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DICTIONNAIRE DES MOTS ADOPTES

ELOGE DE LA FRANCOPHONIE

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RECENSEMENT DES TEXTES

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RECENSEMENT DES TEXTES AUTOGRAPHES.

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ABECEDAIRE ANTIQUE.

Cicéron

ABECEDAIRE MYTHOLOGIQUE.

éléments de religion romaine

Les esclaves dans la société romaine antique de la fin de la République

la mort dans la Rome antique de la fin de la République

Coin cinéma n°1

coin cinéma n°2

coin cinéma n°3

coin cinéma n°4

coin cinéma n°5

coin cinéma n°6

Coin cinéma n°7

GRAMMAIRE FRANCAISE

LES NOTIONS DE BASE

LE NOM

homonymes, paronymes

LE VERBE

le verbe et ses assistants

les différentes formes du verbe

Valeurs temporelles, aspectuelles et modales des temps de l'indicatif

le subjonctif et l'impératif

PRINCIPAUX ACCORDS

accord des noms

accord des adjectifs et des déterminants numéraux

accord des participes passés.

LA PHRASE

mémento grammatical

mémoire musicale

Oscar Wilde

Coin cinéma n°1

30. Polisse

 

Réalisé par Maïwenn
Avec Karin Viard, Joey Starr, Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle, Karole Rocher, Emmanuelle Bercot, Frédéric Pierrot, Arnaud Henriet, Jérémie Elkaïm, Maïwenn

Accord parental conseillé
Durée : 2h07. - Genre : Drame
Sortie nationale le 19/10/2011 - En salle depuis le 14 octobre

Synopsis

Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs), ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs, les auditions de parents maltraitants... mais aussi la pause déjeuner où l'on se raconte ses problèmes la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables. Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l'équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ?

 

Bouleversant. Salle comble le 25 octobre. Mouchoirs sortis. Le film ressemble à un documentaire. Distribution exceptionnelle au service d'un sujet dont la société ne parle pas en réalité, du moins d'une manière aussi concrète et crue, préférant se réfugier derrière des mots talismans qui permettent au tabou de persévérer. La construction en forme de mosaïque inachevée permet de suggérer la réalité  (rôle de la hiérarchie) dans sa complexité. Il m'a manqué une ou deux scènes de relations saines entre adultes et enfants. La chute m'a semblé un peu trop facile -l'enfant qui se reconstruit, la policière qui se suicide- et jouer de nouveau sur les émotions. Une fois de trop?

29. The artist

Réalisé par Michel Hazanavicius
Avec Jean Dujardin, Bérénice Béjo, John Goodman, Penelope Ann Miller, Malcolm Mcdowell, Missi Pyle, James Cromwell, Bitsie Tulloch, Beth Grant, Beau Nelson

Tous publics
Durée : 1h40. - Genre : Comédie
Sortie nationale le 12/10/2011

Synopsis

Hollywood 1927. George Valentin est une vedette du cinéma muet à qui tout sourit. L'arrivée des films parlants va le faire sombrer dans l'oubli. Peppy Miller, jeune figurante, va elle, être propulsée au firmament des stars. Ce film raconte l'histoire de leurs destins croisés, ou comment la célébrité, l'orgueil et l'argent peuvent être autant d'obstacles à leur histoire d'amour.

 

 

Pari réussi d'un film muet en noir et blanc en 2011. Le jeu des acteurs n'en est que davantage mis en valeur. Après vingt minutes nécessaires à l'adapation à cette forme inahituelle, le charme opère...jusqu'à la fin.

28. Des hommes libres.

 

LES HOMMES LIBRES

En avant-première
Réalisé par Ismaël Ferroukhi
Avec Tahar Rahim, Michael Lonsdale, Mahmoud Shalaby, Lubna Azabal

Tous publics
Durée : 1h39. - Genre : Film historique
Sortie nationale le 28/09/2011 - En salle depuis le 27 septembre

Synopsis

1942. Dans Paris occupé, Younes, un jeune émigré algérien, est arrêté par la police française. Il accepte d'espionner pour son compte la Mosquée de Paris, que la police soupçonne de délivrer de faux-papiers à des Juifs et à des résistants. À la mosquée, Younes rencontre le chanteur Salim Halali et se lie d'amitié avec lui. Il découvre rapidement que Salim est juif. Malgré les risques, Younes met un terme à sa collaboration avec la police et se métamorphose progressivement en combattant de la liberté.

 

 

Si le démarrage est un peu fastidieux, c'est un beau film qui évoque une résistance jusque-là méconnue du grand public: la résistance musulmane et algérienne de la Mosquée de Paris pendant l'Occupation. Benjamin Stora, historien spécialiste de l'Algérie, a assisté Ismaël Ferroukhi. Notons cependant que selon d'autres historiens dont Michel Renard, cette résistance serait exagérée très largement dans la fiction: le recteur de la Mosquée aurait joué la carte de la neutralité et la Mosquée n'aurait pas été un lieu de résistance. Le seul fait avéré serait la délivrance d'une fausse attestation de musulmanéité au chanteur Selim (Simon) Halali. J'ai retrouvé dans ce film des acteurs bien connus que j'apprécie: le père de Brahim dans Fortunes joue un médecin hospitalier;une actrice algérienne qui joue dans bon nombre de films en rapport avec l'Algérie; l'un des protagonistes du beau film Des hommes et des dieux.

Sans être exceptionnel, ce film se laisse regarder et écouter car la bande sonore est fort agréable aussi.

 

27 Une séparation.

 

Titre original : JODAEIYE NADER AZ SIMIN

Réalisé par Asghar Farhadi
Avec Peyman Moaadi, Leila Hatami, Sareh Bayat, Shahab Hosseini, Sarina Farhadi, Merila Zare'i, Babak Karimi, Kimia Hosseini

Tous publics
Durée : 2h03. - Genre : Drame
Sortie nationale le 08/06/2011

Synopsis

Lorsque sa femme le quitte, Nader engage une aide-soignante pour s'occuper de son père malade. Il ignore alors que la jeune femme est enceinte et a accepté ce travail sans l'accord de son mari, un homme psychologiquement instable...

 

Une séparation. On pense aussitôt à un divorce et le film s'ouvre en effet sur une scène de recherche de conciliation. Elle veut profiter d'un visa pour partir à l'étranger, lui veut rester: ils ne s'entendent pas à propos de leur fille. Nader invoque la nécessité d'être aux côtés de son père qui souffre d'Alzheimer. Elle répond qu'une aide soignante pourrait s'occuper de lui. Pas de terrain d'entente. Elle décide de partir, en réalité chez ses parents. Nader continue de travailler et engage une aide-soignante. Lé désaccord est constaté mais la violence est absente. Après cette ouverture, on est plongé dans le quotidien de la maladie d'Alzheimer et on en oublie la séparation: l'aide-soignante fait de son mieux, jusqu'au drame. Alors qu'elle s'est absentée et qu'elle a attaché le papy, Nader rentre chez lui et trouve son père inconscient, attaché, au sol après une chute. Après s'être occupé de son père, il voit arriver l'aide-soignante, toujours accompagnée de sa fille. Nader s'emporte et la chasse. Bruits dans l'escalier. Chute. Fausse couche. Nader est accusé d'homicide, l'aide-soignante de mauvais traitements. Le drame est noué. La fille de Nader est témoin des rebondissements d'une intrigue: ses parents cherchent son assentiment jusque dans leurs problèmes de couple et d'adultes, faisant peser sur ses épaules une responsabilité qu'ils n'assument pas.

Ce qui est beau dans ce film c'est qu'on suit chacun avec ses motivations, qu'on épouse les différents points de vue et qu'on peut avoir le sentiment que tous ont raison, ce qui rend le drame plus beau et plus complexe encore: l'aide-soignante qui semble pieuse et dévouée, qui a perdu son enfant en couches; son mari qui s'emporte très facilement et dont la colère semble légitime, empêtré qu'il est dans les difficultés financières, impuissant devant la perte de son enfant et une justice en laquelle il ne croit pas; Nader, accusé d'homicide alors qu'il s'est emporté parce qu'il a vu que son père avait subi des mauvais traitements, sa femme, parce que sa force de caractère apparente séduit. La question de la justice et celle de la vérité sont omniprésentes, jusque dans l'exclamation finale du père colérique qui dit à sa femme, emplie de scrupules avant de mentir sur le Coran: "Je prends le péché sur moi!". La vérité sort de la bouche des enfants...Les enfants justement: leurs regards sont magnifiques. Observateurs impuissants, ils encaissent, sans avoir de prise réelle sur le monde des adultes qui les entoure violemment. 

