dernière modification: 30 août 2012.
- I. Les différentes formes du verbe.
- 1. Les 3 groupes.
Les verbes sont classés en trois groupes en fonction notamment de la désinence de l’infinitif.
Selon le grammairien belge Grévisse, il est possible de s’arrêter aux chiffres suivants pour les verbes effectivement utilisés :
1er groupe : près de 4000 verbes (90%). Verbes en –er, sauf aller.
2ème groupe : environ 300 verbes. Verbes en –ir, participe présent en –issant.
3ème groupe : 150 verbes environ, les autres verbes (-re, -oir, -ir)
Grévisse oppose les deux premiers qui sont vivants parce qu’ils continuent de s’enrichir au troisième qui ne fait plus d’enfants. La formation de nouveaux verbes se fait surtout à partir du modèle fourni par le premier groupe : radical+ -er : scanner, faxer, photocopier, surfer.
La construction de nouveaux verbes à partir du schéma propre au 2ème groupe est rare. Cependant le verbe « amerrir » ou plus récemment « amars(s)ir » ont été construits par analogie avec « atterrir ».
Il se crée parfois des verbes sur le modèle du premier groupe alors que le locuteur dispose déjà d’un verbe dont l’usage est consacré. Cela consiste à dire « émotionner » pour « émouvoir », « solutionner » pour « résoudre ». Ces néologismes ne vont pas contre le sens de la langue. Ils contribueraient même à sa simplification. Dans les cas où leur emploi peut être pénalisant, il vaut mieux les éviter. Clemenceau se moque d’un député qui proposait de « solutionner » un problème (au lieu de « résoudre ») en lui répondant : « On va s’en occupationner. »
En Afrique noire, les utilisateurs du français créent des néologismes sur le modèle du premier groupe avec assez de facilité :
Siester= faire la sieste.
Dévierger= dépuceler.
Gréver= faire la grève.
Cabiner= aller aux cabinets.
Torcher= éclairer avec une torche.
Le non-initié est surpris quand on lui demande : « Monsieur, est-ce que je peux vous torcher ? »
Pourquoi pas cet enrichissement de la langue par la création de néologismes ? L’utilisateur doit seulement connaître les situations où il vaut mieux éviter ces tournures parfois savoureuses.
Complément : En Français dans le monde…les expressions francophones les plus savoureuses, Patrick FANDIO.
- 2. Morphologie. Le verbe est un mot variable.
A la différence des autres mots, le verbe peut se présenter sous de nombreuses formes. Ces transformations dépendent de plusieurs critères. Elles peuvent ne se rapporter qu’à la désinence ou toucher aussi le radical.
Rappel de définitions :
On appelle radical ce qui constitue comme le noyau du verbe et désinence ou terminaison, l’élément qui change en fonction de différents critères.
Les verbes réguliers sont les verbes dont le radical reste le même et dont seule la désinence change. Pour les verbes irréguliers, la transformation concerne la désinence, mais aussi le radical (je vais, nous allons, j’irai, ils vont)
La désinence peut changer en fonction :
- De la personne ;
- Du nombre ;
- Du temps :
- Du mode (à l’infinitif, le verbe ne varie ni en personne, ni en genre, ni en nombre
Notons enfin que parfois la modification du radical est minime :
Geler : il gèle ;
Régler : il règle.
- 3. L’accord avec le sujet.
Le verbe s’accorde généralement avec le sujet (nom, groupe nominal ou pronom), mais parfois il est possible d’hésiter.
Toi et moi nous jouons au tennis.
Jimmy et toi vous jouez au tennis.
Toi et lui jouez au tennis.
- 4. Cas particuliers de l’accord du verbe avec le sujet.
L’accord avec le sujet pose parfois des problèmes quand il s’agit d’un nom collectif ou de noms coordonnés.
Au mois d’août la plupart partent en vacances.
Au mois d’août beaucoup partent en vacances.
Une colonie de sauterelles dévaste/dévastent les cultures africaines.
Ni Véronique ni Peggy n’aiment la bière.
La bière belge ou la bière allemande désaltèrent quand on les boit avec modération.
- Accord du verbe avec un sujet exprimant la quantité.
- Accord avec un groupe nominal
Au mois d’août la plupart d’entre eux partent en vacances.
Avec des groupes nominaux comme la plupart, nombre de, quantité de, le verbe prend la marque du pluriel. L’accord avec le singulier (« la plupart ») est celui qui s’imposerait en toute rigueur, mais la tendance est d’accorder au pluriel.
- Accord avec un pronom indéfini
Au mois d’août beaucoup partent en vacances, trop sont sur les plages, peu vont à la montagne.
Avec des sujets pronoms indéfinis de quantité comme beaucoup, trop, peu, etc., le verbe prend la marque du pluriel.
