Accueil

CITATIONS (2021-...)

Citations (archives 2017-2020)

Citations (archives 2012-2016)

Citations (archives 2008-2012)

TEXTES DU MOIS (2021-...)

Textes du mois (archives 2017-2020)

Textes du mois (archives 2012-2016)

Textes du mois (archives 2008-2012)

HISTOIRES DRÔLES ET ABSURDES

Histoires drôles et absurdes (archives 2011-2012)

NOTES DE LECTURE

Notes de lecture (2016-2020)

Notes de lecture (2012-2016)

notes de lectures (archives 2008-2012)

MA BIBLIOTHEQUE IDEALE

Ma bibliothèque idéale (archives 2012-2016)

ma bibliothèque idéale (archives 2008-2012)

carnet d'écriture n°1 (2009-2011)

carnet d'écriture n°2 (2012)

Carnet d'écriture n°3 (2012-2013)

carnet d'écriture n°4 (2014-2016)

carnet d'écriture n°5 (2019-

DICTIONNAIRE DES MOTS ADOPTES

ELOGE DE LA FRANCOPHONIE

coin Caratini I César

COIN CARATINI II Auguste

COIN PROUST

COIN TOURNIER

COIN DES PETITS BATEAUX

RECENSEMENT DES TEXTES

RECENSEMENT DES OEUVRES.

RECENSEMENT DES TEXTES AUTOGRAPHES.

RECENSEMENT DES FILMS

ABECEDAIRE ANTIQUE.

Cicéron

ABECEDAIRE MYTHOLOGIQUE.

éléments de religion romaine

Les esclaves dans la société romaine antique de la fin de la République

la mort dans la Rome antique de la fin de la République

Coin cinéma n°1

coin cinéma n°2

coin cinéma n°3

coin cinéma n°4

coin cinéma n°5

coin cinéma n°6

Coin cinéma n°7

GRAMMAIRE FRANCAISE

LES NOTIONS DE BASE

LE NOM

homonymes, paronymes

LE VERBE

le verbe et ses assistants

les différentes formes du verbe

Valeurs temporelles, aspectuelles et modales des temps de l'indicatif

le subjonctif et l'impératif

PRINCIPAUX ACCORDS

accord des noms

accord des adjectifs et des déterminants numéraux

accord des participes passés.

LA PHRASE

mémento grammatical

mémoire musicale

Oscar Wilde

coin cinéma n°5

MAJ: 9 décembre 2017

 

 

 

 

42. Coco.

Beau dessin animé, fable comtienne et musicale: Miguel aimerait devenir musicien mais sa famille s'y oppose. Il fabriquera des chaussures comme son père, son grand-père...et honorera les morts de sa famille le jour des morts, au lieu d'aller participer à une compétition musicale.

Pourtant, le jeune Miguel est déterminé et va vivre avec son drôle de chien (Dante) une expérience singulière: un voyage au pays des morts, sur traces de celui qu'il imagine être son arrière-arrière grand père, De La Cruz, un musicien fort célèbre dans le pays adulé autant qu'il est détesté dans sa famille qui honnit depuis la musique. D'aventures en aventures, souvent drôlatiques autant que merveilleuses, Miguel tente d'échapper à sa famille qui le poursuit et d'approcher son ancêtre.

Il découvre que cette idole a en réalité chanté des chansons écrites par un ami qu'il a assassiné et qui est depuis tombé dans l'oubli, Hector...qui se révèle être le véritable ancêtre de Coco, le père même de l'arrière-grand mère bien aimée de Coco. Réconciliation des vivants et des morts, musique et mémoire, transmission du souvenir, risque d'oubli, révision de l'histoire à l'aune de la seule vérité. Une fable intéressante pour les petits autant que pour les grands.

41. Mise à mort du cerf sacré.

Film barré comme son titre mais intéressant. Un cardiologue voit régulièrement le fils d'un patient décédé. Ce Martin, gamin de 16 ans est très attaché au Dr Murphy, au point que celui-ci ...ne va pas réussir à se détacher de lui. Martin incarne la vengeance symbolique: une vie pour une vie. Oui mais laquelle? Calmement, Martin énonce ce qui se passera : 1 paralysie, 2 perte de l'appétit, 3 saignement des yeux, 4 mort. Et cela touchera toute sa famille...sauf si le Dr Murphy décide d'éliminer l'un des siens, sa femme, son fils ou sa fille.

Rationalité contre irrationnel, c'est le fils du médecin qui n'arrive plus à se lever: examens médicaux, réponses rationnelles, et ainsi de suite.La mère tentera de comprendre la situation voire de chercher en quoi il est juste qu'elle ou ses enfants meurent si son mari a commis une faute un jour en opérant.

Réponse énigmatique de Martin qui mange des spaghettis exactement comme son père, et puis en fait comme tout le monde. Un pour un. Il y a là une sorte de loi, de fatalité de l'équilibre, quoi que fasse le père.Le médecin va jusqu'à séquestrer ce troisième fils auquel il s'était attaché, menaçant de le tuer. Autre scène mémorable, leçon de Martin au médecin qu'il mord au sang: comment réparer cette morsure? Soigner la plaie? Non il faut qu'il y ait morsure aussi de Martin qui s'en inflige une. Un pour un.

Un pour un oui mais lequel. Quand le fils se met à saigner des yeux, signe de mort imminente, le père se résout au sacrifice de l'un des siens. Nouvelle scène mémorable, dans le salon. Sa femme, sa fille et son fils, tous trois attachés, la tête couverte d'un sac, lui-même au centre, bonnet sur les yeux. Il tourne comme une toupie, carabine à la main et va laisser faire le hasard. Tirage au sort: le fils sera Iphigénie, sacrifié pour satisfaire la malédiction de Martin. Le petite famille réduite à trois se retrouve à la brasserie à proximité de Martin. La fille fait de l’œil à l'assassin de son frère. La mère semble faire les yeux doux à son mari. Les trois se lèvent et s'en vont.

 

Étrange et intéressante proposition.

 

40. Carré 35.

Qu'est-ce que l'amour filial? Force paradoxale qui préserve de la destruction celui, celle, ou ceux qui représentent pourtant une force de destruction.

Carré 35, c'est la carré du cimetière français de Casablanca. C'est là que tout commence pour le réalisateur du film qui apprend à l'adolescence qu'il n'a pas que le frère qu'il connaît bien depuis son enfance, mais qu'ils ont eu une sœur aussi, Christine, dont la mort a été tue enfouie ou embellie pendant des années.

Carré 35 est donc une quête: une quête personnelle, familiale, la recherche d'une histoire comme d'une image, celle d'une sœur décédée à l'âge de trois ans dont il n'a pas pour ainsi dire jamais été question par la volonté d'une mère qui a voulu taire le passé et imposer sa manière de voir à tous: elle a brûlé et détruit toutes les images, photos et films de cette époque et donc de sa fille, croyant ainsi l'oublier et pouvoir reconstruire une autre histoire. C'est sans doute pour ça aussi qu'elle change de prénom à chacun de ses nombreux déménagements: Angela, Angèle, Germaine, etc.

 

Cette mère, le cinéaste l'interroge et la filme: à quoi bon conserver une photo? Cette fille morte-née, c'est comme une plante qui disparaît. Il faut aller de l'avant sans se retourner.

Peu à peu, au fil de l'enquête, on découvre l'insouciance d'un mariage, une sœur aînée trisomique, ce que le père reconnaît sans mal contrairement à la mère qui s'enfonce dans le déni. Petite histoire et grande Histoire. Décolonisation, atrocités, inégalités et insouciance, migrations. Résurgence d'images d'enfants trisomiques, avec cette mention de la propagande nazie: quelque chose comme c'est un cadeau à leur faire que de ne pas les laisser vivre. L'envie de mort et la honte sont nommées. La fille est laissée au Maroc, à la tante qui découvrira sa mort et l'annoncera à des parents partis vivre à Alger.

Voyage à Casablanca: même là l'image, la photographie, est portée disparue. Après l'enquête, malgré l'enquête? Une mère qui s'enfonce dans le déni et évoque un secret de famille, un silence qui l'a éprouvée. Longtemps, elle a cru sa mère malade. C'est bien après qu'on lui a appris qu'elle était morte et enterrée. Une mère en fuite, qui dit à son fils que c'est terrible de ne pas dire la mort à ses enfants, qui semble ne pas se rendre compte qu'elle a reproduit à l'identique ce dont elle a elle-même terriblement souffert.

Filmer la mort: celle de son père, celle de Marocains par des colons français, images muettes sur une bande son de propagande coloniale, les "actualités françaises", écart entre le dit et la réalité, mensonges. Filmer la trisomie, transgresser les interdits, pour donner leur place à ceux qu'on efface. Cinéma et vie, fiction et réalité contre tabou, mort, mensonges et silences.

Ce film documentaire est bouleversant et très bien construit. Loin d'être un réquisitoire contre une mère, ce documentaire s'achève sur l'image retrouvée d'une sœur, photo conservée par une femme qui avait travaillé pour la famille avant de racheter la maison; sur une mère qui se rend sur la tombe de sa fille où elle ne s'était encore jamais rendue; le film dit aussi la vie qui continue car le cinéaste évoque son fils.

 

 

39. Le brio.

 

Daniel Auteuil en prof de fac réac, Camélia Jordana en étudiante de banlieue confrontée à un raciste qui la prend à partie et l'humilie publiquement dès le premier cours en amphi. Il doit la préparer au concours d'éloquence pour sauver son poste, elle va apprendre à toujours avoir raison grâce à Schopenhauer, à des cours particuliers, dans les deux sens du terme: les exercices oratoires se pratiqueront dans le métro comme dans une maison de retraite.

Neila aime Mounir qui ne le lui dit pas avec ses mots, sauf quand elle l'accule à le lui dire. Mounir est aussi authentique que sa langue incorrecte, mais qu'importe? Elle l'aime comme il est et il croit qu'elle s'en tient à ses fautes de français.