La scène finale, ouverte, est fort belle: tribunal, le père, la mère et...leur fille. Le juge lui demande de choisir, selon la volonté parentale, entre ses deux parents: "Avec qui souhaites-tu rester? Le sais-tu?" "Oui, je le sais." Larmes aux yeux. Le juge demande aux parents de sortir. Les noms des acteurs défilent au centre de l'écran, divisant le couloir du tribunal en deux: d'un côté, à droite au premier plan, le père; de l'autre, à gauche, au second plan, la mère. Une séparation...


 

26. Sexe entre amis.

 

 

Titre original : FRIENDS WITH BENEFITS

Réalisé par Will Gluck
Avec Justin Timberlake, Mila Kunis, Patricia Clarkson, Jenna Elfman, Bryan Greenberg, Richard Jenkins, Woody Harrelson

Tous publics
Durée : 1h50. - Genre : Comédie romantique
Sortie nationale le 07/09/2011 - En salle depuis le 6 septembre

Synopsis

Jamie et Dylan sont sur la même longueur d'onde : convaincus que l'amour est un mythe, ils ont tous les deux totalement renoncé aux sentiments pour se consacrer uniquement au sexe. En expérimentant le « sexe entre amis », ces deux célibataires sans attaches pourront-ils éviter tous les pièges qui les guettent ? Ces adultes blasés des promesses trompeuses trop entendues dans les comédies romantiques vont être surpris par la tournure que leur relation risque de prendre...

 

Une comédie romantique pleine d'humour qui permet de passer un bon moment...entre amis! La mise en abîme des comédies romantiques auxquelles les deux protagonistes ne croient plus est intéressante. Les personnages secondaires aussi: une mère qui prône la liberté sexuelle à sa fille qui aimerait savoir l'identité de son père, un père qui souffre de la maladie d'Alzheimer qui provoque une gêne publique de son fils très attaché au regard des autres et aux images qu'on donne à voir aux gens, un petit frère magicien en herbe...

 

 

 

25. R.I.F.

Réalisé par Franck Mancuso
Avec Yvan Attal, Pascal Elbé, Talid Ariss, Armelle Deutsch

Tous publics
Durée : 1h30. - Genre : Film noir-policier
Sortie nationale le 31/08/2011

Synopsis

Stéphane, commandant à la PJ de Paris, part en vacances avec son fils et sa femme Valérie... qui disparaît sur une aire d'autoroute. Projeté du côté des victimes, il doit laisser la gendarmerie, puis le RIF (Recherches dans l'Intérêt des Familles) mener l'enquête.Les soupçons se tournent rapidement vers Stéphane, que sa femme envisageait de quitter. Lorsque le RIF révèle au grand jour plusieurs indices, tout accable Stéphane. Il est alors placé en garde à vue, le temps que la vérité soit rétablie...

   Bon film. Le flic et le gendarme sont bons. La construction efficace.

 

 

 

 

 

 

24.La piel que habito.

 

 

LA PIEL QUE HABITO 

Réalisé par Pedro Almodóvar
Avec Antonio Banderas, Elena Anaya, Marisa Paredes, Jan Cornet

Accord parental conseillé
Durée : 1h59. - Genre : Film noir-policier
Sortie nationale le 17/08/2011 - En salle depuis le 11 août

Synopsis

Depuis que sa femme a été brûlée dans un accident, le docteur Robert Ledgard se consacre à la création d'une nouvelle peau, grâce à laquelle il aurait pu la sauver. Douze ans après le drame, il réussit à cultiver une peau qui est une véritable cuirasse. Outre les années de recherche et d'expérimentation, il faut aussi à Robert un cobaye, un complice et une absence totale de scrupules. Marilia, la femme qui s'est occupée de lui depuis le jour où il est né, est la plus fidèle des complices. Quant au cobaye...

 

J'ai beaucoup aimé ce film qui m'avait été recommandé alors que j'avais des réticences à le voir, Almodovar n'étant pas pour moi un gage de qualité.

Très beau film, bien construit: il met en scène un chirurgien excellent aux pratiques secrètes, car le comité d'éthique ne les approuverait pa. Le film repose sur un retour en arrière explicatif fort clair.


Un homme donc, chirurgien spécialiste des greffes, l'un des seuls au monde à avoir pratiqué des greffes du visage, vit entouré d'une gouvernante et de quelques domestiques. Une femme est enfermée chez lui, manifestement séquestrée dans une chambre où elle pratique le yoga, comme le montrent les écrans auxquels rien n'échappe. Le médecin semble prendre néanmoins prendre soin de cette femme qu'il sculpte, Pygmalion des temps modernes. Cette homme vit dans le luxe et aime le beau, comme en témoigne sa maison comme les toiles qui l'ornent. Tout est mystérieux néanmoins au début car on ne comprend pas bien le rapport qu'entretiennent ce médecin et cette patiente particulière, jusqu'à ce qu'arrice un personnage déguisé à l'occasion du carnavel en tigre. Il s'agit du fils de la gouvernante, en cavale après un braquage: impulsif, il demande de l'aide à sa mère qui cherche à l'éloigner jusqu'à ce que ...l'homme déguisé en animal à queue aperçoive à l'écran la beauté séquestrée. Il me semble important que l'homme en question porte une seconde peau, animale: loin de libérer la beauté, il va l'abuser, ce qui lui vaut une sentence immédiate. Robert, de retour, surprend la scène, tue le tigre et, à nouveau prend soin de la séquestrée, victime d'un viol. Le tigre a pris la jeune femme pour une autre: l'épouse brûlée vive du médecin. Que de mystères...Quand la jeune femme interroge la gouvernante sur cette confusion, la vieille femme dévoile une partie de son histoire: elle était la gouvernante des Ledgar et a eu deux enfants: le tigre (Sega?) et un enfant de M.Ledgar père, dont la femme était stérile: ils ont élevé ce fils providentiel, Robert, devenu le Dr Ledgar, demi-frère de Sega qu'il assassine et dont il se débarrasse du corps...

Robert a eu une femme fort belle, tombée amoureuse de Sega qui est partie avec elle, jusqu'à un certain accident de voiture où la femme a péri brûlée vive...D'où la confusion au moment du viol. Le médecin façonne sa captive en cherchant à la faire ressembler à son épouse décédée...Mais qui est sa captive?

 

Un long retour en arrière nous permet de le comprendre. Le docteur a eu une fille, elle-même violée par un homme, Vicente, qui travaille la seconde peau des femmes: il assmble lui aussi les tissus pour confectionner des robes féminines, en compagnie de sa mère et de Cristina, une collègue homosexuelle dont il est épris... Robert veut venger sa fille, enlève Vicente et lui fait subir, dans le plus grand secret de son laboratoire occulte, une vaginoplastie. Le violeur deviendra femme à son tour; il ne sera plus une menace et pourra même devenir une proie... Vicente va ainsi devenir Vera, se refaire une identité, se réfugier dans le yoga après son viol. Le médecin prend soin de sa captive qui a subi ce qu'elle avait fait subir à sa fille et qui ressemble de plus en plus à son ancienne femme...

 

Tout pourrait s'effondrer pour le chirurgien quand l'un de ses coéquipiers découvre, des années après, la disparition de Vicente, toujours recherché par sa mère: il s'agissait de ce jeune homme opéré pour une vaginoplastie! Mais ce n'est pas à ce personnage de venger Vicente. Vera, confrontée à son passé quand elle voit le visage de Vicente (le sien!), va poursuivre le mensonge de la séduction. Elle protège le médecin en reconnaissant avoir demandé librement cette opération, avant de devenir actrice de sa vengeance.Elle tue le chirurgien et la gouvernante, et retrouve le magasin dans lequel Vicente travaillait...

 

Méconnaissable, la charmante Vera parvient à faire comprendre à Cristina qu'elle est Vicente, en s'appuyant sur un souvenir que seules elles peuvent connaître: Vera porte une robe que Vicente voulait voir portée par Cristina...Le film s'achève sur l'arrivée de la mère...

 

On notera que parmi les nombreux tableaux qui ornet la maison du médecin, la Vénus d'Urbino qui se trouve à l'étage de la captive est particulièrement visible, avec une certaine insistance: cette oeuvre du Titien met en scène une Vénus, nue, accompagnée du chien symbole de la fidélité. Au second plan, deux personnages sont en train de chercher des vêtements pour habiller la jeune femme qui se réveille nue...