NB Dans la phrase « Je l’aime beaucoup », l’élément « beaucoup » est adverbe. Mais dans la phrase « Beaucoup partent en vacances », il est pronom indéfini. Idem pour « peu » ou « trop ».
- Accord avec un nom collectif sujet
Un nom collectif (on dit aussi un collectif) est un nom qui représente un ensemble constitué de plusieurs éléments. Il est écrit au singulier dans le dictionnaire.
Foule : nom commun singulier qui correspond à un grand nombre de personnes.
La foule resta calme en dehors de quelques agitateurs.
Dans ce cas, le mot « foule » est indéterminé. Il n’est pas suivi d’un complément permettant de savoir avec plus de précision la nature de ceux qui constituent cette foule. Le verbe prend la marque du singulier.
Distinguons deux cas :
Une colonie de sauterelles dévaste les cultures africaines.
Une colonie de sauterelles dévastent les cultures africaines.
Le verbe peut prendre la marque du singulier ou du pluriel. La règle peut être formulée ainsi : lorsque le sujet est un collectif suivi de son complément (ici « sauterelles ») le verbe peut être au singulier ou au pluriel. Le locuteur peut vouloir mettre l’accent sur l’ensemble ou sur la pluralité. Il choisira en conséquence le singulier ou le pluriel.
- Accord du verbe avec des éléments reliés par ni et ou.
- Eléments mis sur un même plan (conjoints)
Ni Véronique ni Peggy n’aiment la bière.
La bière belge ou la bière allemande désaltèrent quand on les boit avec modération.
Lorsque le locuteur place sur le même plan (ou comme faisant partie d’un même ensemble) les noms ou GN reliés par « ni » ou « ou », le verbe prend la marque du pluriel. La valeur est celle de « et » dans la négation ou la double possibilité.
- Eléments mis en parallèle, pas sur le même plan (disjoints)
Ni l’usage de la patience ni l’usage de la force ne parviendra à calmer la colère de ce peuple.
L’usage de la patience ou l’usage de la force parviendra à calmer la colère de ce peuple.
Dans les deux cas, la « patience » et « l’usage de la force » sont envisagés séparément et avec une idée d’opposition. Lorsque le locuteur considère les GN sujets reliés par « ni » ou « ou » comme deux éléments à envisager séparément (disjoints), voire en opposition, le verbe prend la marque du singulier. La valeur est celle de « ou » (ou l’un ou l’autre).
- Accord du verbe avec le sujet l’un…l’autre (l’une…l’autre), ni l’un …ni l’autre (ni l’une …ni l’autre)
Véronique aime bien la bière belge et la bière allemande.
L’une ou l’autre lui convient.
L’une et l’autre lui conviennent.
Véronique n’aime pas ces bières.
Ni l’une ni l’autre ne lui convient.
Ni l’une ni l’autre ne lui conviennent.
Dans tous les cas, le verbe prend indifféremment la marque du singulier ou du pluriel. Mais ce n’est pas le cas pour l’emploi avec « l’un ou l’autre » (« l’une ou l’autre »)
L’une ou l’autre convient.
- Accord avec le pronom démonstratif neutre c’est, ce sont.
C’est mon livre.
Ce sont mes livres.
Pronom démonstratif neutre c’ : le verbe prend la marque du singulier.
Pronom démonstratif neutre ce : le verbe prend la marque du pluriel.
ATTENTION : On dit « ce sont eux », « ce sont elles », mais « c’est nous/vous ».
- 5. Les modes personnels.
Quand un verbe peut être conjugué à une ou plusieurs des trois personnes du singulier et du pluriel, c’est qu’il est à un mode personnel.
- Difficultés de classement.
Si l’on en croit les grammaires traditionnelles, la distinction est facile entre les modes personnels : l’indicatif se rapporte à une situation réelle (« Je fais une croisière » ; l’impératif sert à exprimer un ordre ou un conseil (« Fais une croisière ») ; le subjonctif rend compte des faits virtuels.
Quand on y regarde de plus près, on se rend compte que malheureusement la réalité est beaucoup plus complexe : l’ordre peut être exprimé par un subjonctif (« Qu’il sorte »). L’indicatif peut être utilisé pour une action virtuelle, dont la réalisation est soumise à condition (« Faisons une hypothèse. J’ai de l’argent et je fais une croisière »). Le subjonctif peut se rapporter à une situation réelle (« Je regrette qu’il soit malade »).
Je fais une croisière.
Tu fais une croisière dans les îles.
Dans ces deux cas, celui qui parle emploie le présent de l’indicatif parce qu’il est persuadé que l’action évoquée existe bel et bien dans son monde. Elle est de l’ordre du certain.