L'antagonisme entre l'étudiante et son enseignant, la jeune fille qui se transforme et son amant, l'apprentissage et les leçons sur l'éloquence et ses limites, donnent sa force au film qui reste une distraction bien agréable.

 

38. Marvin ou la belle éducation.

Film touchant, bien construit et très bien joué, tout particulièrement le père, aussi populo et vulgaire qu'attachant et aimant. Marvin Bijou est l'objet d'un harcèlement au collège, il reste le plus souvent invisible aux yeux des siens, dans une maison où la télé est toujours allumée et où l'alcool coule abondamment. Si l'éducation est une sortie du chemin, alors oui Marvin a une belle éducation et il va s'écarter du chemin, se détacher du schéma familial dans lequel il ne se reconnaît pas, dans lequel il existe si peu, lui dont la souffrance est comme un phare dans la nuit, quelque chose qui vous éblouit et vous empêche de voir tout le reste. Récit d'une souffrance singulière, méconnue de ses proches au fond, si peu attentifs à lui. Récit d'une libération, d'une affirmation et d'une nostalgie: l'envie de revenir quand même auprès des siens.

Il y a le théâtre, comme chemin de libération.

Il y a ce père, repoussoir et aimant.

Il y a cette mère, protectrice de ses enfants et d'une grande maladresse en même temps, elle qui a "chié son gosse dans la cuvette" et été une bonne "fécondeuse".

Il y a la tentation d'échapper à son milieu par l'avidité et l'embourgeoisement.

Il y a cet amant autant violent qu'aimant, cynique et bienveillant amateur de vitesse car il n'y a pas de temps à perdre. A quoi bon réfléchir?

Il y a ces personnages tout en nuances et cette construction d'un scénario où Marvin Bijou fait écho au Martin Clément qu'il est devenu.

 

37. Logan Lucky.

 

Braquage qui réussit avec une équipe de paumés. Le film est drôle en plus d'être réussi et bien rythmé.

Le boiteux est viré de sa boîte à cause de sa boiterie. Il était mineur et a remarqué à l'occasion de son travail que du liquide circulait par un système pneumatique de transmission sous le circuit automobile.

Il s'associe à son frère, qui a perdu un bras en Irak et à la bande de Joe, pourtant encore incarcéré, mais seul capable de dynamiter -ou plutôt javeliser/haribobiser?- la porte du coffre-fort.

C'est ingénieux , c'est drôle, c'est réussi: ça ne se raconte pas, ça se voit!

 

36.Jalouse.

 

Bon moment en compagnie de Karin Viard qui se transforme ou "transite" à l'approche de la ménopause: son mari l'a quittée pour une femme qui a le charme de la jeunesse. Nathalie (Karin Viard), prof de lettres en khâgne dans un lycée parisien, devient jalouse de chacun des membres de son entourage: 

elle annule le voyage aux Maldives de son ex

elle cherche à dissuader le petit ami de sa fille de sortir avec elle

elle rejette violemment l'homme qui la courtise et qui lui plaît

elle s'en prend aussi à sa meilleure amie, dont elle critique (sous l'effet de l'alcool) la laideur de sa fille et le mari qu'elle suppose volage.

elle ira même jusqu'à empoisonner sa fille pour lui faire rater un concours de danse que celle-ci prépare au prix d'une abnégation quotidienne et ancienne.

 

Tout passe avec Karin Viard, ce personnage odieux et pourtant attachant qui s'isole, jusque dans son milieu professionnel où l'arrivée d'une jeune prof de lettres suscite chez notre protagoniste un même sentiment de jalousie.

Au bout de la solitude, il y a une rencontre inespérée. A la piscine, une dame âgée qui vient nager tous les jours. Les deux femmes sympathisent et se lient d'amitié. Soudain, le drame. La dame âgée disparaît. Morte, sur le coup, d'une chute.

Dans les profondeurs de l'isolement, Nathalie va trouver la force de rebondir: elle invite le courtisan qu'elle a éconduit à l'accompagner aux obsèques de cette amie unique. Drôle d'occasion pour une rencontre, pour un nouveau premier baiser. Tout n'est pas réglé pour autant, mais elle a changé.

Un bon moment de cinéma.

 

35. Corps et âme.

 

Très belles images au démarrage, dont on comprend la place dans l'économie du texte un peu après: un cerf et une biche dans la forêt en hiver. Scène d'amour chaste.

Après la beauté de la nature et de l'amour, de la blancheur extérieure, on passe au rouge sang qui coule dans l'abattoir où l'on abat froidement et étête à chaud des vaches un peu trop grasses. Dans cet univers mécanique de routine, deux personnages se détachent: le directeur qui s'éprend d'une contrôleuse psychorigide, hypermnésique et asociale.

A l'occasion d'un curieux incident (partouze humaine après le vol d'un puissant aphrodisiaque pour bovins) une enquête psychologique destinée à l'ensemble du personnel révèle que le directeur infirme et celle qui n'aime pas qu'on l'appelle Marika font la nuit...exactement le même rêve de cerf et de biche.

Elle s'efforce de dépasser son asocialité sans y parvenir et décide de se couper la veine dans son bain. La scène est étonnamment autrement violente que l'abattage des vaches, même de celle dont ont voit la tête en vie puis découpée... Pourtant la scène n'est pas dénuée d'humour, notamment quand la chanson pour amoureux s'arrête (incident technique) alors même qu'on sait combien la jeune femme se laisse perturber par la moindre anomalie.

Un appel téléphonique. Une incapacité à dire l'amour aussi grande qu'un désir à connaître l'amour. Lui souffre de la même difficulté mais franchit le pas et ils se donnent rendez-vous (elle est en sang!) pour, non pas faire seulement l'amour ensemble, mais aussi pour dormir ensemble.

Un beau film.

 

34. La belle et la meute.

 

Film tunisien formidable dans les deux sens tu terme: remarquable et capable de susciter la crainte, l'inconfort, le trouble, l'in-quiétude permanente.

Mariam est belle en effet, non pas tant physiquement par rapport à ses copines, que parce qu'elle cherche à être belle, à profiter de la vie, à passer un bon moment avec ses amies, à vivre.

Ellipse. Mariam a été violée par des policiers. Elle est terrorisée, mais accompagnée par un ami.

Tout au long de la nuit, elle va aller de Charybde en Scylla, croisant toujours des personnages légalistes constamment fragilisés: son ami par la hauteur de son verbe ? La policière par sa grossesse et par la panique de Mariam ? La journaliste par l'horaire nocturne et l'envie de dormir ? Le policier ancien par son âge ou par le poids du groupe ?

Le film donne à voir non pas tant le viol que les mécanismes de la peur, de la terreur, de l'intimidation, de l'effroi, de l'inversion de la culpabilité, l'insécurité redoutable qui résulte de la défaillance des personnes en charge d'assurer la protection des personnes...ce qui est déformé dans la bouche d'un policier en : " Tu aimes la Tunisie? Que serait-elle sans sa police ? Il y a des gens qui complotent contre L’État et sa police."

La fin ouverte -partir à la recherche du procureur de la République, après avoir tenté en vain de déposer plainte dans des commissariats de police, étape nécessaire pour voir un médecin légiste seul habilité à reconnaître officiellement le viol- laisse entendre à la fois la force du droit (tant qu'elle ne se désiste pas, elle a le droit pour elle et le rapport de force pourra s'inverser) et l'interminable calvaire imposée à une jeune femme qui a subi un crime et à qui l'on reproche un attentat à la pudeur, une atteinte aux bonnes mœurs car elle a donné la main et embrassé un homme avec lequel elle n'est pas mariée....

 

33. Carbone.

 

Très bon policier. Dire qu'un entrepreneur ruiné va sombrer dans l'argent facile d'une escroquerie à la TVA et connaître une chute aussi spectaculaire que son envol ne dit rien d'un film au scénario efficace et très bien joué.

 

32. Dans un recoin de ce monde.

 

Film d'animation japonais qui raconte de manière très belle l'histoire de Suzu, jeune fille d'Hiroshima déracinée à l'occasion d'un mariage: elle refait sa vie avec un mari qu'elle apprend à aimer, dans le port militaire de Kuro. Bombardements. Hiroschima. La fin est très vite attendue, mais ce qui est beau, c'est le parcours de cette jeune fille attachante, souriante, qui aime dessiner et qui se trouve bizarre à voir le monde poétique jusque dans sa destruction (pendant un bombardement, elle voudrait avoir de la peinture). Elle perdra la main droite et nombre de ceux qu'elle aime mais traversera pourtant le chaos de la vie.

 

31. Confident royal.

 

Belle histoire d'amitié entre la reine Victoria et l'un de ses serviteurs indiens, Abdul Karim. Nous sommes en 1867, elle a 70 ans, règne depuis 50 ans. A l'occasion du jubilé justement, il est choisi pour venir à Londres remettre une médaille commémorative. D'un baise-pied un peu osé va naître une amitié contre toute attente, contre tous les codes de la cour et de la famille royale, mais la reine est la reine, et elle le sait. Il devient son professeur, lui apprend la langue ourdou, la religion musulmane, la culture et la cuisine indiennes. Satire plaisante, réflexion intéressante, jusqu'à la mort de la reine, qui a peur de mourir. Son ami la rassure et cite Rumi (quelque chose comme : "laissez-vous tomber comme la goutte dans l'océan de sérénité.")

 

30. Détroit.

 

Très bon film sur un épisode historique qui nous plonge en 1967 et nous conduit à réfléchir à la justice, au droit ainsi qu'à la notion d'état d'urgence. Trois temps: le contexte d'abord, le huis clos ensuite, le tribunal pour finir.

Le contexte est celui de la prohibition, des ghettos noirs et d'une police essentiellement blanche, de rapports tendus dans les deux sens. Dans ce contexte, un jeune policier poursuit un pillard et lui tire dans le dos. Son supérieur lui apprendra à sa manière qu'on ne tire pas sur un homme qui ne nous menace pas. La manière ne doit pas être la bonne car le policier en retiendra la leçon suivante: déguiser les prochains homicides en tirs de légitime défense.

