa société, un intérêt, voire une obsession, pour cet événement.  Commence alors une enquête sur cet homme dont le corps a été exhumé, sur ce goor-jigéen, cet "homme-femme", ce pédé dirait-on.

Religion, morale sociale, altérophobie qui cimente le groupe de ceux qui se croient identiques mais différents de ceux qu'ils rejettent.

Paradoxe de l'idole susceptible à chaque instant d'être l'objet à son tour de la haine d'une folle foule qui se déchaîne.

Quelques belles lignes sur la rumeur, sur la lucidité, sur la douleur et le deuil, notamment quand le protagoniste rencontre la mère d'Amadou.

"Un deuil est un labyrinthe; et au cœur de ce labyrinthe, est tapi le Monstre, le Minotaure: l'être perdu. Il nous sourit, il nous appelle: on veut l'étreindre. C'est impossible, sauf à mourir aussi. Seul un mort sait étreindre un mort; seule une ombre sait en embrasser une autre. Au cœur du labyrinthe, le Minotaure n'est qu'une ombre, un fantôme, mais un fantôme si beau, si réel, si souriant qu'il nous convainc presque de le rejoindre, nous promettant de mettre fin au chagrin qui nous mine si on le suit, si on se laisse mourir." (chapitre 13)

 

  • Amarres, Marina Skalova, 2017.

 

Petit texte poétique, "récit" de 70 pages, écriture singulière et histoire universelle. Un étranger accoste sur une île. Les habitants ne lui ressemblent pas et le rejettent. Étrangeté, hospitalité, méchanceté, injustice, incarcération, lapidation, pluie, maladie, poésie, différend lié à la différence. Petit bijou littéraire, une écriture simple, un récit bien mené, jusqu'à son terme.

 

  •  Karamel, Christian Guidicelli, 2002.

 

Pièce de théâtre qui met en scène la rencontre entre un écrivain Gilles et un jeune vendeur de caramels, Kamel. Il est séduit et se laisse arnaquer. Histoire d'un amour qui ne se dit pas mais se vit, avec passion, séparation, jalousie, attachement et vie. Les dialogues sont redoutablement efficaces, la fin est très belle. Les caramels traversent la pièce de bout en bout, autre nom de l'amour, qu'on laisse au frigo pour ne pas le jeter, qu'on est prêt à offrir quand on ne peut offrir son amour en retour. A noter une très belle scène sur la vérité, les mensonges, la création, l'imagination, la raison et la passion.

KAMEL: "Ne pas décorer la vie, la dénuder...." C'est de toi.

GILLES: A première vue, oui: je viens de l'écrire.

KAMEL: Putain! C'est profond...

GILLES: Assez banal, en fait.

KAMEL: ça signifie quoi exactement?

GILLES: Qu'un auteur se trompe s'il utilise la magie de son style pour noyer le poisson.

KAMEL: S'il ment? C'est pas un défaut de mentir. Je mens tout le temps. Avec ma mère...

GILLES: Je t'ai entendu.

KAMEL: Je l'ai rendue heureuse plus que si j'avais dit la vérité. Son fils mannequin, elle aurait jamais imaginé!

GILLES: Tu lui as raconté tant de salades qu'elle a sans doute perdu ses illusions.

KAMEL: Commence pas à me critiquer alors que je vais me mettre à bosser pour que tu m'engueules pas.

GILLES: Ce n'est pas pour moi, c'est pour toi, pour ton bien.

KAMEL: Pour ton bien...tu l'as trop répété, ça m'énerve.

GILLES: Vendeur dans une boutique de mode, il y a pire comme métier.

KAMEL: Ils m'ont retenu au milieu de cinq candidats: "Vous êtes le plus sympa, le plus motivé."

GILLES: Je suis certain que tu réussiras.

KAMEL: Demain, quand le client number one se pointera vers dix heures du matin...Bonjour, monsieur, je suis à votre entière disposition. Avez-vous besoin d'un conseil ?

Gilles entre aussitôt dans le jeu.

GILLES: Je regarde.