Et soudain une soucoupe volante atterrit.
Celui qui écrit veut faire croire au lecteur que dans le monde qu’il a inventé une soucoupe s’est posée. Il présente l’événement comme certain et c’est pour cela qu’il emploie l’indicatif.
Tu feras une croisière.
Avec le futur, évidemment on ne peut être certain que l’action va se réaliser mais en choisissant ce temps de l’indicatif, celui qui s’exprime signifie qu’il croit que la réalisation de cette croisière est presque certaine, est fortement probable. S’il avait été moins sûr, il n’aurait pas utilisé l’indicatif mais, par exemple, le subjonctif : « Il se peut que tu fasses une croisière. »
Temps de l’indicatif : Il existe dix temps de l’indicatif : cinq temps simples et cinq temps composés.
Les cinq temps simples sont le présent, l’imparfait, le passé simple, le futur et le conditionnel présent.
Les cinq temps composés sont ceux qui sont construits à l’aide d’un auxiliaire (« être »ou « avoir ») : le passé composé, le plus-que-parfait, le passé antérieur, le futur antérieur et le conditionnel passé.
Construction des temps composés de l’indicatif :
temps
|
Temps de l’auxiliaire + participe passé
(indicatif)
|
Passé composé
|
Présent + participe passé
J’ai chanté
Je suis devenu(e)
|
Plus –que –parfait
|
Imparfait + participe passé
J’avais chanté
J’étais devenu(e)
|
Passé antérieur
|
Passé simple+ participe passé
J’eus chanté
Je fus devenu(e)
|
Futur antérieur
|
futur+ participe passé
j’aurai chanté
je serai devenu(e)
|
Conditionnel passé
|
Conditionnel présent+ participe passé
J’aurais chanté
Je serais devenu(e)
|
La construction se présente toujours de la même manière : un auxiliaire correspondant à l’une des formes simples de l’indicatif à quoi s’ajoute le participe passé du verbe conjugué. Dans certains cas, seule la différence d’orthographe permet de distinguer des verbes (« croire » et « croître ») : il croit/ il croît ; il crut/il crût ; il a cru/ il a crû. Aucune différence n’apparaît à l’oral.
Les temps du mode indicatif
Formes simples
|
Dans le passé
|
Au présent
|
Dans le futur
|
imparfait
|
Passé simple
|
présent
|
futur
|
Conditionnel présent
|
Je chantais
|
Je chantai
|
Je chante
|
Je chanterai
|
Je chanterais
|
Nous chantions
|
Nous chantâmes
|
Nous chantons
|
Nous chanterons
|
Nous chanterions
|
Tu finissais
|
Tu finis
|
Tu finis
|
Tu finiras
|
Tu finirais
|
Vous deveniez
|
Vous devîntes
|
Vous devenez
|
Vous deviendrez
|
Vous deviendriez
|
Il croyait
|
Il crut
|
Il croit
|
Il croira
|
Il croirait
|
Ils croissaient
|
Ils crûrent
|
Ils croissent
|
Ils croîtront
|
Ils croîtraient
|
Formes composées
|
Plus-que-parfait
|
Passé antérieur
|
Passé composé
|
Futur antérieur
|
Conditionnel passé
|
J’avais chanté
|
J’eus chanté
|
J’ai chanté
|
J’aurai chanté
|
J’aurais chanté
|
Nous avions chanté
|
Nous eûmes chanté
|
Nous avons chanté
|
Nous aurons chanté
|
Nous aurions chanté
|
Tu avais fini
|
Tu eus fini
|
Tu as fini
|
Tu auras fini
|
Tu aurais fini
|
Vous étiez devenu(e)s
|
Vous fûtes devenu(e)s
|
Vous êtes devenu(e)s
|
Vous serez devenu(e)s
|
Vous seriez devenu(e)s
|
Il avait cru
|
Il eut cru
|
Il a cru
|
Il aura cru
|
Il aurait cru
|
Ils avaient crû
|
Ils eurent crû
|
Ils ont crû
|
Ils auront crû
|
Ils auraient crû
|
Le mode impératif permet au locuteur de donner un ordre, un conseil, parfois de formuler un souhait, une prière, une interdiction. Avec la négation, il sert à formuler une défense.
Fais une croisière dans les îles/ Ne fais pas une croisière.
Faisons une croisière.
Faites une croisière.
Rappelons qu’à l’impératif, pour les verbes du premier groupe, à la 2ème personne du singulier, il n’y pas de « s » à la fin de la désinence. En revanche, le « s » est présent pour les verbes des autres groupes : finis, prends… ATTENTION cependant : va !
Notons aussi que la forme composée ne correspond pas à un passé, mais à un futur (avec l’idée d’une limite qui n’existe pas dans la forme simple) : Ayez terminé ce travail avant midi !