Le contexte c'est aussi celui d'une bande de potes qui rêve d'être remarqué par une maison de disque et de percer dans l'univers musical: les "Dramatics" portent hélas un nom prophétique. Les émeutes obligent le directeur de la salle à interrompre le spectacle juste avant leur passage et ils se réfugient dans un hôtel.

 

C'est précisément dans cet hôtel que l'acte deux va se dérouler. Un tir avec une arme factice d'un client de l'hôtel en direction de la police va déclencher un huis clos particulièrement éprouvant. La police de Détroit, menée par l'agent de police cité précédemment, va tout faire pour retrouver l'arme et faire parler les suspects, dont notre bande de musiciens. Le rapport de force est évidemment inégal et le racisme exacerbe une situation complexe. Les homicides se multiplient. La garde nationale se retire lâchement pour ne pas être associée aux actes odieux que commettent les policiers de Détroit. Ce passage est particulièrement long et éprouvant. Il se solde par un échec et l'envie d'étouffer l'affaire: les suspects encore en vie ne pourront quitter les lieux que s'ils promettent de n'avoir rien vu et de ne jamais rien dire. L'un des musiciens s'y refuse et est assassiné à son tour.

 

Au tribunal, on assiste à une parodie de justice, avec un jury blanc, une ségrégation de l'assistance, des témoins noirs interrogés comme s'ils étaient des suspects, des policiers blancs ...blanchis. "Non coupables". La défense a été efficace, le droit l'emporte sur la justice.

L'histoire est inspirée d'une histoire vraie.

 

 

29.Épouse-moi mon pote.

 

Comédie globalement réussie qui vient travailler les stéréotypes liés aux mariages. Un brillant étudiant marocain oublie de se réveiller le jour du concours et risque l'expulsion. La solution? Le mariage. Les femmes sont hors de prix ou inaccessibles. Il reste...son meilleur pote, au chômage, sur le point de se marier.

Quiproquos, venue de la mère en France, Yazid s'adapte à chaque situation d'autant plus qu'il est pourchassé par un inspecteur qui traque jusqu'au harcèlement les mariages blancs. Un bon moment.

 

28. Téhéran tabou.

 

Bon film. Un immeuble à Téhéran, des relations de voisinage, un enfant muet qui mâche des chewing-gums à chaque fois que sa mère est occupée avec un client et transforme les préservatifs en bombes haut, une hyménoplastie qui coûte énormément mais qui pourrait peut-être sauver un mariage qui n'avait pour lui que la virginité de la femme. Des relations interdites, de l'argent, une société patriarcale. La drogue pour s'évader d'un monde qui ne tourne pas rond, dans lequel la norme est violente (cf comment reconnaître si ton mari à quoi ton mari se drogue, s'il est bourré ou s'il est "clean").  

 

27. Numéro une.

Début poussif et convenu mais le film prend son envol comme la protagoniste (Emmanuelle DEVOS) poussée par les féministes d'Olympe à devenir la première femme à entrer dans le CAC 40. Richard Berry notamment dans le rôle du misogyne en chef. J'ai aimé le traitement de la relation au père, la seule qui subsiste quand les coups bas font tanguer les alliances professionnelles et jusqu'au couple. Un père hospitalisé, ancien prof de philo qui donne la réplique à une fille émancipée et attachée malgré tout, malgré le mystère qui entoure la mort d'une mère -suicide ou non?- quand la protagoniste avait 10 ans. Ce père qui meurt et cette proposition d'épitaphe: "la vérité: cette inconnue repose ici."

Et puis il y a cette image de femme noyée, troublante. D'une part parce que cette femme d'une autre époque au fond de l'eau dans sa voiture me rappelle une autre image (oui mais laquelle?), d'autre part parce qu'il est possible que cela renvoie à la mère, à l'amer, à la mer. Mer et ressac, répétition du mouvement, et comme une boucle, un sac à main bleu, une noyée à Deauville en ouverture comme en fermeture. Au moment de l'apogée, plongée dans les abîmes pour une autre, celle que la protagoniste peut-être a refusé avec une force d'âme extraordinaire de devenir.

 

26. The Square.

"Ce n'était pas inintéressant". Je devrais écouter les propos des spectateurs qui sortent plutôt que me fier à une palme d'or. Je n'ai pas accroché, malgré quelques fulgurances. Exploration des contradictions entre la volonté exhibée du Bien dont le lieu serait le musée, et la réalité quotidienne bien plus complexe, bien plus mêlée d'erreurs et de culpabilité.

J'ai aimé néanmoins la scène quasi finale de performance théâtrale animale: un homme mime un singe. Les spectateurs sont avertis: restez discrets, il ne vous verra pas. Les spectateurs, pris au piège de l'artifice, ne sauront pas rester discrets. Rire, réactions. Malaise. La comédie vire au viol devant une assemblée tétanisée, chacun étant bien content de ne pas avoir été pris pour cible. Et puis la meute couarde se jette sur l'animal. Artifice, réalité. Mécanismes de la peur. Qu'est-ce que le courage?

 

J'ai également aimé l'enfant qui gueule à l'injustice et engueule les adultes. Le protagoniste s'est fait voler son téléphone, il l'a géolocalisé et a glissé une lettre dans chacune des boîtes d'un immeuble. L'enfant a été accusé à tort de vol par ses parents et il réclame des excuses, rien d'autre que des excuses. Est-il si difficile de présenter des excuses? Il faut croire que oui.

 

25. L'Atelier.

Marina Foïs est joue une écrivaine qui anime un atelier estival d'écriture pour des jeunes désœuvrés de La Ciotat.De la page blanche à l'ennui, du tumulte à l'affrontement verbal, des bons sentiments à l'apologie du terrorisme, du refus d'écriture à l'écriture authentique, cet atelier est un lieu de parole, de liberté, et d'expériences, un lieu de vie.

C'est bien joué, notamment les deux protagonistes, mais pas seulement. Le jeune homme mystérieux est sans doute le plus intéressant: il dit ce qu'il pense, il est fasciné par les armes à feu et la mort, la violence, la possibilité d'un homicide gratuit, la tentation d'expériences qui le sortirait d'un quotidien pesant.Et si l'écriture, la création, le cinéma permettaient d'explorer tout cela, de mettre la lumière sur la part sombre de nos pensées?

 

24. Le sens de la fête.

Comédie réussie.  Version comique et adaptée à notre époque de l'histoire de Vatel.

Jean-Pierre Bacri y joue un traiteur aguerri et aigri, tout autant imbuvable qu'excellent dans son art. Olivier Nakache et Eric Toledano, auteurs et réalisateurs du film, ont le sens du tempo :nous suivons de manière dynamique les préparatifs du mariage de Pierre et Héléna dans un château du 17ème siècle. 

Ce récit d'une catastrophe annoncée donne à voir un joyeux bordel, fait de rebondissements à la fois incroyables et vraisemblables. La virtuosité des actrices et acteurs donne à l'ensemble un goût de chef d’œuvre comique, orchestrée par un traiteur intraitable, véritable chef d'orchestre d'une symphonie constamment improvisée au risque permanent de la cacophonie. Le sens de la fête est un très beau titre.

 

23. Espèces menacées.

 

 

Aussi réussi et beau que dur.

Tout commence par un mariage. Elle et lui, amoureux. Tout est bien qui commence mal. A la chaleur de l'amour et du désir succède très vite au cours de la scène initiale un froid, une jalousie, quelque chose qui coince. Thomas se compare au gendre désiré qu'il n'est pas, il le sait. Il se moque de son beau-père, qu'il imite. Il parle mal. Elle a besoin de se retrouver seule un moment. Il s'excuse. Tout est déjà là.

Le conflit : entre les générations, au sein des couples, et tout le reste.

 

Un an plus tard, les parents de la jeune fille sont inquiets. Elle ne donne plus de nouvelles. On sent qu'elle déteste sa mère et veut lui prouver (mais à quel prix!) qu'elle a fait le bon choix en épousant l'élagueur Thomas. Le père demande peu. Elle l'envoie promener.

 

Et puis, comme chez Yasmina Reza dans Heureux les heureux si je me souviens bien, il y a ces personnages nouveaux qui auront tous un lien entre eux, ce qu'on découvrira au fur et à mesure.

Il y a cette jeune femme enceinte qui annonce à son père qu'elle va se marier avec un homme de 63 ans, un professeur d'Histoire contemporaine de 40 ans son aîné. La difficulté à le lui dire, la difficulté à recevoir la nouvelle. Le père aussi veut annoncer à sa fille quelque chose de compliqué, une séparation? Un divorce?

Toujours est-il qu'on retrouvera ce père devenu voisin et témoin des violences conjugales que Thomas impose à sa femme. Thomas se montre possessif, violent, jaloux, et doux, capable de s'excuser et de promettre, véritable Janus bifrons. Son beau-père, dont le physique rappelle un peu celui de Me Dupon-Moretti, tente de protéger sa fille mais sans trop savoir comment faire: avertir Thomas, l'inviter à sa table pour Noël, respecter le choix de sa fille malgré lui, aller au commissariat...

Sa femme mettra en cause son pouvoir protecteur que sa fille recherche tant, en son père comme en son mari sans doute, aussi paradoxal que cela puisse paraître.

Et puis il y a, en relation avec le professeur d'Histoire contemporaine, un étudiant en thèse depuis des années, encore puceau, qui n'a pas coupé le cordon mais doit faire face à la séparation de ses parents: la mère en devient folle et brûle la voiture de son ex parti avec  une jeunesse, avant d'être internée en psychiatrie. Le jeune homme croisera le chemin de la femme de Thomas, le jour où elle osera aller demander de l'aide à une association qui vient en aide aux femmes battues. Malgré la violence, l'emprise de Thomas est trop forte et quand il l'appelle, elle décroche et se soumet à sa loi, alors même qu'elle était sur le point de briser le cercle vicieux dans lequel elle était enfermée. Partie avec le pick-up de Thomas, elle fait une manœuvre un peu trop rapide: c'est l'accrochage avec le jeune puceau qui lui laisse sa carte de visite. On en viendrait presque à espérer alors une rencontre, mais non. Thomas, jaloux, voudra s'en prendre au puceau, ou du moins à sa voiture.