KAMEL: Je vous en prie, monsieur, faites comme chez vous. Le plaisir de l’œil est entièrement gratuit.

GILLES: Cette chemise peut-être...la bleue, non: la noire, non: la blanche.

KAMEL: Très chic. Avec cette cravate en soie...

GILLES: Une cravate...je n'en porte qu'aux enterrements.

KAMEL: Celle-ci, monsieur la portera au théâtre, dans les cocktails. Je la lui noue...elle rajeunit monsieur.

GILLES: Monsieur vous semble vieux ? Mesurez vos paroles, mon enfant !

KAMEL: Monsieur est en pleine force de l'âge. On lui donnerait à peine quarante-deux ans. Qu'il ait la bonté d'essayer ce pantalon, pure merveille made in iItaly.

GILLES: L'entrejambe de cette merveille comprime la virilité de monsieur.

GILLES: Monsieur n'est pas un éléphant.

KAMEL: Monsieur est au contraire d'une rare sveltitude....

GILLES: Sveltesse...

KAMEL: Sveltesse. Et ce costume magnifique à la coupe magnifique conviendra à son corps magnifique.

GILLES: Trop cher.

KAMEL: Que monsieur touche le tissu.

GILLES: Et monsieur peut-il toucher le vendeur ?

KAMEL: Monsieur veut plaisanter.

GILLES: Pour le vendeur, monsieur, est prêt à étudier un prix compétitif.

KAMEL: Monsieur, le vendeur n'est pas à vendre !

GILLES: Je lui achète dix chemises, vingt pulls, trente pantalons...

KAMEL: Le vendeur n'est pas libre...

GILLES: Cinquante paires de chaussettes, cent survêtements, mille cravates...je lui achète la boutique entière avec les succursales....

KAMEL: Le vendeur vit en concubinage....

GILLES: Nom de Dieu ! Avec qui ?

KAMEL: Un modeste écrivain.

GILLES: Modeste ?

KAMEL: Pour le moment. Mais il obtiendra le Nestlé...

GILLES: Le Nobel...

KAMEL: Le Nestlé et le Nobel réunis !

GILLES: Vous avez beaucoup de chance de connaître quelqu'un promis à un si brillant avenir.

KAMEL:  Moi aussi je serai au top comme lui. Je travaillerai dur dur. Le patron me remarquera: "Une perle, ce garçon !" Il finira par me laisser la boutique.

GILLES: Avec les succursales.

KAMEL: A Londres, à New York, à Rio de Janeiro.

GILLES: Ce sera l'empire Karamel.

KAMEL: Alors Karamel épousera une mignonne demoiselle qui lui fera trois bébés.

GILLES: Qu'arrive-t-il au Nestlé-Nobel pendant ce temps ?

KAMEL: Karamel lui paiera un château.

GILLES: Où il se morfondra seul et abandonné ?

KAMEL: Karamel ne l'abandonnera jamais. Dans sa BMW cabriolet, il lui rendra visite tous les dimanches après-midi pour une sieste améliorée.

GILLES: On est dimanche après-midi.

KAMEL: Je sais: je dis rien au hasard.

GILLES: On se réhabitue ?

KAMEL: Choisis : le canapé ou le lit ?

GILLES : Nous deux dans le lit, non ?

KAMEL: Si.

Ils sortent un instant. Gilles revient. Il téléphone.

GILLES: Bonjour, madame. Je voudrais parler à Kamel, votre nouveau vendeur. Comment, il n'est pas là ? Il a été embauché lundi dernier. Vous êtes certaine ? Pas présenté... ni lundi, ni hier, ni aujourd'hui. Et il n'a même pas téléphoné ? Pas d'excuse ? ça, il aurait dû s'excuser...la moindre des choses. Il s'excusera, je vous l'affirme. Trop tard: vous en avez engagé un autre. Je comprends. Je suis désolé comme vous. Au revoir, madame.

A la fin du coup de téléphone, Kamel entre en souriant. Il embrasse Gilles sur les joues.

GILLES: Pas trop épuisé ?