Ce qu’exprime l’impératif (ordre, souhait, défense, etc.) peut être manifesté par d’autres moyens : un adverbe (« Dehors ! »), une locution (« en route ! », un nom (« Chansons ! »). L’intonation, marquée par nos points d’exclamation, souligne, en général, l’injonction. Pour le souhait, il peut être aussi fait appel à des constructions du type : « Que ne suis-je riche ! » Un geste peut aussi suffire, mais nous quittons le domaine de la grammaire.
L’individu qui s’exprime opère en quelque sorte une sélection des informations et met à l’indicatif celles qu’il estime comme certaines ou probables dans le monde auquel il se réfère. Il met au subjonctif celles sur lesquelles il ne se prononce pas, celles qu’il n’assume pas, celles qu’il estime comme pouvant difficilement exister dans son monde, celles qui ne sont que de l’ordre du possible.
Je pense que tu feras cette croisière.
Celui qui parle utilise ici l’indicatif car il estime qu’il y a de très fortes probabilités pour que son interlocuteur fasse effectivement la croisière.
Je souhaite que tu fasses cette croisière.
Celui qui s’exprime utilise ici le subjonctif car cette fois, il n’est plus du tout sûr que la croisière se fera. Il le souhaite mais ne sait pas si son souhait se réalisera ou pas.
Les temps du subjonctif : présent, imparfait ; passé, plus-que-parfait.
Construction des temps composés du subjonctif : subjonctif passé (auxiliaire au présent du subjonctif+ participe passé) ; plus-que-parfait (auxiliaire à l’imparfait du subjonctif+ participe passé)
Les temps du mode subjonctif.
Formes simples
|
présent
|
imparfait
|
que ou qu’
|
que ou qu’
|
Je chante
|
Je chantasse
|
Il aille
|
Il vînt
|
Il sache
|
Il sût
|
Nous soyons
|
Nous fussions
|
Vous veniez
|
Vous vinssiez
|
Ils croient
|
Ils crussent
|
J’aie
|
J’eusse
|
Il ait
|
Il eût
|
Formes composées
|
passé
|
Plus-que-parfait
|
que ou qu’
|
que ou qu’
|
J’aie chanté
|
J’eusse chanté
|
Il soit allé
|
Il fût venu
|
Il ait su
|
Il eût su
|
Nous ayons été
|
Nous eussions été
|
Vous soyez venu (e,s)
|
Vous fussiez venu(e,s)
|
Ils aient cru
|
Ils eussent cru
|
J’aie cru
|
J’eusse cru
|
Il ait eu
|
Il eût eu
|
Certaines formes sont « théoriques » en ce sens qu’elles figurent dans le tableau des conjugaisons mais ne s’emploient pas, sauf par plaisanterie. Ainsi, on ne dit pas couramment « il faudrait qu’ils y crussent ». On évite aussi certaines tournures pour des raisons d’euphonie (pour éviter des rencontres de sons insolites) ; ainsi pour « qu’il eût eu ».
- 6. Les modes impersonnels.
Quand un verbe ne peut être conjugué à aucune des trois personnes du singulier et du pluriel, c’est qu’il est à un mode impersonnel.
Voyager est un plaisir.
Lounès et Carine aiment voyager.
Ils passent leur temps à voyager.
J’irai aux Etats-Unis en prenant l’avion.
En prenant l’avion plutôt que le bateau, j’irai plus vite.
Parti aux Etats-Unis depuis peu, il s’y est déjà fait des amis.
Les modes impersonnels ne sont pas conjugués et donc pas rattachés à l’une des trois personnes grammaticales. Ils se répartissent en trois grandes catégories : l’infinitif, le participe et le gérondif. Parmi les participes, on distingue les participes passés et les participes présents.
Les modes impersonnels sont invariables à l’exception du participe passé qui peut, dans certains cas, s’accorder en genre et en nombre avec ce à quoi il se rapporte, mais pas en personne.
L’infinitif ne se rapporte pas à une personne grammaticale. Il correspond à la forme du verbe fournie par les dictionnaires. Il ne se rapporte pas non plus à un moment sur la ligne du temps. Par ces deux aspects, il est très proche du nom.
L’infinitif est constitué d’un radical et d’une désinence, laquelle est importante pour classer les verbes en groupes.
L’infinitif peut jouer le rôle de sujet, COD, COI, COS, attribut du sujet (l’important est de voyager), complément circonstanciel de temps (avant de voyager, je dors), complément du nom (l’art de voyager).
L’infinitif peut devenir un nom dans des formules comme « On peut apporter son manger » (régional). Les philosophes utilisent très souvent l’infinitif comme nom. Il a privilégié le faire, reléguant au second plan l’être, le paraître et l’avoir.