 

Et puis il y a ce père, qui a tenté de protéger sa fille en respectant ses choix, acculé par les reproches de sa femme. Ce père qui va tout faire pour protéger sa fille. Jusqu'à ...

abattre en pleine forêt Thomas qui cherche, une énième fois à faire diversion. Trop tard. Il a fait trop de mal. L'homme est à la fois soulagé et accablé car on sent bien qu'il n'aurait pas voulu se résoudre à cette solution.

Et puis après la mort, il y a la vie. La jeune femme, déjà veuve et enceinte de Thomas, sur le point d'accoucher. En train de parler à une personne qui travaille dans une scierie: c'est la sortie de l'isolement, de l'emprise, de la peur et des larmes de douleur. Elle sourit, enfin.

 

J'ai beaucoup aimé ce film qui me fait penser, à plus d'un titre, à Yasmina Reza.

 

 

 

 

 

22. Les grands esprits.

 

Professeur à Henri IV, le protagoniste tient un discours convenu sur ce qu'il faudrait faire pour améliorer le système: cesser d'envoyer des professeurs inexpérimentés dans les établissements d'éducation prioritaire. Chiche? Une personne du ministère le prend au pied de la lettre et il est muté, pour une expérimentation, dans un collège de banlieue.

Ce professeur qui excellait en latin comme en humiliation publique avec ses élève change de décor et découvre l'univers impitoyable d'un collège qu'on imagine REP ou REP+.

Le choc est rude, mais il apprend rapidement à réfléchir aux apories auxquelles il est confronté: sa sœur l'éclaire sur le conditionnement de l'échec et il va revoir sa manière de faire. Découvrant les vertus de l'encouragement, ce professeur va apprendre à donner le goût d'apprendre, alors qu'il jugeait cela complètement inutile jusque là. Il va notamment s'attacher à Seydou, un élève qu'il a humilié en public par de l'ironie dont il se rend compte qu'elle était totalement déplacée. Il côtoie des enseignants qui pratiquent le "cd" (conseil de discipline) avec une régularité saisonnière déroutante, convaincus que c'est toujours pour le bien des autres élèves, non une facilité.  Jusqu'au jour où, après une bêtise puérile lors d'une sortie (un selfie avec celle qu'il aime dans la chambre du roi au château de Versailles), Seydou est exclu définitivement du collège sans sursis. Le professeur culpabilise, réalise les conséquences de cette exclusion qu'il interroge en salle des professeurs. C'est le clash. Pourtant, le professeur va se pencher sur les textes réglementaires, déceler plusieurs vices de forme et obtenir le retour de Seydou, qu'il sauve ainsi de la rue. 

Seydou, à la fin de l'année, réalise que celui qui va repartir à "François premier" (pour Henri IV), va lui manquer.

Film émouvant, assez juste, bien mieux réussi qu'Entre les murs que je n'avais pas aimé.

 

 

21. Le maître est l'enfant.

 

Documentaire tourné dans une école Montessori de Roubaix. On y suit des enfants qui écoutent leur intuition, agissent librement, concentrés sur les objets qu'ils touchent et choisissent selon leur intérêt du moment: on parle de périodes sensibles et les mots de Maria Montessori éclairent le documentaire: l'activité continue, la concentration, la non-intervention du maître (ou presque), les fenêtres de tir ou périodes sensibles (quand un enfant commence à s'intéresser aux mots et à l'écriture, son enthousiasme peut lui faire faire des merveilles. Les enfants sont libres de leurs mouvements, le tout se fait dans un grand calme. Il n'y a guère de coopération en revanche et l'individualisme semble exacerbé.

Les images sont belles, parfois drôles,  et le documentaire intéressant.

 

20. ça.

Adaptation d'un roman de Stephen King. Des enfants vivent dans une ville marquée par un taux exceptionnel de disparitions d'enfants. Maladroits et rejetés, ils s'associent en un club des ratés et vont chercher à surmonter leurs peurs: pour l'un c'est le souvenir de la mort dans un incendie de ses parents, pour un autre c'est la disparition de son petit frère, pour un autre encore ce sont les clowns...Et justement, c'est un clown, Grippe-sou, clown méchant et dangereux qui incarne leurs peurs et les dévore. Associés, ils vont réussir à aller au bout de leurs peurs et à vaincre le clown qui s'en nourrissait. Bonne distraction.

 

 

19.Nos années folles.

 

Beau film d'André Téchiné, tout en subtilité.

Elle aime son Paul qui l'aime en retour. Il ne veut plus repartir au front. Il évite de guérir puis déserte. Elle a l'idée de le travestir pour le sauver...

Paul devient Suzanne, la poupée de Louise. Après la guerre, il est un monstre qu'on exhibe, l'homme devenu femme, le soldat devenu déserteur amnistié. Il se plaît à être Suzanne.

Louise voudrait un enfant. D'ailleurs elle est enceinte, mais n'ose pas le lui dire car il n'en veut pas dans l'immédiat.

 

Elle veut s'affirmer et elle est prête à accepter beaucoup par amour. Oui mais jusqu'où?

Elle voudrait un "père normal" pour son enfant, et Paul a dû mal  à renoncer à Suzanne. Il faut une première crise pour qu'il décide de devenir père et qu'elle renouvelle son attachement à Paul.

Pourtant, tous deux s'engagent dans une impasse: elle voulait un enfant et le Paul qu'elle aimait. Il a découvert Suzanne et le monstre qu'il est devenu, la poupée manipulée.

Il veut s'affirmer, il lève la main sur sa femme, puis il élève la voix.

Ce qu'elle a accepté par amour conjugal, elle le refusera par amour maternel: elle tue sa poupée adorée.

Terrible fin pleine d'ambivalence: d'un côté Paul a été la chose de Louise qui va le tuer quand elle va réaliser en fait que l'amour est mort. D'un autre côté, Louise aimait un Paul qui n'est plus, à la fois Suzanne anormale à cette époque  et Paul violent, menace pour son enfant.

De quel côté est la violence? Violence physique, violence verbale, violence par balle? Violence de la passion, forme pathologique d'amour qui donne un très beau film.

 

 

18. Patti Cake$.

 

Patricia Dombrowski, alias Patti Cake$, a 23 ans. Elle rêve de devenir la star du hip-hop, rencontrer O-Z, son Dieu du rap et surtout fuir sa petite ville du New Jersey et son job de serveuse dans un bar miteux. Elle doit cependant s’occuper de Nana, sa grand-mère qu'elle adore, et de Barb, sa mère, une chanteuse ratée et totalement instable. Un soir, au cours d'une battle sur un parking, elle révèle tout son talent de slammeuse. Elle s'embarque alors dans une aventure musicale avec Jheri, son meilleur ami et Basterd, un musicien mutique et asocial.

J'ai aimé l'originalité du film, la bande sonore, les liens générationnels, le sourire de Jheri qui a son importance. C'est en effet après la séparation du groupe et la mort de Nana que Patti reçoit un appel avec une proposition de concert déterminante: les labels seront là. Jheri, toujours sans sa pharmacie, accepte de revenir dans groupe à une condition: proscrire le négatif et  la haine. Basterd présente Patti à sa défunte mère dans le cimetière où repose aussi la grand-mère. Le concert a lieu: désastre, des astres. La mère de Patti est là, et joint sa voix au morceau "amour amer". Avec le cinéma, comme avec le rap, "le tragique se transforme en magique".  Si le groupe n'est pas reconnu par O-Z, il triomphe à la radio et perce enfin. Film doux et violent, plein d'optimisme.

 

17. Hitman & Bodyguard.

Bonne distraction spectaculaire et drôle. Un garde du corps, noté triple A, a failli avec un client japonais et déchoit : il en est réduit à protéger des clients malades mentaux du type paranoïaque. Interpol ne lui fait plus confiance.

En parallèle, un chef d’État biélorusse sanguinaire et même génocidaire comparaît devant la cour de justice internationale de La Haye. Seulement voilà: tous les témoins potentiels sont éliminés successivement peu avant de pouvoir témoigner. Il en reste bien un, très dangereux, celui-là même qui sera le Hitman du titre, dont j'ai oublié le nom. Son transfert ultra-sécurisé et secret pour La Haye pourrait être réussi et il n'y aurait pas de film. Une taupe, qui n'est autre que le directeur-adjoint d'Interpol, fait échouer le transfert et Hitman en réchappe, avec l'agent Rouxelle (?), l'ex de Bodyguard vers lequel elle se tourne pour mener à bien une mission pour ainsi dire impossible: livrer le colis vivant à La Haye.

Occasion rêvée pour Boduguard de se remettre avec l'agent Rouxelle et de récupérer son triple A s'il réussit? Rien n'est moins sûr! Déjà il en veut à l'agent Rouxelle, qu'il pense responsable de son échec avec son client japonais. Il apprendra plus tard que c'est Hitman en personne qui avait en réalité abattu cette pourriture de marchand d'armes. D'ailleurs, les deux auront l'occasion d'un échange sur le Bien et le Mal: est-il du côté de ceux qui tuent les pourritures ou du côté de ceux qui protègent ces mêmes pourritures?

 

Hitman n'est pas l'incarnation du Mal en effet. On apprendra ainsi comment il s'est construit comme un assassin de pourriture, un protecteur d'innocents: son père, a été lâchement assassiné par un individu qui cherchait à commettre le mal pour le mal.

 

Hitman est mu par l'espoir de faire libérer sa femme, qu'il a rencontrée dans un bar au Honduras: Interpol s'y est engagé.

On a vu les motivations de Bodyguard: son triple A, et l'agent Rouxelle. Elle lui reconnaît d'être mauvais en tout, sauf dans la protection rapprochée des clients. Elle lui a promis son triple A s'il réussissait. Les deux se se sont rencontrés à l'occasion des funérailles d'un client, dans un contexte incroyable, celui qu'on ne peut pas imaginer ou prévoir. Or Bodyguard est la Raison là où Hitman est l'Intuition. Réécriture en 2017 de La Chèvre avec Depardieu et Pierre Richard.