KAMEL: Un peu. Y a eu un monde au magasin! Des gens célèbres: un joueur de foot, un émir.

GILLES: Tu t'es occupé d'eux ?

KAMEL: Pas du joueur de foot, de l'émir.

GILLES: De l'émir ?

KAMEL: Il voulait une veste en daim.

GILLES: L'émir voulait une veste en daim ?

KAMEL: Et une casquette américaine pour son fils.

GILLES: Pour son fils une casquette américaine ?

KAMEL: Curieux, hein ?

GILLES: Très curieux.

KAMEL: La gérante est satisfaite de moi : "Kamel, vous vous débrouillez comme un chef."

GILLES: "Kamel, vous vous débrouillez comme un chef", ce sont les mots de la gérante ?

KAMEL: T'as les oreilles bouchées ou t'es une machine enregistreuse ?

GILLES: Juste un idiot qu'un second idiot mène par le bout du nez.

KAMEL: Merde ! T'as appelé...

 

 

  • Le sixième sommeil, Bernard Werber, 2017.

A 28 ans, Jacques Klein rencontre dans son sommeil l'homme qu'il sera 20 ans plus tard grâce à une machine permettant le voyage dans le temps via les rêves inventée par le Jacques de 48 ans. Celui-ci le guide pour retrouver sa mère disparue en Malaisie. Arrivé chez les Senoï, un peuple qui maîtrise le rêve lucide, il tente d'apprendre à atteindre le sixième sommeil, le stade de tous les possibles.

 

 

ACTE I : APPRENTI DORMEUR.

 

  • Les somnifères, composés pour la plupart de benzodiazépine, ont des effets secondaires terribles: ils éliminent les rêves, créent une accoutumance et pourraient augmenter les risques d'avoir la maladie d'Alzheimer.
  • Comment faire pour bien dormir?  Bonne alimentation, bonne sexualité (au moins 8 rapports par mois), un endormissement à horaire régulier, quelques respirations amples et un peu de lecture. Rien de tel qu'un bon roman pour bien dormir. Cela permet de fabriquer les premières scènes de son futur rêve.
  • J'utilise mes rêves pour mastiquer, broyer, digérer mes tourments du jour. Il n'y a que dans le sommeil qu'on est libre; il n'y a que dans le sommeil que tout est possible.

 

 Francis Klein est un navigateur, Caroline Klein une spécialiste du sommeil. Jacques, leur fils, a des problèmes à l'école liés ...à son sommeil. Caroline va lui apprendre à aller vers le sommeil très profond, celui de la mémorisation, du renforcement de l'immunité et de la production de l'hormone de croissance, persuadée qu'elle est de ce que le mot maladie vient de mal à dire. Elle explique à son fils les différentes étapes du sommeil:

  • L'endormissement est comme une entrée dans l'eau.  Cela dure 5 à 10 minutes. Puis vient la première descente, la tête passe sous la surface, c'est le stade 1. C'est le sommeil lent très léger. Le corps se détend, on commence à se ressourcer. On entend et on comprend les voix qui parlent à côté de nous mais on n' a plus envie de répondre.
  • Arrive le stade 2: celui du sommeil lent léger. On entend encore les voix, mais on ne peut plus comprendre une conversation. Les mots se transforment en bruits.
  • Ensuite vient le troisième niveau: le sommeil lent mais profond. On n'entend plus rien de ce qui se passe à l'extérieur. Tout le corps est détendu. La respiration ralentit.
  • Le stade 4: le sommeil lent très profond: notre corps se repose vraiment, il fabrique des défenses contre les maladies et des substances qui vont l'aider à grandir. La mémoire se renforce. On fixe tout ce que l'on a appris dans la journée et qui est important pour nous aider à réussir. On commence à faire des rêves dans lesquels on est en danger: on est nu, poursuivi par des ennemis, on perd ses dents..
  • le stade 5: le corps est détendu, le cœur est ralenti, la température baisse, moment de forte activité cérébrale, de rêves dans lesquels on trouve des solutions (on s'envole, on fait l'amour, on vainc ses ennemis: c'est le sommeil paradoxal, moment où l'on renforce son immunité, on filtre sa journée, on mémorise ce qui est important(durée: 10 à 20 minutes).
  • Une descente complète correspond à un cycle de 90 minutes. Quand on remonte, soit, on s'éveille, soit on repart pour un nouveau cycle.