 

 

 

 

 

 

 

23. Tu seras mon fils.

 

TU SERAS MON FILS

En avant-première
Réalisé par Gilles Legrand
Avec Niels Arestrup, Lorànt Deutsch, Patrick Chesnais, Anne Marivin, Nicolas Bridet, Valérie Mairesse

Tous publics
Durée : 1h41. - Genre : Drame
Sortie nationale le 24/08/2011 - En salle depuis le 22 août

Synopsis

Paul de Marseul, propriétaire d'un prestigieux vignoble a un fils, Martin, mais ne supporte pas l'idée que ce dernier puisse un jour lui succéder. Il rêve d'un fils plus talentueux, plus charismatique... plus conforme à ses fantasmes de père. L'arrivée de Philippe, le fils de son régisseur va bouleverser la vie de la propriété. Paul tombe en fascination devant ce fils idéal. Commence alors une partie d'échec qui se joue à quatre : deux pères, deux fils, sous le regard impuissant des femmes qui les entourent


 Très beau film vu en avant-première. Il met en scène un père -veuf- qui n'aime pas son fils et qui va chercher à en choisir un autre: celui de son régisseur condamné par un cancer du pancréas. Le scénario est judicieux, le plus souvent fin, les acteurs sont excellents, chacun dans son rôle:

  • Paul, le père: détestable, dur avec son fils qu'il humilie et auquel il reproche la mort de son épouse, quand le petit avait quatre ans. Marqué par le décès de son propre père en 1963, alors qu'il n'avait que 17 ans. Son père l'a mis en pension et ignoré pendant des années. Avant de mourir (asphyxié dans sa cave) il apprend tout à son fils, Paul, qui honore son père en versant dans chaque millésime un peu des cendres paternelles. Il ne supporte pas son fils qu'il voit médiocre. Pour lui, on n'apprend pas le métier à l'école et on ne peut être athlète et esthète. Paul ne vit que pour son vignoble au point de pousser son régisseur malade à surveiller les vendanges et d'apprendre au fils de son régisseur la maladie de son père pour le faire rentrer de Californie où il travaille.  Paul s'attache à Philippe, le fils de son régisseur, au point de vouloir l'adopter. C'est ce fils adoptif qu'il emmène avec lui quand il est décoré de la Légion d'honneur. Il en fait son associé. Passionné par le bon vin et les belles chaussures, il croit qu'on peut tout acheter et parvient souvent à ses fins...
  • Martin, le fils : Martin cherche la reconnaissance paternelle. En vain. Il a étudié l'oenologie, il est polyglotte, a d'excellents contacts commerciaux pour exporter la production. Il ne rencontre qu'humiliations constantes de son père qui le traite comme il traite son petit personnel. Martin ne comprend pas. Même quand son père lui révèle un jour de Toussaint qu'il pense avoir perdu son épouse à cause de Martin, prématuré, tout chétif à la naissance, Martin ne comprend pas. Il reste attaché à son père et veut espérer. Il vit, impuissant, le choix de Philippe comme fils adoptif. Impuissant est bien le mot car son père est castrateur. Seul l'accident et la décision finale de départ lui permettront enfin de réaliser qu'il n'y a d'autre choix que de renoncer à un amour qu'il n'aura pas et de se réaliser ailleurs, loin de celui qu'il aime et qui ne l'aime pas. C'est alors seulement que sa femme tombera enceinte...
  • La femme de Martin:on aime son sens de la répartie, sa force de caractère face à la figure du beau-père, son amour pour Martin. Elle a confiance en son mari et en son amour qu'elle préserve au mieux. A son beau-père qui est dans la toute-puissance de l'argent, elle rappelle qu'elle paye un loyer et n'hésite pas à le mettre à la porte quand il dépasse les limites. Elle est belle et sait résister à Philippe qui lui aussi est dans la toute puissance de la réussite.
  • Philippe: il joue le rôle de l'enfant prodigue. Oui mais de qui? De celui qui n'est pas son père. Jeune, séduisant, il réussit sa vie aux Etats-Unis. Il rentre quand il apprend que son père est condamné par un cancer, ce que Paul lui a appris, mais pas son père. Paul a une idée en tête en effet. Remplacer son régisseur et trouver un successeur. Paul manoeuvre habilement et a des arguments que Philippe, en quête de réussite, entend parfaitement. Philippe a des scrupules parfois, mais il préfère ne pas trop les écouter quand il sent que son intérêt est ailleurs. Quand son père quitte le restaurant parce qu'il est malade, Philippe reste avec son père adoptif. Philippe n'est pas pour autant aussi peu scrupuleux. Quand il apprend que son père a très mal pris l'article paru dans la presse qui relatait la remise de la Légion d'honneur à Paul "en présence de son fils" -en réalité de Philppe-, Philippe entend les avertissements de son père: fidèle à son opportunisme, il quitte le domaine du clos de L'abbé pour une aventure proposée lors de son séjour parisien.
  • Le régisseur: un homme simple, un brave homme, qui a travaillé dur toute sa vie sous les ordres d'un patron difficile. Atteint d'une grave maladie, il garde la tête sur les épaules. Protégé par sa femme qui veille à son état de santé malgré l'omniprésence et omnipotence de Paul, le brave homme a la joie de revoir son fils. Il comprend malheureusement rapidement aussi que son patron, non content de lui avoir pris sa santé, est en train de lui prendre son propre fils...

 

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22. Un Amour de jeunesse.

 Film écrit et réalisé par Mia Hansen-Love avec  Lola Créton (Camille), Sebastian Urzendowsky (Sullivan), Valérie Bonneton (la mère de Camille)...

 

Très beau film. Il a 19ans, elle en a 15. Ils s'aiment passionnément. Ils sont simples. Il est tout pour elle, mais Sullivan, lui, continue de sortir avec ses potes, d'avoir des projets, de vivre tout simplement. Son grand projet est de partir en Amérique latine. Elle ne comprend pas qu'il puisse vouloir partir loin d'elle pour dix mois, sans elle. Sullivan écrit à Camille régulièrement. Il comprend qu'il ne peut pas partager ses joies et ses expériences avec elle car Camille lui reprocherait ces instants de liberté. Il est la liberté, elle est la jalousie et la dépositaire d'un amour exclusif. Ils s'aiment pourtant sincèrement l'un et l'autre. Il décide de rompre cette relation.

 

Camille tente de se suicider avant de reprendre ses études. Sullivan lui avait décidé d'arrêter ses études pour partir vivre dix mois en Amérique latine. Elle devient architecte. Son professeur joue un rôle important dans ce cheminement. Lorenz et Camille finissent par tomber amoureux. Elle vit désormais heureuse, autonome, fière de ses réalisations...jusqu'au jour où elle recroise le chemin de son amour de jeunesse. Il est toujours aussi fort et réciproque. Lui a aimé une femme mais se trouve seul, avec des aventures ici ou là; elle est avec Lorentz dont elle attend un bébé. Fausse couche. Elle invite Sullivan chez elle; il l'invite en retour à Marseille. Mouvement social. Trains supprimés. On sent là encore combien elle est dépendante de lui. Elle a menti à Lorentz, prétextant un voyage en Normandie. Finalement, dans sa chambre d'hôtel, gare de Lyon, se trouve un tableau de Monet: les Nymphéas. Giverny et la Normandie ne sont pas si loin..

 

Sullivan écrit de nouveau à Camille pour lui dire le désarroi dans lequel le plonge cet amour à la fois fort et impossible: ils vivent loin l'un de l'autre, elle vit en couple, ils ont chacun leurs projets. Il préfère rompre à nouveau même s'il sait que leurs chemins se croiseront de nouveau..

 

La scène finale se passe en Ardèche, là même où les deux amants vécurent leur amour de jeunesse. A présent c'est Lorentz qui demeure avec Camille. Elle va se baigner dans la Loire. Son chapeau, celui-là même que porta Sullivan, s'envole et suit le cours du fleuve...

 

J'ai adoré ce film, réalisé simplement. La narration se découvre par les détails ou les épisodes (éphéméride, annonce de la fausse couche, etc) en toute simplicité. L'histoire est belle, les choix de réalisation pertinents.

 

Sullivan choisit la chambre d'enfants au début du film, dans la maison en Ardèche. Le petit lit permettra plus de promiscuité. Camille gardera ce goût du petit: dans ses projets d'architecte, les chambres d'étudiants sont petites quand le bassin aquatique est immense; quand elle cherche à fréquenter d'autres garçons, ils se cognent en entrant dans son appartement manifestement bas et petit.

 

Sullivan est toujours à vélo. Il se déplace en train, en RER, en TGV, en avion. Il nage dans la Loire. Il est la liberté et peut être associé à l'eau. Cette eau que Lorentz, dans ses projets d'architecte, veut maîtriser tout en lui laissant sa liberté...