Hitman a la chance avec lui. Il parvient toujours à tout et se laisse guider par son intuition. Bodyguard lui planifie tout, prévoit tout, et le binôme va tanguer!

 

Hitman a gardé son portable, ce qui permet aux poursuivants de les tracer.

Bodyguard va sauver la vie de Hitman et prendre soin de son colis.

Bodyguard téléphone à l'agent Rouxelle pour lui pardonner ...une faute qu'elle n'a pas commise! Elle éructe, et il ne comprend pas. Hitman va lui expliquer qu'elle n'y est pour rien. Il est l'assassin du client japonais. Hitman va donc sauver l'histoire d'amour de Bodyguard et lui sauvera la vie aussi, à un moment très...électrique, jusque dans la musique (scène de torture sur fond de musique électronique).

 

Le méchant ne serait pas à la hauteur s'il n'avait pas un plan B.

Quand le témoin se présente devant la cour malgré les nombreuses embûches, le président biélorusse met en cause la communauté internationale et revendique le droit de faire ce qu'il veut dans son pays...Dans l'immédiat, il fait ce qu'il veut aux Pays-Bas. Un semi-remorque chargé d'explosifs fonce sur le tribunal international, des agents biélorusses s'emparent d'un hélicoptère hospitalier pour venir exfiltrer leur chef.

L'agent Rouxelle démasque le directeur adjoint d'Interpol, qui sera abattu par Bodyguard blessé.

Hitman se marre quand le méchant essaie de sauver sa peau ...comme dans les films! Le président biélorusse tombe de haut et Hitman se laisse arrêter pour mieux s'évader ensuite et retrouver sa belle, à qui il avait offert, avant son arrivée, quelques tulipes sous le cadran de l'horloge qu'elle voyait de sa cellule.

 

Le film dure deux heures. Il y a peut-être un chouïa en trop mais j'ai passé un bon moment à regarder ce film qui est une distraction spectaculaire souvent drôle et assez réussie.

 

 

16. 120 battements par minute.

 

Bouleversant. Gorge nouée, larmes aux yeux.  Act-up. Combat démocratique pour la vie, contre la maladie, les préjugés et la mort. Des modalités d'action délibérément troublantes. Délibérations hebdomadaires "les RH" (réunions hebdomadaires), pratiques, accords, désaccords. Les actions spectaculaires. Les réactions. Les parcours singuliers au sein du groupe des activistes. L'amour, le sexe, la vie, la mort, la maladie aussi. La politique qui surgit là où le personnel politique voudrait sans doute qu'elle n'apparaisse pas. Visibilité homosexuelle, scène d'amour entre deux hommes. Le Sida, omniprésent. La mort exhibée, le corps de Jérémie, étudiant en Histoire,  promené dans les rues de Paris comme pendant la monarchie de Juillet. Les cendres de Sean, vivant et combattant jusque dans ses cendres, répandues sur les buffets de pâtisseries servis aux assureurs. Interventions intempestives dans les classes d'un lycée: accueils différents, point de vue du proviseur qui refuse d'installer des distributeurs de préservatifs dans son établissement contrairement aux recommandations ministérielles (ce sont des mineurs, et il ne faudrait pas les inciter à avoir des relations sexuelles) vs point de vue de la mère d'un enfant contaminé à 16 ans et décédé. Nathan et Sean. Jusque dans la mort. Sean au plus bas parce qu'il a peur, parce que Nathan lui manque. Nathan le branle, Nathan lui témoigne son amour et Sean va mieux, pour un temps seulement. Présence du groupe, fraternité combattante, fraternité dans la vie, la joie, les coups de gueule et dans la mort. Une construction efficace, une bande sonore très belle, des choix esthétiques en accord avec le sujet. Quel film!

 

15. Les proies.

Un film dont j'ai aimé la première partie...

Guerre de Sécession. Un "ventre bleu", un Yankee blessé, est accueilli dans un pensionnat de jeunes filles du Sud. Hospitalité par charité, froideur de Miss Martha qui dirige la maison mais accepte de soigner le blessé. Tout se passe bien et la présence du convalescent est cachée aux soldats du Sud qui passent régulièrement. Un homme dans un univers exclusivement féminin. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue...

Elles se parent, cherchent à l'approcher, à le séduire chacune à sa manière.

L'une d'elle, qu'il trouve très belle, lui dit son envie de partir loin d'ici.

La guérison est proche: il propose de rester comme jardinier, mais Miss Martha en a décidé autrement. Il partira. Les choses se précipitent alors, et tout bascule, surtout lui, dans l'escalier. En effet, surpris au lit avec une jeune pensionnaire par celle qui rêvait de partir avec lui, le capitaine John Mc Burn (?) est poussé dans l'escalier. L'amputation s'avère incontournable pour éviter la gangrène. A son réveil, l'homme autrefois reconnaissant va se mettre dans une colère terrible. On aurait mieux fait de le laisser mourir, plutôt que de le laisser vivre diminué. Qui plus est, il sait la vérité, que les deux jeunes visiteuses nocturnes ont cachée: officiellement, il aurait tenté d'agresser l'une d'elle, et l'autre l'aurait poussé dans l'escalier. Dès lors, il devient une menace qui terrorise la maisonnée. Il faut l'éliminer.

J'ai trouvé la bascule trop brutale, le titre inadapté et j'ai éprouvé un certain malaise en regardant la seconde partie du film. Dommage car il était bien parti.

 

 

14. Les filles d'Avril.

 

Film dur et dérangeant, écrit et réalisé par Michel Franco dont j'avais aimé le Despues de Lucia. Là encore il est question des relations parents/enfants : non plus sous l'angle du deuil et de la volonté de protection d'un proche, mais plutôt sous l'angle de la jalousie mère/fille et de la dévoration maternelle.

Valéria est enceinte, elle a 17 ans et vit à Puerto Vallarta au Mexique, avec Clara, sa demi-sœur. Elle semble pleinement heureuse avec son jeune et bel amoureux, Matéo. Elle tient aussi à se tenir à l'écart de sa mère.

La mère, Avril, apprend l'imminence de l'accouchement et débarque. Ravie, soucieuse du bien-être du bébé, elle semble parfaite. Un peu trop peut-être...

 

En effet, avec l'appui des parents de Matéo, qui désapprouvent une parentalité précoce alors que l'argent fait encore cruellement défaut, Avril organise l'adoption de la petite Karen ...à l'insu de ses propres parents! Ce moment m'a semblé invraisemblable malgré la minorité de Matéo et de Valéria. Impossible d'aller voir leur fille.

Colère de Valéria qui se replie sur elle-même. Avril séduit et manipule Matéo, lui permettant d'aller voir sa fille. Peu à peu, il va se laisser entraîner, d'abord par souci paternel, dans une machine infernale qui le conduira à entrer dans la cage dorée que lui offre Avril : bel appartement avec chambre pour Karen, achats et cadeaux, séduction et sexualité...J'ai été frappé par son absence de réaction. Peut-être pas au début car la manipulation est efficace, mais quand même, à un moment!

Avril nage dans le bonheur: elle joue la maman, elle joue la jeune et la mère, la femme d'un beau jeune homme, et accomplit ses rêves: faire des vidéos de cours de yoga. Quand elle projette une installation aux États-Unis, elle met en vente la maison qu'occupent Valéria et Clara, avant de reprocher à Matéo qui s'émeut de leur sort de penser à elles plutôt qu'à elle!

 

Quand un agent immobilier se présente à Valéria, elle va partir à la recherche de sa mère à Mexico...et retrouver un couple heureux et son bébé!

Avril est furieuse. Elle pense que Matéo a trahi le secret. Elle le rejette comme un malpropre avant d'abandonner Karen.

 

Pour récupérer son enfant, Valéria aura besoin du père. Elle jouera la comédie de l'amour le temps de récupérer son enfant et de fuir, seule, avec sa fille...

 

Le film est bien mené, bien construit, les personnages sont bien campés. Le rythme nous conduit à une fin ouverte moins tragique qu'on ne pouvait l'imaginer.

Il y a des silences, des invraisemblances: qu'en est-il de Clara? Que devient Avril après? Une telle naïveté d'un jeune père et compagnon est-elle possible, de bout en bout? Un tel détachement aussi vis-à-vis de Valéria est-il vraisemblable? Le droit vernaculaire permettrait-il un tel enlèvement?

Au-delà de ces questions, le film est d'une grande qualité.

 

 

13.Dunkerque.

 

Oppressant

Époustouflant

Beau

Émouvant.

Un film de Christopher Nolan qui raconte comment en mai 1940 Dunkerque est évacuée.

Encerclés par les Allemands, Français et Britanniques font face à la mer, sans issue. En effet, non seulement l'Angleterre se prépare à une bataille de grande ampleur et a besoin de ses forces et appareils, mais en plus les batailles maritime et aérienne représentent un grand danger. L'évacuation se fera d'une manière extraordinaire: les destroyers sont pris pour cible? Nous enverrons nos bateaux de plaisance chercher nos soldats. 500 000 hommes sont prisonniers de Dunkerque. 300 000 seront sauvés quand tout semblait perdu, y compris pour les blessés et les navires médicaux.

Oppressant: bateaux qui coulent, avions qui s'écrasent, soldats victimes des quatre éléments. La terre sur laquelle ils sont prisonniers. L'eau qui menace toujours de les asphyxier, notamment en cas de submersion. L'air quand les avions allemands bombardent la jetée, la plage ou encore les navires d'évacuation. Le feu, jusque sur l'eau, quand il se mêle au gasoil qui flotte et s'enflamme.  Mourir de faim ou de soif, bombardé ou noyé, asphyxié ou brûlé? Les alternatives sont nombreuses hélas.

Époustouflant: l'idée est géniale, l'image est magnifique et époustouflante: une armada de bateaux de plaisance approche de Dunkerque sans avoir besoin d'une jetée ni être des cibles bien identifiées pour les navires allemands.