 

  • "Si tu lis des livres avec des univers visuels forts avant de t'endormir (Alice au pays des merveilles par exemple), tu feras des rêves encore plus merveilleux."
  • "Le monde des livres est le plus grand de tous les mondes que l'homme n'a pas reçu de la nature mais tiré de son propre esprit."(Hermann Hesse). Le monde des livres nourrit le monde des rêves qui est encore plus vaste.
  •  Lewis Carroll, Rabelais, Jonathan Swift, Edgar Poe, Jules Verne, Isaac Asimov, Philippe K.Dick, 
  • Hugo, Baudelaire, Rimbaud, Vian, Prévert, Pérec
  • Bosh, Goya, Rembrandt, Rubens, Vermeer, Turner, Dali, Magritte.
  • Vivaldi, Mozart, Beethoven, Grieg, Fauré, Debussy.
  • Maîtrise des émotions: "Les gens faibles se vengent, les gens forts pardonnent, les gens encore plus forts ignorent."
  • "Nous ne voyons et n'entendons qu'une infime partie de ce qui existe vraiment (cf infra rouges, ultra violets, sons graves et aigus)". Notre réalité est une croyance.
  • "Le rêve est une libération de toutes les croyances."
  • chiromancie, art de lire le futur dans les lignes de la main: sur la main gauche, se trouverait gravé le futur, ce qui pourrait être; sur la main droite ce que l'on modifie au fur et à mesure qu'on avance dans la vie.Ligne de cœur (vie sentimentale), ligne de vie (santé), ligne de tête (vie professionnelle).
  •  conscience, subconscience (stock des souvenirs et des apprentissages), inconscience (ce qui échappe à notre pensée, cf ivresse, drogue,  hypnose, rêve, intuitions, inspiration) : l'inconscient a toujours raison. Partie libre que personne ne peut manipuler.
  • "dès que nous battons des paupières, nous nous apaisons." La vue est un sens tyrannique. Fermer les yeux permet de garder le contrôle, contrairement à ce que l'on croit tous (ne pas perdre un instant du film qu'on voit). La nuit, le cerveau  est privé d'images quand on dort. Or, il a besoin de penser. Donc il fabrique des images à partir de celles qu'il a déjà rencontrées.
  • petite histoire de l'oniromancie (conférence de Caroline Klein) jusqu'à Michel Jouvet et le sommeil paradoxal.
  • "Le plus tôt tu pourras intégrer le point de vue de tes ennemis, le plus tôt tu pourras bénéficier de leur enseignement. Et tes ennemis sont souvent de très bons professeurs. Ils n'apparaissent pas dans ta vie par hasard (...) Dans la vie, il n'y a pas d'échec. Il n'y a que des réussites et des leçons."
  • méchant signifie que l'on doit tirer par la mèche, laquelle empêche de bien voir le monde.

 

Techniques pour s'endormir:

  1. compter les moutons.
  2. respirer lentement et se concentrer sur sa respiration.
  3. phytothérapie: jus de griottes, tisanes (passiflore, aubépine...), fleurs de Bach.
  4. huiles essentielles
  5. réflexologie : presser l'extrémité du gros orteil.
  6. film soporifique à la TV
  7. livre ennuyeux.
  8. alcool à petite dose (sinon, excitant)
  9. somnifère

 

  •  Apparition de JK 48, son autre lui-même de 20 ans son aîné. JK apprend que sa mère est en danger. 
  • "Celui qui n'a pas voulu quand il le pouvait ne pourra pas quand il le voudra."
  • paralysie du sommeil: JK 48, pour forcer JK 28 à l'écouter et à agir, le plonge dans une paralysie du sommeil (prisonnier d'un corps inerte). JK 28 part en Malaisie.