 

La mère de Camille, quant à elle, très tôt, invite sa fille à se détourner de Sullivan. Elle sent que ce garçon est toujours en échappée, mais elle l'exprime d'une manière si maladroite que sa fille ne peut pas la comprendre. Plus tard dans le film, elle se sépare de son mari après 20 ans de vie commune: elle a l'air bien heureuse de vivre de nouveau...

 

Un film à voir, à revoir...

 

 

 

 

 

 

21. Nous, Princesses de Clèves.

 

Film documentaire de Régis Sauder, très beau. Il fait penser évidemment à L'Esquive : des élèves découvrent une oeuvre réputée difficile pour sa langue et en découvre l'actualité, l'universalité et la beauté. La brièveté, la légèreté du film, la composition même sous forme de documentaire qui ne nous enferme pas dans les murs du lycée Diderot mais ouvre les portes des quartiers Nord de Marseille pour interroger la réception de l'oeuvre dans les familles des élèves. La construction est très réussie. Le film repose sur de très nombreuses citations du texte de Mme de La Fayette, lu par des élèves. On suit ainsi l'intrigue de l'oeuvre étudiée dans l'ordre chronologique tout en progressant dans la découverte des individus qui la lisent et s'en imprègnent.

J'ai aimé le décalage entre ce qui est filmé et ce qui est dit, les nombreux portraits en très gros plan, les scènes dans les familles si poignantes et belles. C'est évidemment un film sur l'amour, sur le désir, la fidélité, la tentation...C'est aussi un film sur la langue.

 

J'ai beaucoup aimé la discussion sur la fierté ou non d'être Françaises qu'ont deux amies: l'une, de retour de Paris (le Louvre, La Bibliothèque de France, etc), dit sa fierté d'avoir travaillé sur ce texte si beau. Elle prône le travail fastidieux mais gratifiant sur de beaux textes classiques car cela donne de la fierté; son amie n'est pas d'accord, elle évoque Napoléon l'esclavagiste et oppose plusieurs points de vue sur celui qui est présenté comme un grand homme en cours avant de conclure si bellement: "Je suis fière, oui, ...à moitié."

 

Quand les élèves sont à Paris, on aperçoit une pancarte sur laquelle figure l'inscription: "Je pense donc je nuis."

Réponse à un certain Nicolas candidat à la présidence de la République pour qui la Fonction publique ne doit pas être trop nuisible, et donc ne pas lire La Princesse de Clèves! Il est des prescriptions qui sont entendues!

  

 

 

 

20. Le Discours d'un roi.

 

Réalisé par Tom Hooper
Avec Colin Firth, Helena Bonham Carter, Derek Jacobi, Robert Portal, Richard Dixon, Paul Trussell, Adrian Scarborough, Andrew Havill, Charles Armstrong

 

Synopsis

Le film raconte l'histoire vraie et méconnue du père de l'actuelle Reine Elizabeth, qui est devenu roi, contraint et forcé, suite à l'abdication de son frère Edouard VII. Incapable de s'exprimer en public et considéré par certains comme inapte à la fonction, George VI affrontera son handicap grâce au soutien indéfectible de sa femme et l'aide d'un thérapeute du langage aux méthodes peu conventionnelles. Sa voix retrouvée, il réussira à convaincre le peuple anglais de déclarer la guerre à Hitler.

 

 

Très beau film sur la réalisation de soi, qui passe par l'estime et la confiance de soi, par un entourage bienveillant, soutien indéfectible. L'arrière plan historique (entrée en guerre du Royaume-Uni, discours de George VI, la résistance et la place de la famille royale dans la nation) accroît l'émotion suscitée par une histoire singulière. Des moments drôles et des larmes.

 

 

 

 

19.Tête de turc.

Film dramatique et policier de Pascal Elbé avec Pascal Elbé, Roschdy Zem et Samir Makhlouf.

Un geste, et tout bascule. Un adolescent de 14 ans, un médecin urgentiste, un flic en quête de vengeance, une mère qui se bat pour les siens, un homme anéanti par la mort de sa femme voient leurs destins désormais liés.


 

Il est un peu trop tôt sans doute pour prédire qu'il sera le meilleur film français de l'année 2010...Il sera assurément sur les marches du podium. Film extraordinaire, réflexion moderne sur la fraternité.

Un médecin de SOS-médecins, habitué d'une cité populaire, regagne sa voiture après une visite à domicile. Une autre urgence l'appelle, une autre détresse. Seulement voilà: juste avant, une intervention musclée de la police a échauffé les esprits. Les bleus n'ont plus leur place, pas plus que le bleu du gyrophare du médecin. Sur le toit de l'immeuble, la bande n'y voit que du bleu et se déchaîne sur cette voiture qui représente non pas la médecine, mais une institution, un Etat qui font l'objet d'un rejet paradoxal. Au mauvais endroit au mauvais moment. Le cocktail molotov est lancé par le protagoniste du film, un jeune homme d'origine turc qui, prenant conscience d'avoir mis en danger autrui, porte assistance au médecin qu'il extrait de son véhicule en flammes avant d'appeler les secours. Démarrage rousseauiste sur la perfectibilité de l'homme, capable du pire comme du meilleur. Toute l'intrigue va reposer sur cette complexité et tirer les fils sans sombrer dans une quelconque facilité.

On entre tour à tour dans les tours (le film est manifestement tourné à Poissy), dans la vie quotidienne de chacun des personnages et l'on voit comment l'histoire s'écrit, toujours plus complexe et riche quand on a tous les éléments du puzzle: le protagoniste, loué comme un héros et tiraillé par son secret comme par la culpabilité: adolescent amoureux désireux de retrouver son père en Turquie, grand frère protecteur et attentionné; sa mère, digne et laborieuse; les copains de la bande qui vont d'abord tomber parce qu'ils sont déjà connus des services de police qui ont besoin d'un coupable;le flic, frère du médecin, rongé par le désir de vengeance et miné par le souci de protéger le petit frère qu'il n'a pas perdu; le médecin lui-même, toujours lucide après l'agression une fois rescapé; un autre personnage se tient en embuscade, car le médecin agressé n'a pas pu se rendre sur le lieu d'une autre urgence.....

 

 

Un très beau film qui donne à voir la vie dans sa complexité, sans complaisance, dans sa beauté comme dans sa laideur. A voir absolument.

 

 

 

 

 

18. Alice au pays des merveilles.

 

 

Film fantastique en 3D de Tim Burton, production moderne de Walt Disney.

Alice, désormais âgée de 19 ans, retourne dans le monde fantastique qu'elle a découvert quand elle était enfant. Elle y retrouve ses amis le Lapin Blanc, Bonnet Blanc et Blanc Bonnet, le Loir, la Chenille, le Chat du Cheshire et, bien entendu, le Chapelier Fou. Alice s'embarque alors dans une aventure extraordinaire où elle accomplira son destin : mettre fin au règne de terreur de la Reine Rouge.

 


 

Tim Burton a eu la bonne idée de ne pas adapter Alice car le livre fait déjà fortement appel à notre imagination de lecteur et on aurait été déçu par une adpatation du texte de Carroll. En même temps, l'univers fou d'Alice se prête parfaitement au cinéma et il valait vraiment la peine de s'attaquer à ce monde extraordinaire. Parcours initiatique qui permet à la jeune Alice de s'affirmer comme adulte par l'expression d'un refus (regard des gens, attentes sociales et familiales), le voyage onirique d'Alice nous permet de retrouver des personnages symboliques et attachants. On pourra s'interroger sur le choix d'une reine blanche et d'un royaume blanc comme la mort associé au Bien et opposé à la tyrannie de la reine rouge, comme sa colère, le sang qu'elle fait couler, la vie. La servitude des rouges ne serait liée qu'à la présence d'un montre forcément redoutable, qui ressemble étrangement à un dragon, comme les bêtes effrayantes et difficiles à dompter d'Avatar. Est-ce lié à la production en 3 dimensions (plus spectaculaire?) ou bel et bien une représentation moderne du mal: sorte de dragon volant et terrifiant. Les Anciens contre les Modernes? Voilà une querelle quiest toujours d'actualité dans les hyperproductions américaines de cette année 2010...  

 

 

 


17. Le voyage de Chihiro.

 

Film de Hayao Miyazaki présenté dans le cadre du festival de cinéma lycéen "Odyssées". Film d'animation japonais qui date de 2001.