Construction : le participe présent s’obtient généralement en ajoutant –ant au radical (chat+-ant). Il y a des exceptions à cette forme de construction. Dans certains cas, le radical est modifié :
Finir=> finissant
Croître=>croissant
Croire=>croyant
Savoir=>sachant
Avoir=>ayant.
Cette désinence est invariable.
Fonction : le participe présent, s’il ne se conjugue pas, exprime, comme les verbes, une action ou un état soumis à une durée.
Notons que le participe présent peut souvent être remplacé par une proposition relative.
Cette personne faisant de nombreuses croisières.
Cette personne qui fait de nombreuses croisières.
Le participe présent permet, en particulier, d’exprimer la simultanéité.
Il restait là, rêvant à ses chimères.
Invariable mais…
Le participe présent est invariable depuis une décision de l’Académie française qui date de 1679.
La forme variable subsiste dans des expressions figées comme « toutes affaires cessantes », les « ayants droit ».
Pour des raisons stylistiques, des écrivains, dans des cas tout de même rares, continuent de l’accorder.
- Participe présent et adjectif verbal
L’adjectif verbal se termine comme le participe présent par la désinence –ant. Il est parfois identique au participe présent du point de vue de l’orthographe, parfois légèrement différent. Comme l’adjectif verbal s’accorde et que le participe présent ne le fait pas, il importe de les distinguer, ce qui n’est pas toujours facile.
Des travaux fatigants.
Des tâches fatigantes.
Des tâches fatiguant le corps et l’esprit.
Notons que le participe présent se construit avec le radical plus la désinence –ant (fatigu+-ant). Il conserve donc le « u ».
- Le participe passé est la forme adjectivale du verbe. Il est construit, sauf pour les formes irrégulières, à partir du radical auquel s’ajoute la désinence –é, -i, ou –u. Le participe passé entre dans la construction de toutes les formes composées. Il est le seul mode impersonnel du verbe qui soit variable.
- Le gérondif exprime une action ou un état soumis à une durée. Il exprime la simultanéité :
J’irai au Maroc en prenant l’avion.
En prenant l’avion plutôt que le bateau, j’irai plus vite.
Le gérondif se distingue du participe présent par le fait que la construction est toujours du type « en »+ participe présent.
La victoire en chantant.
On prouve le mouvement en marchant.
Le gérondif correspond à un complément circonstanciel : « On prouve le mouvement par la marche ». Il évoque une action secondaire qui accompagne l’action principale.
- 7. Les auxiliaires.
Les auxiliaires « être » et « avoir » sont des verbes permettant différentes conjugaisons ou constructions avec un autre verbe.
Fonction des auxiliaires : les auxiliaires « être » et « avoir » sont des verbes qui servent pour la conjugaison d’autres verbes et d’eux-mêmes. Ces formes peuvent avoir une existence et un sens propres. Dans ce cas, ils ne sont pas auxiliaires. Quand ils sont auxiliaires, ils servent à la construction des formes composées du verbe, de la voix passive et de la forme pronominale.
L’auxiliaire « être » permet la construction d’une forme pronominale et de la voix passive.
Elles se sont regardées.
Formes composées du verbe.
Temps composés du mode indicatif
|
temps
|
Temps de l’auxiliaire
|
+ participe passé
|
Passé composé
|
présent
|
Je suis venu(e)
J’ai chanté
|
Plus-que-parfait
|
imparfait
|
J’étais venu(e)
J’avais chanté
|
Passé antérieur
|
Passé simple
|
Je fus venu(e)
J’eus chanté
|
Futur antérieur
|
futur
|
Je serai venu(e)
J’aurai chanté
|
Conditionnel passé
|
Conditionnel présent
|
Je serais venu(e)
J’aurais chanté
|
Temps composés du mode subjonctif
|
temps
|
Temps de l’auxiliaire
|
+ participe passé
|
Passé
|
présent
|
Que je sois venu(e)
Que j’aie chanté
|
Plus-que parfait
|
imparfait
|
Que je fusse venu(e)
Que j’eusse chanté
|
Temps composés du mode impératif
|
temps
|
Temps de l’auxiliaire
|
+participe passé
|
passé
|
présent
|
Sois venu(e) !