 

ACTE II : COMPAGNON RÊVEUR

 

  • Qu'est-ce qui fait le plus souffrir ? La privation de sommeil. Limite de résistance se situe autour de 6 jours. Après quoi les lésions cérébrales sont irréversibles. Le protagoniste passe par cette étape infligée par Abdullah Kuan Bang qui veut lui faire signer un contrat (cession de l'île qu'il a héritée de sa mère). La pénibilité tient au contact permanent avec la réalité, plus encore qu'à la fatigue et à l'épuisement.
  • "Ceux qui ne peuvent pas utiliser leur imagination devront se contenter du réel."
  • la noosphère (Teilhard de Chardin): monde des esprits, réunion de tous les esprits des humains qui rêvent. Pensée collective de l'humanité.
  • "La réalité c'est ce qui continue d'exister lorsqu'on cesse d'y croire."
  • Retour en métropole avec sa femme Chambaïa et son fils Icare. L'appartement semble occupé. Scène de somnambulisme maternel sur le toit...
  • Eric Giacommetti prend en charge Caroline Klein, dans sa propre clinique du sommeil. Ancien patron, nouvel amant de la mère du narrateur.
  • Les 5 sens psychiques: émotion, intuition, imagination, inspiration, conscience universelle.

 

 

 

  • Sous le signe du lien : une histoire de l'attachement, Boris Cyrulnik.

 