Beau: on a de très belles scènes aériennes et maritimes. La bataille vue du ciel. L'eau à perte de vue. La beauté est aussi celle du patriotisme ordinaire des citoyens britanniques qui répondent à l'appel de Churchill.

 

Émouvant: le scénario est bien écrit, on suit quelques parcours singuliers en même temps que la grande Histoire; le rapprochement dramatique de situations simultanées (dans les airs, sur terre, sur ou dans la mer) intensifie efficacement l'émotion. Il y a évidemment l'oppression, l'étonnement, la beauté. Et notamment ce surgissement inespéré de "la patrie" sur mer.

Très bon film.

 

 

12. La planète des singes: suprématie.

 

Une fable sur le langage.

César, le chef des singes, a pour ennemi juré Konel, un soldat humain.

César a pour contre-exemple Koba, un singe qui s'est laissé enfermé par la haine. En gage de paix, il renvoie des prisonniers humains.  Pourtant, quand Konel au cours d'une attaque tue la femme et peut-être aussi le fils de César, le chef des singes éprouve de la rage et veut se venger, après avoir protégé les siens. Il ordonne donc aux singes de partir se mettre à l'abri dans un désert lointain et part lui à la recherche de son ennemi.

Quelques fidèles constitueront sa garde rapprochée en dépit de son souhait initial de partir seul: le singe à visage plat (Maurice) et deux autres.

En chemin, il croise un humain isolé qui cherche à les tuer par ruse. Il meurt, laissant derrière lui une petite fille (que les singes nommeront Nova) un peu particulière: elle est muette, ce qui émeut Maurice. Ils la prendront avec elle.

En cours de chemin, ils s'aperçoivent que les soldats de Konel tuent certains humains sur leur passage: les muets.

Ils vont également rencontrer un "méchant singe" -en réalité très rigolo- un singe de zoo rescapé et témoin de l'horreur: il existe un grand zoo humain où les gens sont en quarantaine. César demande à cet ermite qui a perdu un fils lui aussi de lui servir de guide.

 

Le "zoo humain" est en réalité un camp retranché, une sorte de camp de concentration -de singes prisonniers et exploités pour construire un rempart immense. Le camp rassemble des soldats blancs qui se réunissent et chantent qu'ils sont le début et la fin (alpha et oméga sont l'un de leurs symboles): leur chef unique, leur guide n'est autre que Konel.

Fait prisonnier, César va apprendre les motivations et les peurs de Konel: il est persuadé que les humains qui parlent sont menacés. Les muets représentent une menace sanitaire. Quand il s'est rendu compte que son propre fils était atteint par la maladie des muets, il l'a tué. Soldat rebelle, il se prépare à faire face aux autres soldats humains, convaincus de sa folie. Ces soldats ne seront pas pour autant les alliés des singes qu'ils redoutent plus encore que lui...

Évidemment le méchant suprématiste (suprême raciste) va finir par perdre et les singes par gagner. César, tiraillé entre sa rage pour l'assassin de sa femme et la nécessité de ne pas partager la folie meurtrière de Konel -comme de Koba- ne tuera pas son ennemi ...qui se donnera la mort lui-même quand il se rendra compte qu'il est à son tour lui aussi contaminé par le mutisme (véhiculé semble-t-il par la poupée de Nova, qui joue un rôle important pour aider les singes).

Dans le film, il y a celles et ceux qui ne parlent pas: des singes, la petite fille Nova, les humains assassinés parce qu'ils représentent une menace pour la pureté de la race blanche/humaine. Ils apparaissent toujours comme des bons, sauf pour Konel et ses troupes.

Il y a ceux qui parlent: il est frappant de voir qu'ils parlent tous la même langue mais ne se comprennent pas. Tout se passe comme si les mots étaient les maux, le langage la source des conflits, entre humains comme entre singes et humains.

Il y a ceux qui parlent les deux langues: les singes apparaissent au fond plus intelligents que les humains car ils savent se servir du langage mais savent aussi se parler sans parler (cf dans le camp, langage des gestes notamment).

 

Pour finir, il y a Konel, celui qui parle, celui qui s'écoute parler, celui qui convoque l'Histoire et s'enferme dans un mythe mortifère de la pureté de la race qu'il faut absolument préserver. Préserver les mots, conserver les maux. Et c'est précisément Konel en personne qui va être contaminé. Cohérent avec lui-même, il n'en devient pas bon pour autant. Il se suicide : son projet s'effondre, il est devenu tout ce qu'il a voulu combattre au cours de sa vie.

 

Je suis frappé par la concomitance du visionnage de ce film avec la lecture récente de Sapiens ( ordres imaginaires, mythes pour coopérer efficacement, concepts de pureté et de pollution, discriminations: cf. chapitre 8 notamment) et l'actualité américaine ( résurgence du Ku Klux Klan et des suprémacistes blancs, qui pourrait paraître totalement anachronique et qui pourtant se manifeste du côté de Charlottesville).

 

 

 

11. Un vent de liberté.

 

Beau film dont l'un des personnages principaux est la pollution à Téhéran. Y a-t-il un bon moment pour tomber amoureux.se?

Le film s'ouvre sur une scène de la vie quotidienne entre une mère et une fille complices: malgré son grand âge, la mère n'a de cesse de sortir le soir car elle est éprise de liberté.

Sa fille aussi: Niloufar vit un moment heureux dans sa vie. Elle est en train de fréquenter à nouveau un amour de jeunesse.

Pollution à Téhéran. Sujet central dans le film car les médecins diront après une alerte médicale anodine que la mère doit vivre loin de cet air pollué.

Elle partira vivre dans le Nord, accompagnée de Niloufar qui quittera sa vie de célibataire, son atelier de textile et mènera la belle vie aux côtés de celle qu'elle aime tant. Voilà ce que décident la sœur aînée et le frère de Niloufar. Elle est aussi riche et cupide qu'il est endetté. Ils vont même aller plus loin: pour apaiser le créancier du frère, ils lui proposent de s'installer à titre gratuit dans l'immeuble qu'occupait l'atelier de Niloufar depuis 10 ans. Elle part pour le Nord? L'atelier fermera!

Niloufar est au cœur de tensions et pressions affectives (sa mère), familiales (frère et sœur) et sentimentales (Soheil lui a caché l'existence d'un fils de 7 ans avec lequel il vit, ce qu'elle vit comme une nouvelle tentative de contrainte...).

Niloufar est un vent de liberté, qui interroge, conteste, fuit, reste insaisissable.

La fin est belle: elle accepte de partir avec sa mère, cette fois par un choix librement accepté, permettant à sa nièce chérie de poursuivre ses études; elle demandera son solde à son frère et à sa sœur pour permettre à son atelier textile de s'installer ailleurs. Quant à l'amour pour et de Soheil, la fin est ouverte, mais son choix ne semble en rien pouvoir le compromettre...

 

 

10. Incendies [exceptionnellement, film vu en DVD]

 

Plusieurs fois primé, ce film de Denis Villeneuve est une adaptation de la pièce de Wajdi Mouawad.

A la mort de leur mère, les jumeaux Jeanne et Simon reçoivent un testament qui les laisse pantois: ils doivent retrouver leur père présumé mort, ainsi que la trace dont ils ignoraient l'existence. Pour ce faire, ils devront parcourir le Moyen-Orient afin d'en apprendre davantage sur leurs origines et sur une mère bien loin de celles qu'ils ont connue...

La construction du film est redoutablement efficace:

1/ aujourd'hui: les jumeaux chez le notaire, le testament de la mère.

2/enquête menée par Jeanne, puis par Simon et Jeanne, avec alternance de retours en arrière racontant l'histoire de la mère qu'ils découvrent peu à peu.

 

On découvre que cette mère (Nawal), qui veut être enterrée tondue, nue et la face contre terre, cette mère qui confie à ses jumeaux deux lettres, l'une destinée à leur père réputé mort, l'autre adressée à leur frère inconnu, cette mère donc, a connu l'amour clandestin (avec Wahab, un Palestinien musulman alors qu'elle était chrétienne), la honte au sein de sa famille et de sa communauté natale, la séparation d'avec son bébé (qui sera marqué au pied comme Œdipe...), le départ contraint chez un oncle pour aller étudier à l'école.

Quand Jeanne arrive dans le village natal de sa mère, la honte est encore bien présente, des années après. Sa mère est un sujet de discorde entre les femmes du village.

 

Cette mère donc, étudie, devient une femme libre, qui ne désespère pas de retrouver son fils un jour. Contexte de guerre civile. Elle fuit et part à la recherche de ce fils. Scène de guerre civile: une milice chrétienne assassine les passagers de son autocar et y met le feu. Elle s'en sort car elle affirme être chrétienne, tente de sauver une enfant qu'elle arrache à sa mère musulmane. Les cris de la fille trahissent la réelle maternité et lui vaudront la mort. Notre héroïne continue son chemin.

L'orphelinat où son fils est arrivé? Il a été rasé par les soldats de Chemsdine. Son fils est-il mort ou a-t-il survécu?

Dans l'immédiat, il faut vivre, travailler au service du camp chrétien, valoriser sa connaissance du français, se faire passer pour une amie des chrétiens...jusqu'au jour où elle assassine quelques chefs chrétiens.

Arrêtée, emprisonnée durant 13 ans, elle n'en continue pas moins de garder espoir, de revendiquer sa liberté, et de chanter. On l'appelle même l'oiseau qui chante. C'est ce que rapporte son geôlier à Jeanne. Il se souvient très bien d'elle, même s'il est devenu depuis fort longtemps le concierge d'une école.

L'oiseau qui chante doit être libéré. Mais il faut la punir encore, lui passer l'envie de chanter, la salir à jamais. Le chef Abou Tarek va se charger de la violer. De ce viol naîtront deux jumeaux: Jeanne et Simon découvrent les conditions de leur naissance...

 

Ils connaissent le nom de leur père mais ignorent tout du frère disparu. Avec l'aide du notaire québécois et de son homologue local, ils vont aller plus loin dans leur enquête...