Ayez chanté !
|
La conjugaison de « être »
Mode indicatif
|
Formes simples
|
présent
|
Passé simple
|
Conditionnel présent
|
Je suis
|
Je fus
|
Je serais
|
Tu es
|
Tu fus
|
Tu serais
|
Il, elle est
|
Il, elle fut
|
Il, elle serait
|
Nous sommes
|
Nous fûmes
|
Nous serions
|
Vous êtes
|
Vous fûtes
|
Vous seriez
|
Ils, elles sont
|
Ils, elles furent
|
Ils, elles seraient
|
imparfait
|
futur
|
|
J’étais
|
Je serai
|
|
Tu étais
|
Tu seras
|
|
Il, elle était
|
Il, elle sera
|
|
Nous étions
|
Nous serons
|
|
Vous étiez
|
Vous serez
|
|
Ils, elles étaient
|
Ils, elles seront
|
|
Formes composées
|
Passé composé
|
Passé antérieur
|
Conditionnel passé
|
J’ai été
|
J’eus été
|
J’aurais été
|
Tu as été
|
Tu eus été
|
Tu aurais été
|
Il, elle a été
|
Il, elle eut été
|
Il, elle aurait été
|
Nous avons été
|
Nous eûmes été
|
Nous aurions été
|
Vous avez été
|
Vous eûtes été
|
Vous auriez été
|
Ils, elles ont été
|
Ils, elles eurent été
|
Ils, elles auraient été
|
Plus-que-parfait
|
Futur antérieur
|
|
J’avais été
|
J’aurai été
|
|
Tu avais été
|
Tu auras été
|
|
Il, elle avait été
|
Il, elle aura été
|
|
Nous avions été
|
Nous aurons été
|
|
Vous aviez été
|
Vous aurez été
|
|
Ils, elles avaient été
|
Ils, elles auront été
|
|
La conjugaison de « être »
Mode subjonctif
|
Formes simples
|
présent
|
imparfait
|
Que je sois
|
Que je fusse
|
Que tu sois
|
Que tu fusses
|
Qu’il, qu’elle soit
|
Qu’il, qu’elle fût
|
Que nous soyons
|
Que nous fussions
|
Que vous soyez
|
Que vous fussiez
|
Qu’ils, qu’elles soient
|
Qu’ils, qu’elles fussent
|
Formes composées
|
passé
|
Plus-que-parfait
|
Que j’aie été
|
Que j’eusse été
|
Que tu aies été
|
Que tu eusses été
|
Qu’il, qu’elle ait été
|
Qu’il, qu’elle eût été
|
Que nous ayons été
|
Que nous eussions été
|
Que vous ayez été
|
Que vous eussiez été
|
Qu’ils, qu’elles aient été
|
Qu’ils, qu’elles eussent été
|
Mode impératif
|
Formes impersonnelles
|
présent
|
Infinitif présent
|
Participe présent
|
Sois !
|
être
|
étant
|
Soyons !
|
Soyez !
|
passé
|
Infinitif passé
|
Participe passé
|
Aie été !
|
Avoir été
|
Eté
Ayant été
|
Ayons été !
|
Ayez été !
|
La conjugaison de « avoir »
Mode indicatif
|
Formes simples
|
présent
|
Passé simple
|
Conditionnel présent
|
J’ai
|
J’eus
|
J’aurais
|
Tu as
|
Tu eus
|
Tu aurais
|
Il, elle a
|
Il, elle eut
|
Il, elle aurait
|
Nous avons
|
Nous eûmes
|
Nous aurions
|
Vous avez
|
Vous eûtes
|
Vous auriez
|
Ils, elles ont
|
Ils, elles eurent
|
Ils, elles auraient
|
imparfait
|
futur
|
|
J’avais
|
J’aurai
|
|
Tu avais
|
Tu auras
|
|
Il, elle avait
|
Il, elle aura
|
|
Nous avions
|
Nous aurons
|
|
Vous aviez
|
Vous aurez
|
|
Ils, elles avaient
|
Ils, elles auront
|
|
Formes composées
|
Passé composé
|
Passé antérieur
|
Conditionnel passé
|
J’ai eu
|
J’eus eu
|
J’aurais eu
|
Tu as eu
|
Tu eus eu
|
Tu aurais eu
|
Il, elle a eu
|
Il, elle eut eu
|
Il, elle aurait eu
|
Nous avons eu
|
Nous eûmes eu
|
Nous aurions eu
|
Vous avez eu
|
Vous eûtes eu
|
Vous auriez eu
|
Ils, elles ont eu
|
Ils, elles eurent eu
|
Ils, elles auraient eu
|
Plus-que-parfait
|
Futur antérieur
|
|
J’avais eu
|
J’aurai eu
|
|
Tu avais eu
|
Tu auras eu
|
|
Il, elle avait eu
|
Il, elle aura eu
|
|
Nous avions eu
|
Nous aurons eu
|
|
Vous aviez eu
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Vous aurez eu
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Ils, elles avaient eu
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Ils, elles auront eu
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La conjugaison de « avoir »
Mode subjonctif
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Formes simples
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présent
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imparfait
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Que j’aie
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Que j’eusse
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Que tu aies
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Que tu eusses
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Qu’il, qu’elle ait
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Qu’il, qu’elle eût
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Que nous ayons
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Que nous eussions
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Que vous ayez
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Que vous eussiez
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Qu’ils, qu’elles aient
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Qu’ils, qu’elles eussent
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Formes composées
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passé
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Plus-que-parfait
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Que j’aie eu
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Que j’eusse eu
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Que tu aies eu
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Que tu eusses eu
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Qu’il, qu’elle ait eu
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Qu’il, qu’elle eût eu
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Que nous ayons eu
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Que nous eussions eu
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Que vous ayez eu
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Que vous eussiez eu
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Qu’ils, qu’elles aient eu
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Qu’ils, qu’elles eussent eu
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Mode impératif
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Formes impersonnelles
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présent
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Infinitif présent
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Participe présent
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Aie !