Chihiro a dix ans et elle s'apprête à emménager avec ses parents dans une nouvelle demeure. Sur la route, la petite famille se retrouve face à un immense bâtiment rouge au centre duquel s'ouvre un long tunnel. De l'autre côté du tunnel, se dresse une ville fantôme. Les parents découvrent dans un restaurant désert de nombreux mets succulents et ne tardent pas à se jeter dessus. Ils se retrouvent alors transformés en cochons, tels les compagnons d'Ulysse prisonniers de la magicienne Circé dans l'Odysée. Prise de panique, Chihiro s'enfuit et se dématérialise progressivement. L'énigmatique Haku se charge de lui expliquer le fonctionnement de l'univers dans lequel elle vient de pénétrer. Chihiro, seule humaine dans un monde fantastique, devra trouver du travail dans une ville dirigée par la sorcière Yubaba et affairée à accueillir dans un centre de bains des dieux épuisés qui viennent s'y délasser. Travailler et gagner de l'argent semblent les valeurs vitales. Le dieu putride puis l'homme sans visage affamé et grand corrupteur seront des figures que Chihiro devenue Sen devra affronter. Pour sauver Haku qui a oublié son nom d'humain et obtenir que ses parents retouvent leur forme humaine, la petite Chihiro va devoir affronter bien des épreuves, drôles et fantastiques: elle découvira ainsi le gras bébé de Yubaba et Zeniba, la soeur jumelle de Yubaba.

 

Après un parcours enthousiasmant pour le spectateur, Chihiro obtient de quitter cet enfer à la condition expresse de ne pas se retourner...

 

 

 

 

16. L'arnacoeur.

 

Réalisé par Pascal Chaumeil
Avec Romain Duris, Vanessa Paradis, Julie Ferrier, François Damiens

Tous publics
Durée : 1h44. - Genre : Comédie romantique
Sortie nationale le 17/03/2010

 

 

Synopsis

Votre fille sort avec un sale type ? Votre soeur s'est enlisée dans une relation passionnelle destructrice ? Aujourd'hui, il existe une solution radicale, elle s'appelle Daniel. Son métier : briseur de couple professionnel. Sa méthode : la séduction. Sa mission : transformer n'importe quel petit-ami en ex.

Une comédie où l'on rit de bon coeur. Le jeu des acteurs est excellent, ce qui est d'ailleurs indispensable car tout est jeu dans ce film baroque: le cinéma n'est qu'illusions, même sans recourir à de coûteux effets spéciaux. Don Juan moderne et professionnel entouré d'une équipe fort drôle aussi, le beau Daniel est fortement endetté, ce qui va le conduire à accepter un contrat contraire à sa déontologie: jusqu'à présent, il ne s'est attaqué qu'aux couples dans lesquels la femme était malheureuse. Cette fois, sa cible est sur le point de se marier avec un beau parti. Beaucoup d'ennui en perspective car on ne fait pas un film avec des gens heureux. Bien rythmée, cette comédie est riche en rebondissements. A voir et à revoir.

 

 

 

 

15 Invictus.

 

En 1994, l'élection de Nelson Mandela consacre la fin de l'Apartheid, mais l'Afrique du Sud reste une nation profondément divisée sur le plan racial et économique. Pour unifier le pays et donner à chaque citoyen un motif de fierté, Mandela mise sur le sport, et fait cause commune avec le capitaine de la modeste équipe de rugby sud-africaine. En remportant la Coupe du monde, l'Afrique du Sud se rassemble autour du langage universel du sport.

 

Titre original : UNTILED MANDELLA PROJECT

Réalisé par Clint Eastwood
Avec Morgan Freeman, Matt Damon, Scott Eastwood, Langley Kirkwood, Penny Downie

Très beau film sur le racisme, la réconciliation et le sport. L'émotion est grande quand on voit un peuple tout entier se réconcilier malgré une histoire d'antagonismes tant ancrés dans les esprits.

A propos du poème éponyme (source Wikipédia):

Invictus est un court poème de l'écrivain William Ernest Henley qui fut cité à de très nombreuses reprises dans la culture populaire et qui contribua à le rendre célèbre. C'est le poème préféré de Nelson Mandela.

Le titre latin signifie « invaincu, dont on ne triomphe pas, invincible » et se fonde sur la propre expérience de l'auteur puisque ce poème fut écrit en 1875 sur son lit d'hôpital, suite à son amputation du pied. À l’origine, ce poème ne possédait pas de titre, celui-ci fut ajouté par Arthur Quiller-Couch en 1900.

William Henley disait lui-même que ce poème était une démonstration de sa résistance à la douleur consécutive à son amputation.

Original traduction littéraire   Traduction littérale   Traduction littérale   

Out of the night that covers me,
    Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
    For my unconquerable soul.

In the fell clutch of circumstance
    I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
    My head is bloody, but unbow'd.

Beyond this place of wrath and tears
    Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
    Finds and shall find me unafraid.

It matters not how strait the gate,
    How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate:
    I am the captain of my soul.

Dans la nuit qui m'environne,
Dans les ténèbres qui m'enserrent,
Je loue les Dieux qui me donnent
Une âme, à la fois noble et fière.

Prisonnier de ma situation,
Je ne veux pas me rebeller.
Meurtri par les tribulations,
Je suis debout bien que blessé.

En ce lieu d'opprobres et de pleurs,
Je ne vois qu'horreur et ombres
Les années s'annoncent sombres
Mais je ne connaîtrai pas la peur.

Aussi étroit soit le chemin,
Bien qu'on m'accuse et qu'on me blâme
Je suis le maître de mon destin,
Le capitaine de mon âme.

Hors de la nuit qui me recouvre,
Noire comme un puits d'un pôle à l'autre,
Je remercie les dieux, quoi qu'ils puissent être
Pour mon âme indomptable.

Tombé dans l'étreinte des circonstances
Je n'ai pas gémi ni pleuré à voix haute.
Sous les coups de la fortune
Ma tête est ensanglantée, mais redressée.

Au-delà de ce monde de colère et de pleurs
Ne plane que l'Horreur de l'ombre.
Et pourtant la menace du temps
Me trouve et me trouvera, sans peur.

Peu importe l'étroitesse de la porte,
Le nombre des punitions sur le parchemin,
Je suis le maître de mon destin :
Je suis le capitaine de mon âme.

Depuis l'obscurité qui m'envahit,
Noire comme le royaume de l'enfer,
Je remercie les dieux quels qu'ils soient
Pour mon âme indomptable.

Dans l'étreinte féroce des circonstances,
Je n'ai ni bronché ni pleuré
Sous les coups de l'adversité.
Mon esprit est ensanglanté mais inflexible.

Au-delà de ce monde de colère et de larmes,
Ne se profile que l'horreur de la nuit.
Et pourtant face à la grande menace
Je me trouve et je reste sans peur.

Peu importe combien le voyage sera dur,
Et combien la liste des châtiments sera lourde,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.

 

 

 

14 Un Prophète.

 

 

 

Condamné à six ans de prison, Malik El Djebena, ne sait ni lire, ni écrire. À son arrivée en Centrale, seul au monde, il paraît plus jeune, plus fragile que les autres détenus. Il a 19 ans.D'emblée, il tombe sous la coupe d'un groupe de prisonniers corses qui fait régner sa loi dans la prison. Le jeune homme apprend vite. Au fil des « missions », il s'endurcit et gagne la confiance des Corses. Mais, très vite, Malik utilise toute son intelligence pour développer discrètement son propre réseau...

Film de Jacques Audiard qui a pour cadre le monde carcéral, lieu d'une vie intense où règne la loi du plus fort, où celui qui est seul n'est rien. Notre héros n'a donc pas le choix: il sera protégé, mais à quel prix? Au prix d'un renoncement total (il n'a pas le choix et fait tout pour éviter ce qu'on lui impose) à lui-même: il va tuer contre son gré, déviendra puissant, avant de sombrer, car on ne signe pas un pacte avec le diable impunément. Paradoxalement, c'est au sommet de sa gloire, au moment où il pourrait accéder au bonheur (avoir une famille et de l'argent lui qui entrait sans l'un ni l'autre en prison) qu'il va périr. Les mailles du filet sont telles qu'il n'a pas eu le choix: mis en garde par le Marseillais quant à la figure de son protecteur tueur d'arabes, il trahit celui dont il était la voix et perd la sienne simultanément ou presque. Véritable ombre, pro-phète, il est celui qui parle à la place de, qui parle pour, et n'a pas d'autre voie/voix. Très beau drame dans lequel le début du bonheur commence avec la liberté conditionnelle de Malik: chants d'oiseaux, profonde inspiration, voilà ce que l'on entend une fois les portes de la centrale franchies. Voilà la liberté, voilà le bonheur. Hélas pour Malik, qui croit pouvoir s'en sortir avec sa langue et les langues qu'il maîtrise, parle et apprend, il n'est qu'un pion qui accéder à l'autonomie et à la manipulation d'autres pions. Château de sable, châteaux en Espagne: il n'était rien, est devenu tout mais sur de mauvaises bases. Point de moralisme inutile. Juste la fatalité, ce mektoub qui se réalise jusqu'à la seconde libération, la vraie, la sortie. Les oiseaux ne chantent plus, on entend la chanson de Mackie le Surineur, prophétique, bientôt il ne respirera plus.