 

Nihad de mai: c'est sous ce nom que le fils abandonné a été inscrit dans l'orphelinat. Les dates coïncident. Il est le seul garçon déposé en mai 1970. Au moment de la destruction de l'orphelinat, les enfants ont été pris en charge par un homme qui témoigne. Nihad a été élevé, avait un vrai talent pour le tir. C'est un soldat, un sniper redoutable. Il a même été promu pour devenir le chef de la prison...où une certaine détenue n°72 chante tous les jours. Nihad alias Abou Tarek violera sa mère sans savoir qui il viole. La mathématicienne Jeanne comprend alors que "un plus un égale un " : son père et son frère ne font qu'un...

 

Jeanne et Simon retrouvent la trace de Nihad, qui vit en Amérique du Nord. Sa mère, avant de mourir, l'a reconnu un jour dans la piscine d'un hôtel où il était agent de sécurité ou surveillant de baignade aux pieds nus. Voilà comment elle a su que le père/frère était en vie. Voilà pourquoi elle a rédigé un testament invitant à une enquête. Seul l'aboutissement de cette enquête pouvait lui laisser espérer le pardon de ses enfants.

 

Jeanne et Simon remettent donc ...deux lettres à Nihad, avant de le laisser seul et de s'en aller. Il lit la première, adressée au père des jumeaux. Cette lettre mentionne le fait qu'il sera obligé de se taire. Il lit la seconde lettre, adressée au fils abandonné: il apprend ainsi que sa mère a été contrainte de l'abandonner mais n'a jamais cessé de l'aimer. Elle a tout fait pour le retrouver, jusqu'à faire de la prison et à se faire violer...par son propre fils!

 

Le testament prévoyait que si les deux lettres étaient remises à leur(s) destinataire(s), une autre lettre leur serait remise: Jeanne et Simon découvrent alors deux récits. Le premier est ignoble: ils sont nés d'un viol incestueux. Le second est noble: ils sont nés d'une histoire d'amour, celle d'une mère partie à la recherche d'un fils perdu. Ce second récit est beau car il rend beau le laid et permet aux jumeaux d'accepter leur histoire.

Film poignant qui m'a beaucoup touché et fait réfléchir...

 

 

9. Valérian et la cité des mille planètes.

Au 28ème siècle, Valérian et Laureline forment une équipe d'agents spatio-temporels chargés de maintenir l'ordre dans les territoires humains. Mandaté par le Ministre de la Défense, le duo part en mission sur l’extraordinaire cité intergalactique Alpha - une métropole en constante expansion où des espèces venues de l'univers tout entier ont convergé au fil des siècles pour partager leurs connaissances, leur savoir-faire et leur culture. Un mystère se cache au cœur d'Alpha, une force obscure qui menace l'existence paisible de la Cité des Mille Planètes. Valérian et Laureline vont devoir engager une course contre la montre pour identifier la terrible menace et sauvegarder non seulement Alpha, mais l'avenir de l'univers.

Un film fabuleux, extraordinaire, un objet cinématographique que j'identifie volontiers comme un chef d’œuvre! Mon enthousiasme ici est exceptionnel.

D'emblée, Luc Besson nous invite toutes et tous dans son univers. Les premières secondes m'ont agacé (alors on a les femmes, les noirs, les arabes, les asiatiques, etc.) mais en réalité, Besson nous attrape bien car après chacune des communautés commerciales apparaissent des êtres bizarres qui donnent le ton: faut-il avoir peur de l'étranger a priori? Spectateur, n'entre dans ce film que si tu acceptes l'étrangeté d'un univers fabuleux, extra-ordinaire, le monde imaginaire et imaginé par l'équipe du film de Luc Besson. Dans cet univers poétique, les monstres côtoient les humains, et l'on retrouvera certes une trame classique (le monde menacé, combat du bien contre le mal, histoire d'amour, humour, deuil, paradis perdu, pardon....)ainsi qu'en filigrane de lointains clins d’œil au spectateur qui connaît état d'urgence, migrations, capitalisme, menace de destruction par la guerre...); mais on est surtout embarqué dans un imaginaire qui est beau, drôle, et luxuriant. Le film est captivant, le scénario très bien construit car on ne voit pas passer les près de 2h20 du film.

Effets spéciaux, objets extraordinaires (animal transmutant, sorte de tirelire sur pattes qui multiplie ce qu'on insère en lui, boule énergique issue de la planète Mül, paradis perdu détruit par un général de la confédération des humains) répliques bien trouvées....

  • Au général qui invoque le protocole, l'héroïne dont les machines n'arrivent pas à identifier l'ADN pour authentifier l'appel répond: "Mais je me fous des protocoles, moi! " réplique qui vaut toutes les identifications.
  • "Fais la paix avec ton passé, sans quoi tu seras sans avenir!" (conseil de l'impératrice survivante de la planète Mül, qui a perdu sa fille (mais son énergie vitale a choisi de s'incarner dans celui qu'elle a trouvé bon: Valérian, le héros) et ses habitants à cause d'un général auquel elle accorde le pardon.

 

Bref, ce sont là quelques mots désorganisés et rapidement écrits, pour inviter à voir et à revoir une perle rare du cinéma.

 

 

8. Une femme fantastique.

Petit bijou très bien construit.

Marina et Orlando, de vingt ans son aîné, s'aiment loin des regards et se projettent vers l'avenir.
Lorsqu'il meurt soudainement, Marina subit l’hostilité des proches d'Orlando : une "sainte famille" qui rejette tout ce qu'elle représente. Marina va se battre, avec la même énergie que celle dépensée depuis toujours pour devenir la femme qu'elle est : une femme forte, courageuse, digne ... une femme fantastique !

 

Le film s'ouvre sur Orlando, un chef d'entreprise qui travaille dans le textile. Il est à la recherche d'une enveloppe qu'il avait préparée. Pour finir, il demandera une enveloppe et une feuille sur laquelle il écrira. Il retrouve une chanteuse (elle chante la fin de l'amour éphémère) qui pourrait être sa fille. D'ailleurs, on ne sait pas bien la nature de leur relation au démarrage. Ils vont au restaurant tous les deux. Joyeux anniversaire! Marina ouvre l'enveloppe et découvre un bon pour deux pour un voyage. Les deux s'aiment et doivent partir dans dix jours. Durant la nuit, Orlando se sent mal. Marina s'occupe de le conduire aux urgences, mais en quittant l'appartement il fait une chute dans l'escalier. A la clinique, Marina apprend la mort de son amant. C'est alors que les ennuis commencent pour elle....

La police va enquêter sur les conditions de la mort d'Orlando, et sa famille manifester violemment son rejet de Marina/ Daniel, au point de lui interdire l'accès à la veillée funéraire comme à l'enterrement. Reste une clé, qu'Orlando avait parmi ses effets personnels remis à Marina par la clinique. Cette clé est une part de mystère qui donnera l'occasion d'une scène amphibie au sauna.

Le film est captivant durant 1h30. Le dernier quart d'heure peine à trouver une fin, même si la scène finale est belle. Marina, chanteuse lyrique, se reconstruit après la perte et le violent rejet par l'art.

 

 

7. Été 93.

Premier film espagnol, écrit et réalisé par Carla Simon, récompensé à plusieurs reprises, à juste titre. Le film est un peu long à démarrer, et l'on ne comprend pas forcément tout tout de suite. C'est normal! Le film est tourné à hauteur d'enfant, et l'on suit la vie de la petite Frida avec ses yeux. Plongée dans une famille aimante et bienveillante (son oncle Esteve et sa tante Marga) avec une cousine adorable (Emma) qui est comme une petite sœur. 

Amour, jeux d'enfants, bêtises et puis ces piqûres qu'il faut faire, ces adultes avares de leurs explications. La maman de Frida est morte, malade. Son père aussi. Et c'est une nouvelle famille qui s'occupe d'elle, à la fois aimante et toujours facile à culpabiliser. La petite Frida en profite parfois, tiraillée qu'elle est aussi entre sa joie de vivre enfantine et sa tristesse de ne pas avoir ses parents, elle. Quand elle joue au téléphone, personne ne répond. Quand elle décide de fuguer parce que personne ne l'aime (du moins c'est ce qu'elle dit et s'imagine peut-être car sa mère est partie, elle ne l'aimait donc pas assez) , et ce, en dépit de la déclaration d'amour de la petite Emma ("Je t'aime bien, moi!), tout le monde s'inquiète jusqu'à voir revenir l'inconsolable rebelle: " Je quitterai la maison demain: il fait trop noir!"

Il y a de la beauté, des sourires, des moments tristes, de la lenteur et du jeu, des scènes de famille. Et puis une constante ambiguïté, jusqu'à la scène finale: inconsolable tristesse authentique? Nécessaire besoin d'attirer l'attention à soi pour se sentir aimée et vivante?

Le film donne en tout cas à voir les incidences de cette double perte, une fêlure que tout l'amour du monde ne saurait combler...

 

6. Les hommes du feu.

Beau film simple qui s'apparente un peu à un documentaire. Scénario bien rythmé, des moments drôles, d'autres émouvants.

Bénédicte Meursault arrive dans une caserne de l'Aude menacée de fermeture. Elle est la seule femme, elle a un très beau parcours derrière elle. Son grade va susciter la jalousie d'un pompier plus ancien. Très tôt, lors d'une intervention qu'elle commande (accident sur la voie publique, de nuit, deux véhicules légers, plusieurs victimes, pluie abondante) c'est la bourde: le lendemain, la police informe les pompiers qu'il y avait une autre victime, éjectée à 30 mètres des véhicules, dans le coma.

Au fil des interventions variées comme elles peuvent l'être dans la réalité -même si, pour des raisons de rythme, elles sont condensées- des liens se tissent à la caserne, et l'on découvre des hommes et une femme à la fois héroïques et faillibles, tout simplement humains. L'enchaînement rapide des moments de vies privées, comme la diversité des interventions, le scénario comme les moments drôles (la scène de l'accouchement dans le VSAV notamment) en font un joli petit film.