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avoir
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ayant
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ayons !
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ayez !
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passé
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Infinitif passé
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Participe passé
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Aie eu !
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Avoir eu
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Eu
Ayant eu
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Ayons eu !
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Ayez eu !
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- 8. Semi-auxiliaires et expressions servant à la conjugaison.
Certains verbes suivis d’un infinitif perdent leur sens premier et ajoutent des indications sur le verbe qui les suit.
Karim est en train de cueillir des fleurs.
Karim va cueillir des fleurs.
Karim vient de cueillir des fleurs.
Karim peut cueillir des fleurs.
Karim se met à cueillir des fleurs.
Comme Karim est allé à la campagne, il a dû cueillir des fleurs.
Les semi-auxiliaires correspondent au choix du locuteur pour donner des indications qui concernent la chronologie, l’aspect, le point de vue de l’énonciateur, etc.
- Le verbe « aller ». Quand il n’a pas son sens de « se rendre à », il introduit une idée de futur proche. Il peut aussi signifier que l’on est sur le point d’entrer (ou de ne pas entrer) dans une action ou un état : Il ne va tout de même pas se prendre pour Dieu le Père.
- Le verbe venir. Quand il n’a pas son sens habituel qui indique un déplacement, « venir de » permet de situer l’action exprimée par le verbe dans un passé très proche : Karim vient de cueillir des fleurs.
- Le verbe devoir. Quand il n’a pas son sens habituel qui indique une contrainte, « devoir » permet d’exprimer une probabilité : Comme Karim est allé à la campagne, il a dû cueillir des fleurs.
- Le verbe sortir. Il peut introduire l’idée d’une proximité. Nous sortons d’en débattre. Je sors d’en prendre. [assez rare]
- Le verbe vouloir. Dans un emploi régional (Est, Sud-Est), « vouloir » peut avoir un sens proche du semi-auxiliaire « aller » pour indiquer un futur proche et probable : Il veut pleuvoir ; il veut neiger ; on dirait qu’il veut faire beau.
Le verbe pouvoir. Quand il n’a pas son sens propre (avec l’idée de possibilité), il peut exprimer une éventualité : Karim peut cueillir des fleurs/ Il a pu s’arrêter pour cueillir des fleurs. = Il a dû s’arrêter= Il se sera arrêté (futur antérieur exprimant une éventualité)
- Verbes proches de « être ». Certains verbes, qui remplacent le verbe « être » dans la construction de l’attribut, peuvent révéler le jugement, le point de vue de celui qui s’exprime. Yves paraît revenir content de sa croisière. Aziz semble attacher beaucoup d’importance à l’imparfait du subjonctif. Younès passe pour avoir pris cette responsabilité. Celui qui énonce ces phrases n’est pas du tout sûr de la réalité des faits, il émet des doutes. Ces verbes sont parfois distingués des semi-auxiliaires et appelés modalisateurs parce qu’ils concernent l’attitude de l’énonciateur. Ils révèlent que celui-ci n’est pas sûr que ce qu’il dit soit vrai.
- 9. Voix active et voix passive.
La voix passive est toujours construite avec l’auxiliaire « être ». Elle consiste à organiser autrement l’information présentée par la voix active.
Le chat mange la souris.
La souris est mangée par le chat.
La souris a été mangée par le chat.
- Opposition entre les voix active et passive.
Explication traditionnelle (sémantique) : lorsque le verbe conjugué est à la voix active, le sujet fait l’action exprimée par le verbe.
A la voix passive, c’est sur le sujet que s’exerce l’action exprimée par le verbe.
Le sujet de la phrase active devient complément d’agent de la phrase passive ;
Le complément d’objet de la phrase active devient sujet de la phrase passive.
Explication plus récente (formelle) : l’explication traditionnelle accorde trop de place au sens. La voix active peut concerner une action subie : Je subis une opération.