  • L'objet observé n'est jamais neutre. Dès qu'elles sont perçues les choses prennent sens dans la fulgurance de notre compréhension. L'inconscient de l'observateur organise ce qu'il perçoit. 
  • "On t'a trouvée dans une poubelle": 1) dame angoissée par la phrase, connaît ruptures, foyers, etc. Fantasmes d'abandon. Métaphore fondatrice à son destin d'abandonnée. Phrase métaphore par son pouvoir condensateur d'émotions, mais non pas cause de son destin. 2) dame libérée par cette phrase, car elle était étouffée d'amour maternel et ne pouvait pas exister tant elle était aimée. Métaphore fondatrice de son destin d'originale. L'observation est une création.
  • PREMIÈRE PARTIE: LA MÈRE.
  • Difficulté à dater la naissance: quand la mortalité infantile était très élevée, on cherchait à baptiser le bébé avant même sa naissance.
  • force modelante des fantasmes de l'être humain: le sourire du bébé? "Pauvre enfant il sourit: il ne sait pas ce qui l'attend!" vs "il sourit, il est heureux".
  • la mère sert de base de sécurité aux conquêtes exploratoires du petit. Le père doit être présenté vers le 6e mois, par la mère. Le père biologique ne peut ainsi devenir que le père présenté que tardivement par rapport à la mère.
  • le père absent: la perception du père dépend du co-texte. (photo et émotion positive? discours négatif)
  • "quand on n'a pas de père, on n'a pas de peur." fonction interditrice du père.
  • le parrain, père qui nomme, père spirituel qui donne la parole.
  • histoire de l'éducation: au 16ème siècle, quand la guerre perd sa valeur éducative, les études ont organisé la vie des enfants et les premiers collèges ont été construits. Les filles étaient domestiquées tandis que les garçons allaient en pension. L'histoire de la différenciation des rôles sociaux sexuels orientaient les garçons vers la fonction d'outil et les filles vers la fonction d'ornement. Quand la machine apparaît au 18ème siècle, les garçons étaient à la fois scolarisés et outillés pour la servir. L'intelligence, qui n'était qu'une valeur secondaire, une valeur de femme, devient une valeur masculine au 19ème siècle car elle donne accès au pouvoir social. L'école organise les classes sociales. Cf les jeunes femmes juives vs les femmes chrétiennes au début du 20ème siècle: ornement vs intelligence. La télévision joue un rôle égalisateur. Plus l'environnement est protecteur, plus le rôle du père est secondaire: domine, monsieur/monseigneur, papa (analogue phonétique de maman).
  • pour se libérer de la toute puissance de la mère dévorante, l'enfant sans père cherche un substitut de père: un chef de bande, un chef charismatique, un membre politique, un fondateur de secte.
  • DEUXIÈME PARTIE: LE COUPLE.
  • enfants abandonnés: inhibition aussi forte que le désir. Agression de celles et ceux qu'ils aiment. Maquillage excessif=>garçon alléché=> garçon repoussé car la fille désire en réalité une histoire romantique. Réussite sociale pour les garçons autorisera seule le lien affectif.
  • filles et garçons, différenciations. Activités auto-centrées et anxiété.
  • Ce qui déclenche un comportement parental si différent, ce n'est pas le sexe en soi mais la représentation que l'adulte se fait du statut du sexe.
  • la sexualisation des comportements est très précoce: plus visuelle, spatiale,  anxieuse,  collective, compétitive (garçons) vs plus sonore, verbale, paisible, intime, affiliative (filles).
  • le mot amour, issu du latin amor, aurait dû donner ameur, mot qui signifie rut des animaux dans certaines régions. Amour est une création ecclésiastique. Amour= élancement passionné.
  • mort, vie, naissance, souillure, sexualité: tout ce qui touche au biologique peut angoisser. Pour les religions sacrées, l'éternité prime. Phobie du biologique. Vs les religions profanes, importance de la vie avant la mort.
  • histoire d'amour universelle= naissance du sentiment amoureux. Arrachement de son monde pour partir à la recherche de l'objet parfait, donc idéal. Rencontre, émotion par le regard, premières paroles et premiers gestes, synchronisation des désirs, transfiguration du banal. Présence des corps, présence des âmes (comment j'aime, comment j'ai peur, etc.). Synchronisation. Perception fusionnelle de l'autre en soi nous révèle. L'histoire d'amour finit mal: par la mort ou par le mariage. Du monde clos et hors la loi (marginalité discrète) on passe à une autre étape. Apaisement sensoriel permet le retour du réel. Le réel rétracte l'extase. L'amour passion est passif. Le réel et ses lois deviennent persécuteurs, empêchent l'extase. Le scénario amoureux met en scène le désir de rencontrer l'autre, le désir de complétude. Toujours la même histoire.
  • Histoire de l'amour est toujours variable, imprégnée de social. Dans la Grèce antique, amour entre un homme et un adolescent, car la relation homme-femme c'est la reproduction, pas l'amour. La culture hébraïque apprend à se méfier d'un sentiment qui nous possède jusqu'à l'hypnose ,le christianisme fait prévaloir l'amour de Dieu.