Nous sommes dans le Sud, la garrigue est là et le feu toujours à guetter car il démarre pour un rien et peut tout détruire. Le feu, c'est beau, de loin.

 

5. Le Caire Confidentiel.

Film égypto-suédois plusieurs fois récompensé, avec Fares Fares, écrit et réalisé par Tarek Saleh.

 

Nous sommes au Caire en 2011. Nous sommes un peu après la révolution de Jasmin mais avant les mobilisations de la place Tahrir et l'abdication du président égyptien Moubarak. La corruption touche toute la société, elle est la norme. L'inspecteur Nourredine, ni plus ni moins corrompu que les autres va enquêter sur le meurtre d'une chanteuse dans une suite du prestigieux Nile Hilton. Il découvre des vérités qui dérangent, l'implication de personnes très haut placées. Son oncle, d'un cynisme qui n'égale que son avidité et son opportunisme, le protège et le commande. Les temps politiques sont troubles et il n'est pas bon d'être un policier place Tahrir...

Polar captivant à la fin spectaculaire et émouvante à plus d'un titre. Le juste est puni quand l'injuste s'enfuit. La foule a-t-elle toujours raison? Quand elle dénonce un système corrompu et violent, se bat pour sa libération et sa liberté, il reste peut-être encore un espoir...

 

4. L'Ascension.

Bouleversant. La bande annonce laissait présager un film drôle. Je l'ai surtout trouvé très touchant. Pari fou, histoire d'un amour a priori impossible, d'une amitié avec un sherpa d'une belle simplicité; histoire d'une famille fière de son gamin, d'une cité fière de Samy parti pour ajuster ses actes à ses paroles: "Pour toi, je pourrais gravir l'Everest!"
8848m. Superbes paysages, présence de la mort qui redescend, l'échec rôde et Samy va galérer, se dépasser, se réaliser.
A voir jusqu'au bout pour savoir de quelle histoire s'inspire ce film.

 

3. Harmonium.

Film japonais de Koji Fukada.

Acte I: une famille et un mystérieux personnage.
La famille, c'est un père (Toshio) qui travailler sur place, dans son atelier. Quand un mystérieux personnage, en chemise blanche, se présente à lui, non seulement il l'embauche, mais il lui offre le gîte et le couvert.
La mère s'appelle Akié: elle prend soin de la maison et de sa fille. A table, la mère et la fille prient avant le repas. Pas le père.
Le père d'ailleurs parle peu.
La fille s'appelle je crois Hotutu. Elle joue de l'harmonium (sorte de piano) et se prépare pour un examen.
Le mystérieux personnage, c'est M.Yasaka. Un homme très bien apparemment. Il est très attentif. Il repère que la fille sèche ses leçons d'Harmonium car "la prof est sévère" et lui fait peur. Il va lui donner des leçons. Il est tellement gentil qu'Akié va vouloir en savoir plus sur lui: il a fait de la prison, pour un homicide. Il s'en veut encore et écrit régulièrement à la veuve. Petit à petit, Akié tombe sous le charme de cet homme dont elle se méfiait.

Prophétie n°1: un jour qu'ils vont pêcher au bord d'une rivière, Toshio prend à part M.Yasaka. Il est inquiet. M.Yasaka aurait-il trahi leur secret? Non. Pourtant, pour rire, M.Yasaka lui dit quelque chose comme: "J'ai fait de la prison pour un meurtre sans jamais te dénoncer alors que tu étais mon complice. Pendant que j'étais en prison, tu faisais l'amour à une belle femme et tu avais une fille. Je suis venu te ravir ton bonheur."

Peu après, c'est le drame. On retrouve la fille dans une mare de sang.Et M.Ysaka est en fuite.

Acte II: un fils recherche son père et le destin s'accomplit.

Nous sommes 8 ans après.
La fille n'est pas morte, mais handicapée à vie. Sa mère s'occupe d'elle avec une très grande attention. Personne ne peut approcher de sa fille. Akié désormais se lave les mains sans cesse et l'on comprend que c'est en réaction au traumatisme qu'elle a vécu au moment de l'accident de sa fille. A l'atelier, Toshio a embauché un nouvel apprenti, Takashi, qui se révèle être le fils de ...M.Yasaka!
M.Yasaka quant à lui recherché par la police.
Ce qui est nouveau, c'est que le couple est devenu couple. Alors qu'il y avait juxtaposition de solitudes dans l'acte I, à présent le mari et la femme se parlent et partagent davantage. Enfin, pas tout encore. Quand Toshio apprend que Takashi est le fils de M.Yasaka, il lui interdit de le dire à Akié....qui finira par l'apprendre pourtant.
La police aurait retrouvé la trace de M.Yakasa.
Tous les trois partent, avec Takashi, à sa recherche.

Prophétie n°2: Akié dit à Takasshi, pour rire..."Tu sais pourquoi on t'emmène avec nous? Eh bien, si on retrouve ton père, on te tuera devant lui" Lui dit accepter, comme il avait accepté précédemment les phobies d'Akié.
C'est le son d'un harmonium qui va permettre de retrouver la trace de l'individu repéré...il porte une chemise blanche, et donne une leçon d'harmonium à une petite fille. Est-celui? Non.

Dénouement: Tous repartent en voiture. Scène onirique: la mère et la fille sur un banc, au bord de la mère, la fille n'est pas handicapée. Réveil de la mère, des larmes sur les joues. Elle regarde sa fille...qui a aussi des larmes sur les joues. Auraient-elles fait le même rêve?
Arrêt dans une station service. Les femmes disparaissent. Quand les hommes vont les retrouver, il sera trop tard. Ils sont au bord 'une rivière, quand elles sont sur un pont, prêtes à sauter. La mère a une vision: M.Yasaka est là, qui la hante et l'invite à plonger. Elle plonge avec sa fille. Au final, après une échappée (mais de quel ordre?) qui laisse entrevoir le sursaut de la jeune femme handicapée, il semble que tous meurent, sauf le père, auquel il ne reste plus qu'à pleurer. Pleurer sur un malheur....qu'il a lui même provoqué!
Il y a là comme un parfum de malédiction qui rappelle l'histoire de Laios, condamné par les dieux pour avoir violé le jeune Chrysippe. Condamné à quoi? Il n'aura pas d'enfant. Et s'il en a un, celui-ci tuera son père et il épousera sa mère...

 

 

2 Hédi, un vent de liberté.

Film de Mohamed Ben Attia.

 

Kairouan en Tunisie, peu après le printemps arabe.
Hedi est un jeune homme sage et réservé. Passionné de dessin, il travaille sans enthousiasme comme commercial.
Bien que son pays soit en pleine mutation, il reste soumis aux conventions sociales et laisse sa famille prendre les décisions à sa place. Alors que sa mère prépare activement son mariage, son patron l’envoie à Mahdia à la recherche de nouveaux clients.
Hedi y rencontre Rim, animatrice dans un hôtel local, femme indépendante dont la liberté le séduit.
Pour la première fois, il est tenté de prendre sa vie en main.

 

Un film subtil et émouvant.

Quel choix faire?
On suit Hédi, fils aimant et docile, qui encaisse sans mot dire l'inégal amour de sa mère: elle ne jure que par Ahmed, l'aîné parti en France, qui est marié, a une fille et à qui tout sourit.
Hédi rencontre sa magnifique promise dans sa voiture. Peu loquaces, ils semblent s'aimer.

Quel choix faire?
A Mahdia, c'est un coup de foudre qui vient tout interroger. Hédi ment à Rim : à propos d'un appel téléphonique, puis par omission. Hédi se rend compte qu'avec elle, il ressent ce qu'il n'a encore jamais ressenti. Il aime à dessiner, elle lui fait prendre conscience qu'il peut réaliser son rêve.

Confort des certitudes vs force nécessaire pour aller vers l'incertain.
Mariage arrangé et durable vs amour partagé mais jusqu'à quand?
Huis clos familial vs itinérances internationales.

Quel choix faire?
Quand il prend sa décision, c'est la pagaille: la mariée et la belle-famille débarquent à la maison. La mère donne le change et part avec Ahmed à la recherche d'Hédi.
Exutoire.
Hédi maintient son choix.
Son frère lui dira séparément qu'il a raison, que lui-même n'envisage pas de revenir, contrairement à ce qu'espère la mère.
Quel choix faire?

 

1.Your name.

Film d'animation japonais réalisé par Makoto Shintai.

Mitsuha, adolescente coincée dans une famille traditionnelle, rêve de quitter ses montagnes natales pour découvrir la vie trépidante de Tokyo. Elle est loin d’imaginer pouvoir vivre l’aventure urbaine dans la peau de… Taki, un jeune lycéen vivant à Tokyo, occupé entre son petit boulot dans un restaurant italien et ses nombreux amis. À travers ses rêves, Mitsuha se voit littéralement propulsée dans la vie du jeune garçon au point qu’elle croit vivre la réalité... Tout bascule lorsqu’elle réalise que Taki rêve également d’une vie dans les montagnes, entouré d’une famille traditionnelle… dans la peau d’une jeune fille ! Une étrange relation s’installe entre leurs deux corps qu’ils accaparent mutuellement. Quel mystère se cache derrière ces rêves étranges qui unissent deux destinées que tout oppose et qui ne se sont jamais rencontrées ?
 
Objet étrange et déroutant pour un esprit occidental cartésien, ce film d'animation japonais vient interroger les notions d'unité et de double, de mémoire et d'amnésie, de temps qui passe et des liens qui nous lient. Lointain écho d'un mythe platonicien exposé en détail dans Le Banquet (http://philosophie.initiation.cours.over-blog.com/article-sur-l-origine-de-l-amour-selon-platon-48025000.html) Après le désarroi le trouble et l'incompréhension, surgit l'impression de comprendre (mais le faut-il?) cette affirmation de Mitsua et Taki (l'un et l'autre ne parviennent pas à retenir le nom de l'autre): "Depuis toujours, je cherche un endroit ou quelqu'un."