 

 

13 Les lascars.

Dessin animé satirique réussi, malgré quelques passages qui le sont moins: film qui use et abuse des stéréotypes de notre époque sur l'univers des cités. Bien loin du drame d'Entre les murs, on entend une langue pleine de vitalité qui  suscite le rire ;  il est bon de voir qu'on peut en rire sans nécessairement la stigmatiser.

 

 

 

12 Slumdog millionaire.

 

Jamal Malik, 18 ans, orphelin vit dans les taudis de Mumbai. Il va remporter 20 millions de roupies à Qui veut gagner des millions, version indienne. Il n'est plus qu'à une question de la victoire mais la police l'arrête sur un soupçon de tricherie. Sommé de justifier ses bonnes réponses, Jamal explique d'où lui viennent ses connaissances et raconte sa vie. Comment l'homme est-il parvenu en finale ? La réponse, passionnante, ne fait pas partie du jeu...

 

Poignant, beau, réussi, ce film initiatique satisfait les attentes des trois types de spectateurs qu'évoque Hugo dans la préface de Ruy Blas car on y trouve des sentiments, de l'action et matière à réfléchir.

 

  • Une belle histoire d'amour.

L'histoire de Jamal Malik est d'abord une histoire d'amour, d'autant plus belle qu'elle semble impossible. Impossible néanmoins n'est pas indien et notre protagoniste n'a de cesse de poursuivre cette jeune femme, Latika, qu'il aimait déjà petit. Jamal est animé et mu par ses passions: à la fois ridicule et admirable, Jamal Malik agit vite car il sait ce qui le passionne: approcher une vedette vaut bien un bain de merde, retrouver Latika vaut bien tous les risques courus dans le film.

 

  • Les tribulations d'un Indien en Inde.

Le film suit un rythme effréné qui peut troubler de prime abord: que de courses poursuites dans les rues de l'Inde! Pourtant, elles disent les dangers, le temps long de la vie (par opposition au temps court du jeu télévisé...à moins que ce ne soit le contraire!), l'impossibilité de la quête. Mission impossible. Non pas de répondre aux questions télévisées, mais de retrouver l'être aimé. La convaincre d'ailleurs aussi de le suivre. Les tribulations de Jamal Malik en Inde ne sont pas sans rappeler le roman de Jules Verne, riche d'actions..encadrées par une réflexion sur le bonheur. "Oui, c'est pour les autres qu'il faut savoir tout faire: le secret du bonheur est là!" conclut Kin-Fo. Notre jeune protagoniste a-t-il lu Jules Verne? Non sans doute, mais il a vécu et il a compris cette leçon de vie. Son altruisme, en total décalage avec le jeu auquel il participe de manière accidentelle, le rend sympathique et vient interroger les valeurs de nos modernes sociétés, notamment le primat de l'argent et de l'avidité....

  • Les valeurs de nos sociétés en question.

La mort du frère, au moment même où Jamal parvient à ses fins, est en ce sens fort intéressante: il faut un bain de billets (symboles du sang versé pour sauver l'amour des deux autres mousquetaires et expiation des erreurs commises) déjà trop tardif pour jouir de la vie. Le frère de Jamal Malik a raté sa vie et il ne s'en rend compte que trop tard. Jamal, en revanche, n'a eu de cesse de poursuivre sa quête, sans relâche, faisant peu de cas de l'argent ou plutôt, lui accordant sa juste place: l'argent est le meilleur des serviteurs et le pire des maîtres. La foule des télespectateurs se réjouit du sort de Jamal parce qu'il est l'enfant des bidonvilles qui s'en sort. Les heureux hasards peuvent arriver. Mystification. Opium du peuple. Jamal Malik est du côté de la substance, à rebours d'une société qui vit dans, par et pour l'accident.

 

 

Le film est beau. Il est drôle. J'ai beaucoup ri en écoutant Malik guide touristique, enfant inventant à l'indicatif une histoire du Taj Mahal que les grandes personnes auraient écrite au conditionnel, le conditionnel du rêve, de l'imaginaire des enfants. On dirait qu'on serait heureux...

 

 

 

11 Mascarades

Un village quelque part en Algérie. Orgueilleux et fanfaron, Mounir aspire à être reconnu à sa juste valeur. Son talon d'Achille : tout le monde se moque de sa soeur, Rym, qui s'endort à tout bout de champ.
Un soir, alors qu'il rentre soûl de la ville, Mounir annonce sur la place du village qu'un riche homme d'affaires étranger a demandé la main de sa soeur.
Du jour au lendemain, il devient l'objet de toutes les convoitises. Aveuglé par son mensonge, Mounir va sans le vouloir changer le destin des siens...

 

Une comédie algérienne réussie, qui use à merveille des vieilles ficelles qu'on trouve dans le théâtre de Molière. Film de Lyes Salem, qui joue d'ailleurs le rôle de Mounir. On rit de bon coeur et ça fait du bien. De beaux paysages, de beaux visages.

On rit des rituels du mariage, des mensonges de Mounir, des réflexes conditionnés de ses concitoyens.

Mounir est drôle de vérité: "Ma soeur, on ne l'aime pas" affirme-t-il comme s'il pouvait garder le contrôle des sentiments qu'elle éprouve et qu'on éprouve pour elle. Sa vie change dans le village dès lors qu'on croit au mariage imminent de sa soeur avec un riche occidental : le téléphone arabe est efficace, la rumeur rapidement déformée, amplifiée.
Khliffa quant à lui, amoureux secret de Rym et vieil ami de Mounir, est aussi attachant : il tient à son rêve (ouvrir un vidéo club) et à sa famille qu'il veut entretenir. Il est l'homme du réel qui projette de rêver quand Mounir est l'homme du rêve qui rêverait que ses rêves ...se réalisent.

Jusqu'à la scène nocturne où Mounir saoul contrecarre l'interprétation onirique de Khliffa, admiratif devant deux nuages qui vont se rencontrer: Rym et lui. Il est prêt à souffler d'ailleurs pour aider ces nuages à se rapprocher. Son ami, même ivre, le ramène à la réalité avant de lui annoncer les épreuves qu'il devra surmonter pour obtenir la main de sa princesse de soeur....

Khliffa va les surmonter et les songes deviendront réalité.

Film qu'on qualifiera de baroque qui témoigne, s'il en était besoin, de la vitalité du cinéma algérien.


10. Johnny Mad Dog.

 

Afrique, en ce moment même.
Johnny, 15 ans, enfant-soldat aux allures de rappeur, armé jusqu'aux dents, est habité par le chien méchant qu'il veut devenir.
Avec son petit commando, No Good Advice, Small Devil et Young Major, il vole, pille et abat tout ce qui croise sa route. Des adolescents abreuvés d'imageries hollywoodiennes et d'information travestie qui jouent à la guerre...
Laokolé, seize ans, poussant son père infirme dans une brouette branlante, tâchant de s'inventer l'avenir radieux que sa scolarité brillante lui promettait, s'efforce de fuir sa ville livrée aux milices d'enfants soldats, avec son petit frère Fofo, 8 ans.
Tandis que Johnny avance, Laokolé fuit...
Des enfances abrégées, une Afrique ravagée par des guerres absurdes, un peuple qui tente malgré tout de survivre et de sauvegarder sa part d'humanité.

Film de Jean-Stéphane Sauvaire, violent lui aussi. Négation des individus, qui plus est d'enfants qui n'ont pas d'enfance, qui n'ont plus ni père ni mère. Utilisation d'enfants pour des fins d'adultes. Curieusement, j'ai trouvé  Blood Diamond d'Edward Zwick plus efficace pour dénoncer le sort des enfants-soldats, sans doute parce qu'il ne se focalisait pas sur le sort de ces enfants, tout en les montrant. Curieusement, Johnny Mad Dog m'a l'air moins réaliste, bien plus artificiel et holywoodien que Blood Diamond.




9. Hunger.

En 1981 à la prison de Maze, en Irlande du Nord, Raymond Lohan est surveillant de prison, affecté au sinistre Quartier H où sont incarcérés les prisonniers politiques de l'IRA qui ont entamé le « Blanket and Nowash Protest » pour témoigner leur colère (grève de la faim et hygiène corporelle minimaliste).
Détenus et gardiens y vivent un véritable enfer.