  • Je est haïssable pour ceux qui souhaitent l'effet tranquillisant du on. Les adorateurs du je acceptent d'en payer le prix: fragmentation du groupe, doute, critique systématique des valeurs, plongée intérieure, avec pour corollaire le mystère des songes, des sentiments, des valeurs privées, des fantasmes, et de l'intimité. cf Roman de la rose, quête du graal, interprétation des rêves. vs les adorateurs du on préfèrent la soumission aux lois du groupe, un choix sexuel mal personnalisé.
  • la Renaissance invente l'amour cynique, naturaliste (vs l'amour sublime des troubadours occitans); le 17ème siècle introduit l'amour égoïste qui mène à la brutalité amoureuse du grand siècle avec son libertinage et son mépris des grands sentiments; la Révolution invente le mariage civil et le divorce; Napoléon invente le père, représentant de l’État dans la famille, il crée la structure la structure familiale qui caractérisera l'Occident jusqu'au milieu des années 1970, féministes. Amour-passion (Breton), amour objet scientifique (Freud).
  • l'amour est une surprise qui nous arrache à l'insipide l'attachement est un lien qui se tisse au quotidien.
  • Toute vie naît de l'union, pas nécessairement d'un désir et c'est heureux car les aîné.e.s, trop responsables deviennent souvent plus dépressifs alors que les derniers, en échappant à l'investissement parental, se développent davantage. L'amour est élan qui nous pousse vers l'autre, parfois un être humain, parfois une montagne, un instrument de musique. La vie sans l'autre n'est pas vivable.
  • processus amoureux: expérience sensorielle, perte, recherche. Implosion amoureuse a lieu au moment des retrouvailles. État de quête. Satisfaction entraîne apaisement. Pour que l'amour éclate, il faut que l'autre apporte ce dont on manque. L'objet d'amour est un révélateur narcissique, un objet révélateur de soi. Cette quête est l'expression d'une aptitude à l'amour.
  • les bébés abandonnés: enfants privés d'amour maternel, ils répètent un même scénario comportemental: quête exaspérée, désespoir, indifférence affective. Ils n'ont pas la base de sécurité affective nécessaire pour partir à la conquête du monde. Activités autocentrées (balancements, masturbation, sucent leur pouce, arrachent leurs cheveux). Gardent trace de cette privation qui organisera un destin de carence affective. A l'école, stratégie affective fantasmatique: "je vais gagner l'affection des autres en me sacrifiant puisqu'on ne peut pas m'aimer pour moi-même.". Ce désir de sacrifice les élève au-dessus du lot des enfants normalement aimés. "C'est tellement exceptionnel de se sacrifier qu'on va exceptionnellement m'aimer." Plus tard, ils rencontreront un partenaire qui cherche une bonne affaire affective.
  • cage affective: pléthore affective. Lune de miel ...qui colle un peu trop. "Tu m'as gardée pour toi. Je te déteste."
  • Il faut que l'amour meure pour que l'enfant devienne une personne, pour l'éduquer, c'est-à-dire le conduire hors de soi.
  • Vers le 6e mois, le drame de l'objet: la fusion permettait l'extase. A présent, l'étonnement devient stimulant.Exploration de la mère: embrasser, toucher, mordre cet objet qui s'éloigne. Attachement se tisse entre deux individus proches mais différents.
  • Notre manière humaine de penser explique presque toujours nos conduites en matière de projets, de désirs et de croyances. (internes/externes) Les hommes qui croient que leur destin est gouverné par des forces extérieures se retrouvent en bas de l'échelle sociale à des postes où ils sont soumis à l'opinion d'autres hommes.  Alors que ceux qui croient à un déterminisme interne se retrouvent dans des postes à responsabilité, dans des histoires de vie plus libres, moins soumises aux contraintes sociale. Comment réagissent les mères aux cris du bébé? Tout dépend de leurs croyances: croyances internes=> réaction=> toucher et parole. Notre manière de penser modèle notre manière d'agir. Environnement de croyances externes = environnement froid, guère de paroles. La parole permet de retisser des liens abîmés par la séparation.
  • Les caresses possèdent une vertu tranquillisante et antidouleur, mais également elles participent à constitution de l'identité et à l'émergence de la pensée.
  • La proximité physique d'autrui pousse à un double sentiment contraire d'attraction et de crainte. Plus la proximité est grande, moins on se regarde (expérience avec des chaises). L'évitement du regard permet d'éviter le sentiment d'intrusion, recherché en revanche par les amants qui se regardent. La pénétration amoureuse commence par le regard. Le corps à corps, c'est l'espace des combats et de l'amour. Pour apaiser cette émotion, il faut détourner le regard. Quand on parle de sujets intimes, on détourne le regard. Le sourire peut jouer un rôle apaisant, est là pour séduire l'agresseur. L'intimité tant désirée nous angoisse.