Mieux vaut donc s’en tenir aux critères de forme évoqués précédemment :
Le sujet de la phrase active devient complément d’agent de la phrase passive ;
Le complément d’objet de la phrase active devient sujet de la phrase passive.
Cette critique de la présentation traditionnelle nous rappelle qu’il ne faut pas se contenter de définir le sujet comme « celui qui fait l’action ». D’abord, parce que dans les verbes d’état (« L’eau est froide »), il n’y a pas d’action et pourtant il y a un sujet. Ensuite, parce que dans une phrase négative (« Il ne dort pas »), il est difficile de dire que le sujet « fait l’action ».En outre, dans le cas de la voix passive, c’est le complément d’objet direct de la phrase active qui fait l’action exprimée par le verbe de la phrase passive, le sujet se contentant de la subir. Enfin, comme nous venons de le voir, le verbe, par son sens, peut exprimer une action subie.
- Construction de la voix passive.
La voix passive se construit avec l’auxiliaire être. L’auxiliaire de la voix passive est au mode et au temps du verbe de la phrase active.
Le complément d’agent correspond à la question par qui ? ou par quoi ? dans une construction à la voix passive.
Complément d’agent et complément du verbe passif : dans de nombreuses phrases passives, il n’y a pas de véritable agent. Le lac est entouré de roseaux. Il y a bien un complément, « de roseaux », mais il est difficile d’appeler celui-ci agent puisque ce n’est pas par« leur action »volontaire que les roseaux ont entouré le lac, ce ne sont pas de véritables agents. En conséquence, certaines grammaires ont remplacé « complément d’agent » par complément du verbe passif. C’est d’ailleurs l’expression qui figure dans la terminologie officielle de l’Education nationale.
En principe, la voix passive ne peut pas être construite avec un verbe intransitif : Il fermente.
Il est possible de dire « Il est fermenté » (idée d’un état) ou « Il a fermenté » (idée d’une action passée), mais non « On l’a fermenté ».
Des expressions comme « Il a été démissionné » ou « Il a été suicidé » créent, par ironie, une sorte de construction passive.
- 10. Les verbes pronominaux.
On parle de verbes pronominaux ou de construction pronominale lorsque le verbe est précédé d’un pronom personnel complément (me, te, se, nous, vous, se) qui est à la même personne que le sujet.
Ils se regardent [dans la glace.]
Ils se regardent [les yeux dans les yeux.]
La fourmi se lèche.
Les fourmis se lèchent.
On parle de verbes pronominaux ou de constructions pronominales dans tous les cas où le verbe est précédé d’un pronom personnel complément qui est de même rang (= à la même personne) que le sujet.
- Pronominal réfléchi. Ils se regardent dans la glace. [chacun]
- Pronominal réciproque. Ils se regardent les yeux dans les yeux. [l’un l’autre] Logiquement au pluriel, il est d’usage le plus souvent d’ajouter une précision pour éviter toute confusion avec le réfléchi. Cependant, si la précision est redondante, on parle de pléonasme : ils s’interpellent entre eux.
- Verbes pronominaux lexicalisés.
Les verbes pronominaux lexicalisés sont des verbes dont la forme pronominale se trouve dans le dictionnaire. On peut distinguer deux cas :
- Verbes pronominaux autonomes. Quand la forme non pronominale existe mais avec un sens tout autre. Se battre = en vouloir. Mes sœurs se battent (en veulent). Alors que battre signifie frapper, donner des coups.
- verbes essentiellement pronominaux. Quand la forme pronominale est la seule construction possible : s’enfuir, s’ingénier, se désister, s’abstenir, se repentir, etc.
Le beurre se bat.
Evidemment, dans l’exemple ci-dessus, le beurre n’est pas en train de se battre avec lui-même : ce n’est donc pas une forme pronominale réfléchie.
« Le beurre se bat » ne veut pas dire non plus que le beurre en veut : il ne s’agit donc pas d’un verbe pronominal lexicalisé.
En revanche, on pourrait paraphraser par « le beurre peut être battu (par la fermière) ».
On s’aperçoit donc qu’ici nous avons un verbe pronominal passif.
Les constructions pronominales passives sont des constructions pronominales qui ne sont ni réciproques ni réfléchies et qui ont, comme leur nom l’indique, un sens passif.
Ces salades se sont bien vendues.
Pour cette phrase, il est possible de trouver un équivalent (« Ces salades ont été vendues facilement »). Il s’agit de la voix passive sans complément d’agent.
Verbes impersonnels : la construction pronominale passive peut se combiner avec la forme impersonnelle.
Il se propagea beaucoup de fausses nouvelles.
Il se révéla qu’ils avaient menti.
On pourrait transformer ces phrases en :
Beaucoup de fausses nouvelles furent propagées.
Qu’ils avaient menti fut révélé.