J'ai goûté la liberté d'aller voir un film dont l'action se déroule dans une prison à l'époque de la "Dame de Fer". Des prisonniers politiques y sont non seulement incarcérés, mais aussi et surtout profondément maltraités. Le film est violent, âmes sensibles s'abstenir. Peu de paroles, mais des convictions et une détermination sans faille. Ce que l'on perçoit de loin, c'est la dureté de la répression. Celui que l'on suit de près, c'est un détenu qui met à l'épreuve au risque de sa vie ses convictions politiques et son combat.

J'ai particulièrement aimé la complexité de l'approche qui met en scène à la fois la beauté de cette lutte et son ignominie. Si la collaboration de la police et du personnel pénitentiaire à une politique dégradante et si irrespectueuse de la personne humaine sont montrées, et de ce fait dénoncées, on voit aussi le dilemme auquel le protagoniste est confronté et les conséquences du choix qu'il opère: la grève de la faim, avec tous les quinze jours, un nouveau détenu qui prend le relai, si elle va se révéler partiellement efficace, a un prix aussi : la mort de nombre de détenus, des familles brisées (parents, épouses, enfants..). J'ai été sensible à l'articulation entre l'universel et le particulier, la cause politique et l'individu.

Je déplore souvent l'individualise exacerbé de notre époque et cherche à développer le sens du collectif; ce film montre de manière intéressante l'excès inverse: négation de l'individu au nom du collectif. Si ce n'était que de l'individu qu'il était question, on pourrait le concevoir. Ce qui pose problème à mes yeux dans l'affaire, ce sont les victimes indirectes de ce combat: fils, femme, parents...

La place de la religion m'a beaucoup plu également: la Bible utilisée comme support pour des messages secrets, une messe où personne n'écoute mais qui a lieu quand même, un long dialogue sur le sens de la grève de la faim et de ses conséquences.

Je fais bref mais il y aurait matière à analyser de manière bien plus précise ce premier film de Steve Mc Queen.




8.L'échange.

Le plus beau film de l'année est signé Clint Eastwood.
Los Angeles, 1928. Un matin, Christine (Angelina Jolie) dit au revoir à son fils Walter et part au travail. Quand elle rentre à la maison, celui-ci a disparu. Une recherche effrénée s'ensuit et, quelques mois plus tard, un garçon de neuf ans affirmant être Walter lui est restitué. Christine le ramène chez elle mais au fond d'elle, elle sait qu'il n'est pas son fils...


Les lignes qui suivent ne doivent pas être lues si vous n'avez pas encore vu le film car elles révèlent des éléments importants de l'intrigue:


La corruption de la la police de Los Angeles est le sujet de bien des films, dont certains très réussis.  Elle n'est pas le sujet de L'échange mais la toile de fond malheureuse d'un drame familial.

Nous suivons en effet le combat de Christine pour retrouver son fils et connaître la vérité. Quand on lui remet un fils qui n'est pas le sien -la police de Los Angeles compte bien avec cette "réussite" manigancée redorer son blason- Christine ne se trompe pas: l'enfant qu'on lui remet n'est pas le sien. Les autorités lui expliquent alors qu'elle est sous le choc et qu'elle finira par le reconnaitre...sauf que des signes incontestables vont lui donner raison. Mais qui est-elle, cette femme des années 1930, pour mettre en doute le travail de la police? Inspiré d'une histoire vraie, le film nous montre l'enfermement en asile psychiatrique de cette femme courageuse qui a toute sa tête quand un homme, complètement fou pour le coup, assassine en série des enfants qu'il enlève avec une simplicité déroutante. C'est grâce à l'appui d'un homme extrordinaire, pasteur qui propose une émission radiophonique libre et qui ne se lasse pas de dénoncer les agissements de la police, que notre héroïne va être libérée.
Elle fait libérer les femmes victimes du même arbitraire masculin et policier et reprend ses recherches. L'assassin en série est arrêté, jugé et condamné. On croit en d'ultimes révélations de celui qui va être pendu..en vain.
Des années plus tard, un enfant se présente à la police pour dire qu'il a réussi à s'évader du ranch dans lequel il avait été enfermé pour être lui aussi tué: Walter faisait partie des évadés. On ne le retouvera pas pourtant....


Film magnifique qui s'inspire d'une histoire vraie, ce drame familial vient interroger l'autorité, qu'elle soit médicale, policière ou masculine. Dans cette perspective, il est intéressant d'observer que Christine élevait seule son enfant, le père ayant disparu le jour de sa naissance, fuyant ses responsabilités. On voit des gens sûrs d'eux, qui se sentent tout-puissants et ne doutent jamais: ce sont ceux-là qui sont les autorités et l'on voit où cela conduit.
Film baroque où les fous sont dehors et les opposants enfermés sous prétexte de folie. On y voit des scènes qui ne sont pas sans rappeler certaines réalités bien souvent méconnues. La scène de la douche rappelle l'épisode Mesrine au Canada.
Si l'on pousse la réflexion un peu plus loin encore, c'est le fonctionnement même de la société que l'on peut interroger: les travers de la société ne seraient-ils pas des reflets de l'hyperstructure? N'y aurait-il pas reproduction d'une injustice "officielle"? On pourra évidemment mettre en regard cette interrogation avec la phrase qui ouvre "Mensonges d'Etat" de Ridley Scott et qui met en exergue la reproduction du mal....




7.Mensonges d'Etat.

Un bon Ridley Scott avec Léonardo Di Caprio...

Roger Ferris, un ancien journaliste blessé pendant la guerre en Irak, est recruté par la CIA pour traquer un terroriste basé en Jordanie. Ferris doit s'assurer du soutien du vétéran de la CIA, Ed Hoffman et du chef des renseignements jordaniens. Bien que ces deux là soient censés être ses alliés, Ferris s'interroge : jusqu'où peut-il leur faire confiance sans mettre toute son opération - et sa vie - en danger ?


Film d'action et d'espionnage qui se passe dans le Moyen Orient d'aujourd'hui; le film comporte des scènes violentes, de torture notamment. Le chef des services secrets jordaniens est excellent, drôle et terrible à la fois. Son homologue américain a un humour beaucoup moins fin mais ne manque pas de faire rire lui aussi, même si le personnage est nettement plus grossier : "Si tu ne penses pas à la baise, c'est que tu manques de concentration..". Son leitmotiv? Personne n'est innocent...

L'ensemble donne un film très réussi.



6.La très très grande entreprise.

Comédie réussie de Pierre Jolivet avec Roschdy Zem, non plus en policier comme dans Go Fast, mais en Astérix moderne avec ses acolytes, partie civile dans un procès qui les a opposés à une multinationale immensément riche.

La multinationale Naterris est condamnée, au bout d'un procès long de deux ans, à verser une indemnité dérisoire à un ensemble de riverains victimes de la pollution générée par une de ses usines. Tout le monde se satisfait pourtant de ce jugement, à commencer par l'avocat de la partie civile. Tout le monde ? Non, quatre irréductibles gaulois décident de braver la fatalité et partent en guerre contre Naterris. La bataille aura lieu à Paris, La Défense, au siège social de la société.


A l'heure où les Etats versent des milliards à des banques pour les sauver -pardon, pour nous sauver!- alors qu'on croyait les caisses vides et l'Etat en faillite, cette satire sociale est revigorante et très plaisante. Les actrices et acteurs, petits ou grands, riches ou pauvres, sont très bons dans leur rôle. Le comique de situation est bien exploité et l'on rit volontiers devant ce monde moderne qui nous est dépeint de manière à peine caricaturale quand on y réfléchit bien. "Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer", répond Figaro au comte Almaviva (acte I, scène 2 du Barbier de Séville). Alors, oui, rions en voyant les salaires des dirigeants de Naterris quand ils nous sont présentés; rions encore en voyant le comportement de ces mêmes dirigeants qui prévoient des fonds pour l'indemnisation des victimes plutôt que de rendre plus sûres leurs usines, le dédommagement s'avérant moins coûteux; rions devant les fripons d'avocats; rions encore avec nos résistants qui endossent pour notre plus grand plaisir des rôles (cuisinier, vigile, femme de ménage) dans lesquels ils sont bons et avec lesquels ils savent jouer.

La vocation de ce film est comique plus que polémique; il ne s'agit pas d'un documentaire à la Michael Moore, même si derrière la fiction et la farce, on trouve tous les ingrédients d'une réalité très actuelle...et nettement moins drôle!



5. Cliente.



Judith (Nathalie Baye) a la cinquantaine séduisante. Elle dirige une émission de téléachat. Divorcée, elle vit seule, avec sa soeur et confidente, Irène (Balasko, également réalisatrice du film). Elle est la seule à connaître son secret : Judith s'offre régulièrement les services sexuels de jeunes gens, qu'elle choisit sur les sites d'escort d'internet. Elle y rencontre Patrick, qu'elle apprécie pour sa gentillesse. Patrick, en fait Marco, est marié et profondément amoureux de sa femme Fanny, laquelle pense que son mari fait des chantiers.