  • les prostitué.e.s et don juans utilisent des leurres comportementaux pour louer ou pénétrer un vagin mais cet appât est une escroquerie car il ne réfère pas à un sentiment intime. Il se contente de déclencher une émotion pour la financer ou la manipuler sans tenir sa promesse émotive. Si Don Juan parvient à leurrer les femmes aussi facilement c'est qu'il leur sert ce qu'elles attendent: gaieté et légèreté. L'abuseur n'abuse que parce qu'il amuse.
  • couples à contrat névrotique: attrait homophile et secret désir de changer l'autre, de fantasme réparateur (dépressifs, alcooliques, toxicomanes, anxieux,  impulsifs se rencontrent entre eux bien souvent). Parfois il y a complémentarité: par exemple entre  paranoïaque et masochiste. Froideur paranoïaque, phobie du toucher, pénétration sans parole, sans chaleur. Fidélité à toute épreuve car les femmes n'intéressent pas le paranoïaque. Le maso, secret et chaleureux, évite d'épouser son partenaire d'amour pour ne pas s'y soumettre. Lien d'attachement se tisse pourtant. Le mélancolique s'associe à une personne dépourvue d'émotivité. 20 ans après, c'est l'effondrement, souvent déclenché par le départ des grands enfants. Beaucoup de femmes, terrorisées par la domination masculine, épousent un homme falot, donc rassurant. Elles lui reprocheront plus tard d'être un minable. La femme hautement diplômée peut faire un choix d'hypogamie: épouser un homme sans diplôme, pour ne pas répéter sa mère, pour ne pas se laisser dominer, pour préserver son indépendance. Finalement l'attrait sexuel est d'abord et essentiellement physique, le corps étant porteur de signaux.
  • L'empreinte précoce met en mémoire une trace qui orientera les émotions sexuelles, bien plus tard, quand les hormones activeront ces traces.Le tissage de l'attachement, qui inhibe la sexualité avec l'objet d'empreinte, oblige au déplacement du désir. L'objet sexuel ne peut être l'objet d'empreinte. En milieu naturel, pas d'endogamie. Interdit de l'inceste. En revanche quand il y a diminution de l'attachement, il y a moindre inhibition et possibilité d'inceste.
  • les adolescents savent détruire le plaisir intra familial par leur morosité quotidienne. Alors même que le moindre événement extérieur les comble de joie et les rend charmants.
  • l'amour, joli moment pathologique, nous arrache à ses lois pour créer de l'existence. Que la vie serait paisible sans amour, qu'elle serait tranquille, et si triste.
  • TROISIÈME PARTIE: SANS ATTACHE.
  • le mythe familial possède une valeur prédictive. En m'identifiant, je me restreins mais je m'accomplis. Pour devenir quelqu'un il faut renoncer à tous les autres qu'on aurait pu devenir. La grille familiale facilite et gouverne le développement d'un enfant. Elle le guide, lui donne sens, le contraint et l'ampute en le modelant. L'enfant sans famille connaît des parcours très variés: le père invisible, disqualifié à la maison, devient charismatique dans le groupe social; la mère invisible devient la mère fantasmatique, comme une divinité primitive pourvoyeuse et dévorante.
  • la fonction de la famille est de névroser l'enfant, de lui imposer une grille de développement préfabriquée, contraignante et facilitante. Milieu social fantasmatique déjà organisé.
  • L'enfant sans famille a pour seul repère stable lui-même. Activités autocentrées. Narcisse sans miroir, il ne peut qu'imaginer ce qu'il veut devenir.
  • l'intellect et le mariage: le plaisir de faire marcher sa tête constitue l'un des facteurs les plus puissants pour se préserver du vieillissement: la nourriture, la stimulation par l'action, le plaisir, le lien social, sont autant de facteurs qui peuvent nous préserver du vieillissement. Mais comment comprendre que le mariage soit aussi du nombre de ces facteurs? Alimentation/ vêtements sont différents selon qu'on est en couple ou qu'on redevienne célibataire. Attachement conflictuel donne sens au quotidien. Contrat affectif reste enfoui pendant des décennies. Au moment de la retraite, il y a résurgence. Importance croissante du quotidien donne le pouvoir aux femmes et instaure le matriarcat chez les personnes âgées. En cas de boulimie affective, la disparition de l'être cher peut provoquer un vide total. Idem pour la disparition d'un animal chéri. Le fait d'être en couple, en famille, en groupe amical donne sens alors que la solitude tue le sens.
  • Refus de conclure, refus de fermer. Nécessaire de toujours avoir une part d'ombre pour mettre la lumière. Se méfier des explications qui mettent un terme aux processus de compréhension.
  • L'attachement est hors de prix, mais son absence coûte encore plus. Avant de lire ce livre, vous aviez les idées claires, j'espère qu'à présent elles sont confuses car il faut toujours douter.