Beau film qui explore dans leur complexité les différentes situations dans lesquelles les personnages en question vont se retrouver. L'amour est-il possible entre Patrick et Judith? Est-elle capable d'aimer? Peut-on tenir ainsi par souci de préserver sa liberté? Que vaut l'amour entre Marco et Fanny? Quand elle saura la vérité, quelles seront ses réactions? Quelles sont les limites de la relation vénale quand celle-ci de surcroît cohabite avec une relation amoureuse ordinaire et vraie?
Le film ne porte pas de jugement sur les personnages en question et pourtant, il parvient à présenter une satire de la société dans laquelle nous vivons: la femme fortunée qui n'a pas le temps mais qui a l'argent et qui tient à ne plus s'attacher aux hommes; le mari aimant qui, par amour, décide de se prostituer pour payer des traites qui comptent tant pour sa femme; la femme trompée, Fanny, n'est pas traitée comme une vierge outragée. Sa famille essaie de se dépêtrer de la misère sociale dans laquelle elle vit: l'argent que rapporte Marco est bien apprécié jusqu'à ce qu'on en apprenne la véritable origine. C'est alors que d'autres questions se posent.


4. Le chevalier noir.


Un film long qui met en scène la lutte du Bien contre le Mal incarnés par le Joker et Batman. Seul le personnage du Joker me semble valoir le détour, lui qui met un peu de sel dans un long métrage bien fade à mon goût. Joker est drôle et attachant par son cynisme qui vient nous interroger et nous bousculer.
J'aime beaucoup la scène du couteau. "Je vais le faire disparaître" dit-il à ses acolytes malfaiteurs qui pensent tous qu'il s'agit du couteau, quand il est question en réalité de ....l'un des leurs!
L'"expérience sociologique" à laquelle se livre le Joker à la fin du film est un autre bon moment: deux ferrys, chargés d'explosifs. Chacun a le détonateur qui permettra de faire exploser l'autre ferry. Si l'un explose avant minuit, l'autre sera sauvé. Sinon, les deux exploseront à minuit. Pour pimenter le tout, des détenus sont sur l'un, des citoyens ordinaires sur l'autre. Qui fera sauter l'autre? 
Un film qui se laisse regarder mais qui aurait pu avoir le format traditionnel d'une heure et demie...


3.Gomorra.

Très beau film italien sur la Camora dans une Gomorrhe moderne: il met en évidence les liens de dépendance entre les uns et les autres, l'attrait de l'argent facile, la violence et la luxure. Les dernières phrases, lancées sur l'écran comme dans Vol 93,  qui renvoient à la réalité de 2008 font froid dans le dos.




2. Entre les murs (Palme d'or au festival de Cannes 2008) sortie nationale le 24 septembre


Voici un compte-rendu polémique du film que j'ai rédigé pour une publication syndicale.



Documentaire ou propagande ?


Titre carcéral. Palme d’or, battage médiatique et curiosité attireront pourtant entre les murs des salles obscures de nombreux spectateurs, enseignants, parents, élèves…Quelle image du collège véhicule le film de Cantet, inspiré du récit de Bégaudeau ?

A bien des égards, on pourrait prendre ce film pour un documentaire : la classe de ce huis clos dramatique est souriante, bruyante, colorée, tantôt niaise et grossière, tantôt juste et perspicace. Enseignants et élèves reconnaîtront aisément des façons de parler, de s’habiller, de marcher ou de réagir. La salle des professeurs, gnangnante et généreuse, obnubilée par la machine à café et la photocopieuse, tiraillée entre excuse et fermeté, est elle aussi fidèle à la réalité. Quant aux entretiens avec des parents parfois non francophones, ils reflètent bien ce qui se passe aujourd’hui, notamment dans les plus populaires de nos collèges. Fin observateur, Cantet touche à une réalité qui nous touche, qu’elle nous émeuve, nous agace ou nous fasse rire !

Cependant, « Entre les murs » n’est pas un documentaire mais une œuvre cinématographique qui nous raconte une histoire, et met en scène un drame dans lequel l’enseignant joue un rôle décisif.

En effet, comment terminer un film qui s'intitule "Entre les murs", sinon en envoyant un élève extra muros, hors les murs? Laurent Cantet, accorde une grande importance aux circonstances qui mènent à l'exclusion définitive de Souleymane, élève qui fait preuve soudain de violence, verbale puis physique. Réalité, fiction? Si la violence même de Souleymane qui se met à tutoyer son professeur et à élever le ton fait bien penser à un aspect de la réalité aussi, on peut toutefois s'interroger sur ce qui nous est donné à voir...
L'incident n'a rien de surprenant, hélas. M. Marin, le professeur de français, occupe bien souvent la posture du bon copain, plutôt que de l'enseignant: sa manière de parler, relâchée, régulièrement familière voire vulgaire est d'autant plus dérangeante qu'il est ...professeur de français! J'y vois là le signe d'un mépris subreptice et peut-être involontaire pour ses élèves, mépris que l'on retrouve dans le manque de préparation de ses cours. M.Marin enseigne l'imparfait du subjonctif et la conjugaison du verbe croître à des élèves qui ne maîtrisent manifestement pas l'indicatif, ni même la conjugaison du verbe croire. M Marin vogue au gré des discussions de ses élèves, mais ce qui nous est donné à voir de ses cours manque de souffle. On me rétorquera volontiers qu'il ne s'agit que d'un film, d'une fiction, de scènes parcellaires de cours: il n'en reste pas moins que ce professeur certes soucieux de dialogue avec ses élèves, se révèle en réalité être laxiste, notamment lorsqu'il laisse passer nombre d'insultes entre élèves avant d'élever un peu la voix. L'injure raciste (marochien pour marocain) n'est pas reprise par cet enseignant qui se veut cool. Pour finir, c'est la classe qui coule et Marin qui quitte le navire pour conduire un élève dans le bureau du principal. De la responsabilité des enseignants...

A quelques semaines du vote du budget par l’Assemblée nationale, on peut s’interroger sur la portée politique de ce film : la palme d’or 2008 récompense un film qui va propager l’image d’une école publique en désordre en pointant du doigt notamment…certains enseignants. Une nouvelle saignée enseignante s’impose, de toute urgence. Le privé se frottera les mains. Messieurs Darcos, Fillon et Sarkozy aussi ! Fermez des écoles, vous ouvrirez des prisons !





1.L'empreinte de l'ange
  (15 août 2008)


avec Catherine Frot et Sandrine Bonnaire.


Un film excellent, émouvant, qui laisse songeur.

L'histoire:
 En allant chercher son fils à un anniversaire, une femme reste interdite devant une petite fille. Persuadée qu'il s'agit de l'enfant qu'elle a perdue voilà 7 ans, elle va s'immiscer de manière subtile dans la vie d'une autre famille: celle de "son" enfant. Vraie folle dépressive, elle semble n'avoir pas fait le deuil de l'enfant qu'elle a perdu dans un incendie à la naissance de sa fille. Femme seule en instance de divorce, elle en oublie son garçon et va s'attirer tour à tour la sympathie puis l'antipathie de la mère de Lola.


Instinct maternel et éducation en question : le feu et l'eau

Les deux actrices sont remarquables et on adhère volontiers aux deux rôles: la folle en manque d'enfant pourtant si attachante du fond de son malaise d'un côté, l'épouse fortunée, heureuse, sans histoire, qui semble méconnaître les soucis.
La famille riche et heureuse vit dans une belle maison avec piscine et doit déménager pour aller s'installer à Montréal. L'idée est doublement intéressante dans la mesure où elle permettra au moment du dénouement des images bien trouvées, piscine vide, et luxe encartonné.
C'est que de l'eau a coulé sous les ponts et bien des larmes ont dû être versées par la pauvre mère endeuillée depuis ce fameux incendie à l'hôpital.
Après avoir provoqué des "coïncidences" et convoqué le hasard pour s'immiscer dans la vie de Lola au point de provoquer la gêne du spectateur, la mère en mal d'enfant va aller trop loin. Sa "rivale" va comprendre que cette femme divorcée est mythomane et suspecte. Elle le comprend notamment le jour où elle tombe sur elle dans les coulisses d'un spectacle de danse où se produit Lola juste après une première chorégraphie sur "L'oiseau de feu" de Stravinsky! Le torchon brûle entre les deux femmes qui en viennent aux mains.
Les dernières images sont très belles et révélatrices du drame dans sa complexité. Le temps a passé et l'histoire s'est écrite autrement. Cynisme d'une histoire inspirée de la réalité..